Face à l'inquiétude de Madrid, Alger affirme que Sonatrach respectera ses engagements contractuels concernant la fourniture de gaz naturel à l'Espagne, montrant suffisamment de bonne volonté pour construire une coopération durable dans le domaine de l'énergie. Le ministre des Affaires étrangères espagnol, José Manuel Albares, a affirmé jeudi, lors d'une visite à Alger, avoir reçu des autorités algériennes des "assurances" quant à la continuité des livraisons de gaz de l'Algérie à l'Espagne. Et de relever que l'Algérie est un partenaire économique "fiable" et de "premier ordre" qui a toujours "honoré" ses engagements contractuels envers l'Espagne. M. Albares, soulignant le "caractère stratégique" des relations bilatérales, a exprimé le vœu que les deux pays arrivent à "hisser" leur partenariat énergétique à des secteurs novateurs permettant d'aller vers la "transition énergétique". Il a, par ailleurs, noté le fait qu'Alger et Madrid aspirent à ce que leur coopération économique atteigne "le niveau souhaité" et qu'elle soit mutuellement bénéfique. Il a, en outre, fait part de la "volonté" manifestée par son pays "d'entamer la préparation" de la prochaine réunion de haut niveau, prévue en Espagne, et devant permettre d'identifier les secteurs novateurs, notamment les "énergies renouvelables, l'agriculture et la construction navale". Mais il faut dire que le secteur de l'énergie est, de tous les secteurs d'activité, celui qui a le plus stimulé la coopération entre les deux Etats. Du reste, ces derniers lui accordent toujours une plus grande attention, permettant une coopération bénéfique réciproque. Nouant des partenariats avec Sonatrach, de grandes entreprises espagnoles sont fortement présentes dans le secteur des hydrocarbures en Algérie. De son côté, Sonatrach a conquis une place importante sur le marché gazier en Espagne. Elle le dessert à travers deux gazoducs : le gazoduc Maghreb-Europe (GME) et le gazoduc Medgaz. Le GME relie l'Algérie à l'Espagne, mais passe par le territoire marocain. Cependant, le Maghreb-Europe sera mis à l'arrêt le 31 octobre prochain, date à laquelle expirera le contrat de transit conclu avec la partie marocaine et que l'Algérie a décidé de ne pas renouveler. Mis en exploitation en 1996, le GME, appelé aussi gazoduc "Pedro Duran Farell", achemine du gaz naturel depuis Hassi R'mel vers l'Espagne et le Portugal en traversant le détroit de Gibraltar. Néanmoins, la compagnie nationale des hydrocarbures a pris les devants en mettant en place une alternative pour continuer d'assurer un approvisionnement en gaz naturel sans faille de l'Espagne, un de ses gros clients en Europe. Désormais, l'Espagne sera alimentée en gaz algérien exclusivement via Medgaz, un gazoduc qui passe sous la mer Méditerranée et qui est opérationnel depuis mars 2011. Cette décision a, quelque peu, "irrité" les Espagnols en raison du débit du gazoduc jugé "inférieur". Mohamed Arkab a réitéré cet engagement affirmant que Sonatrach a toujours respecté ses engagements contractuels et continuera à le faire. En 2018, la compagnie nationale a renouvelé le contrat d'approvisionnement de gaz avec l'Espagne pour une durée de 10 ans, avec des volumes accrus de ventes (9 milliards de mètres cubes par an). Dans l'une de ses déclarations récentes, le P-DG de Sonatrach, Toufik Hakar, avait souligné que la compagnie nationale dispose "des capacités et des moyens de fournir le gaz nécessaire à son partenaire espagnol, selon les contrats déjà signés, mais aussi en cas de demande supplémentaire". Pour pouvoir acheminer plus de gaz via Medgaz, Sonatrach travaille, en collaboration avec Naturgy, une entreprise espagnole spécialisée dans le commerce du gaz naturel, à son extension. L'extension dont il est question permettrait d'accroître le débit de gaz naturel dans le gazoduc par la mise en service d'un quatrième turbocompresseur. Les capacités de ce gazoduc passeront ainsi de 8 milliards de mètres cubes par an actuellement à 10,5 milliards de mètres cubes par an à la livraison du projet d'élargissement. Les deux compagnies font en sorte que le projet soit livré dans le délais prévus, c'est-à-dire avant le 31 octobre prochain, date d'expiration du contrat de transit cité précédemment. Selon certains observateurs, les travaux d'élargissement se déroulent à un rythme soutenu. Le Maroc aura beaucoup à perdre dans l'arrêt du GME. Le royaume chérifien assure la fourniture de ses besoins en gaz naturel grâce au GME (environ 700 millions de mètres cubes). Ces quantités lui permettent de produire et de couvrir 12% de ses besoins en électricité à l'échelle nationale.