Au lendemain de la fermeture par l'Algérie du gazoduc Maghreb-Europe (GME), l'Espagne affirmait, hier, par la voix de sa ministre de l'Environnement et de l'Energie Teresa Ribera, citée par Reuters, que son pays détenait assez de « réserves de gaz naturel équivalant à 43 jours de consommation ». Dans sa déclaration, Mme Ribera a également rappelé que l'engagement des autorités algériennes de garantir plus de gaz à l'Espagne « si le pays en avait besoin », a-t-elle affirmé dans une interview à la chaîne de télévision espagnole TVE. Pour rappel, l'Algérie a cessé, depuis le 1er novembre 2021, l'approvisionnement de l'Espagne en gaz naturel via le gazoduc GME qui passe par le Maroc. Le second gazoduc Medgaz reliant directement l'Algérie à l'Espagne verra quant à lui sa capacité étendue d'ici la fin du mois en cours. La décision prise par l'Algérie de ne pas renouveler le contrat fait suite à la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc prise par les autorités algériennes en août dernier. Le gouvernement algérien avait également annoncé qu'il continuera à acheminer tout le gaz exporté vers l'Europe via le gazoduc Medgaz, inauguré en 2011 et qui relie directement les champs algériens de Hassi R'mel à la ville espagnole d'Almeria. Avant l'arrivée à terme du contrat liant Sonatrach à l'office marocain ONEE, l'Espagne avait dépêché plusieurs de ses ministres pour des discussions avec les plus hautes autorités algériennes, afin de « s'assurer que la même quantité de gaz qui était acheminée via le GME à travers le Maroc continuera à atteindre la péninsule, ce qui représente un tiers de l'électricité consommée par le pays », notait il y a une semaine le journal espagnol El Pais. L'Algérie s'est engagée de faire passer la capacité du gazoduc Medgaz à 10 milliards de mètres cubes contre 8 milliards de mètres cubes par an actuellement. Les Espagnols estiment que malgré cette extension, « cela ne garantit pas » toute la quantité de gaz consommée par le pays. Le ministre algérien de l'Energie et des Mines, Mohamed Arkab, a affirmé récemment à l'issue d'une rencontre tenue avec Mme Teresa Ribera que l'Algérie était « prête à discuter avec les responsables espagnols des conditions de livraisons gazières supplémentaires ». Ces quantités supplémentaires pourraient être acheminées par navires grâce aux capacités importantes de l'Algérie en matière de Gaz naturel liquéfié (GNL). Arkab rassure De son côté le ministre de l'Energie et des Mines, Mohamed Arkab, a réaffirmé que l'Algérie est en mesure d'honorer tous ses engagements avec ses partenaires espagnols et portugais en matière de livraisons en gaz naturel, après la décision de non reconduction du contrat d'exploitation du gazoduc Maghreb-Europe (GME), transitant par le Maroc. Il a assuré, à l'occasion de la présentation des détails du budget alloué à son département dans le cadre du projet de loi de finances (PLF) 2022 devant la Commission finances et budget de l'APN, que les capacités du gazoduc Medgaz, fruit d'une coopération entre Sonatrach et son partenaire espagnol, Naturgy, sont appelées à atteindre les 10,6 milliards de m3 d'ici le mois de décembre, ce qui correspond à la moyenne de la demande annuelle actuelle de l'Espagne et du Portugal. M. Arkab a précisé, dans ce sens, que bien que la capacité du GME est de 13 milliards de m3 par an, la moyenne des quantités annuelles de gaz acheminées vers l'Espagne via ce gazoduc était comprise entre 9 et 11 milliards de m3. Le ministre a expliqué, en outre, aux membres de la commission, que les partenaires espagnols et portugais ont été "rassurés", notamment en recevant les études réalisées par Sonatrach et qui attestent de sa capacité à répondre à leurs besoins en matière de gaz, avec même la possibilité d'honorer des demandes supplémentaires. Le ministre a expliqué, toutefois, qu'il a demandé, lors de la dernière réunion tenue avec la troisième vice-présidente du gouvernement espagnol et ministre de la Transition écologique et du Défi démographique, à avoir "plus de visibilité" sur la demande espagnole sur les 3 voire 4 ans à venir afin de permettre à Sonatrach de mieux gérer ses investissements. M. Arkab a, mis l'accent sur la capacité de l'Algérie à "honorer toutes les commandes inscrites dans les contrats paraphés avec ses partenaires", et cela grâce aux capacités des unités de liquéfaction de gaz implantées à Arzew et à Skikda et qui peuvent atteindre, selon lui, 10 milliards de m3/an. Le ministre de l'Energie et des Mines a souligné que l'Algérie représente 30% de l'approvisionnement du marché européen en gaz et contribue à la sécurité énergétique de l'Europe, en réitérant l'ambition du pays de renforcer davantage sa présence sur ce marché en proposant des quantités supplémentaires.