Il n'y aura pas d'interruption des livraisons de gaz naturel à l'Espagne et au Portugal. L'Algérie l'a affirmé. «L'Algérie s'est engagée à ce que toutes les livraisons se fassent à travers les installations se trouvant en Algérie, via le gazoduc Medgaz et les complexes de conversion de gaz», avait déclaré le ministre de l'Energie et des Mines, Mohamed Arkab, tout en évoquant un projet d'extension de la capacité du Medgaz, ainsi que les capacités en GNL. C'est désormais fait. Le gazoduc Medgaz, entré en activité en 2011, assure, actuellement, l'ensemble du volume des exportations algériennes de gaz naturel (GN)vers l'Espagne, fixé dans le cadre des contrats à long terme, indique une dépêche de l'APS datée d'hier. Que d'encre a coulé depuis que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a ordonné à la Compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach, de ne pas reconduire le contrat du gazoduc passant par le Maroc et alimentant l'Espagne en gaz. L'Espagne s'en est légitimement inquiétée, l'Union européenne lui a emboité le pas...On s'est même interrogé sur les capacités de l'Algérie à y pallier. Qu'en est-il précisément? Avec l'entrée en service du 4ème turbocompresseur d'ici à la fin de l'année, la capacité de Medgaz sera sécurisée pour assurer 10,7 mds m3 /an. La capacité de cet ouvrage pourra même être augmentée à 16 mds m3 en cas de besoin moyennant la réalisation d'autres investissements supplémentaires, indiquent les experts. Des conditions sont cependant posées pour que cette prouesse technique fournisse un tel niveau de volume. Les études relatives à une telle augmentation (16 milliards de m3,Ndlr) ont été déjà réalisées, mais la décision finale d'investissement d'un tel ouvrage ne peut être prise qu'en cas de conclusion de contrats à long terme de gaz naturel entre Sonatrach et les clients européens, pour des volumes plus ou moins équivalents à la capacité de l'extension du Medgaz et sur une durée suffisante pour la récupération des investissements dans l'amont et dans le transport par gazoduc, explique-t-on. Sonatrach et Naturgy avaient renforcé leur position sur le Medgaz en acquérant, en 2020, les parts de Cepsa. Sonatrach est devenue de ce fait actionnaire à 51% dans la société Medgaz, alors que 49% des actions sont détenues par le partenaire espagnol, souligne le document répercuté par l'APS qui révèle que cette canalisation sous-marine, liant directement Béni Saf à Almeria, a transporté, à ce jour, 64mds m3 de gaz naturel algérien vers l'Espagne. Sonatrach et son partenaire Naturgy privilégient donc le Medgaz pour l'acheminement du gaz naturel vers l'Espagne afin de rentabiliser leur investissement dans cet ouvrage stratégique, notent les observateurs. Pour ce qui est du tronçon de GME qui traverse le territoire marocain, d'une longueur de 540 km et un diamètre de 48 pouces, en plus de la partie sous-marine de 47 km, il est la propriété de la société Maghreb Pipeline Limited (EMPL), détenue par Naturgy (Espagne) à 77,2% et Galp Energie (Portugal) à 22,8%, a indiqué l'expert en énergie Mahmah Bouziane. La réalisation et l'exploitation de ce tronçon ont été confiées à la société Metragaz, détenue par Naturgy à 76,68%, Galp Energia à 22,64% et l'Office national des hydrocarbures et des mines marocain (Onhym) à 0,68%, a-t-il ajouté. L'Algérie n'était impliquée ni dans la propriété ni dans l'exploitation du tronçon GME transitant par le Maroc, a-t-il souligné. Les contrats entre Sonatrach et ses clients pour la vente de gaz naturel vers l'Espagne, le Portugal et vers le Maroc, exigeaient de Sonatrach d'acheminer le gaz jusqu'à El Aricha, a précisé Mahmah Bouziane qui est aussi chercheur permanent au Centre de développement des énergies renouvelables en Algérie (Cder).