Le débat sur la loi de finances 2022 s'est poursuivi, hier, devant une assemblée «clairsemée» et sans la présence du Premier ministre, ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane. Les interventions des députés présents se sont portées essentiellement sur l'article 187 dudit projet prévoyant la suppression des subventions généralisées et leur remplacement par des compensations monétaires qui seront versées aux familles nécessiteuses. Dans ce contexte, plusieurs députés ont mis en garde contre l'application du cette mesure, dans les conditions actuelles. L'article en question prévoit la mise en place d'un dispositif national de compensation monétaire au profit des ménages qui y sont éligibles. Lors de la présentation du PLF 2022, le Premier ministre a expliqué que «la mesure de suppression des subventions généralisées et la création d'un dispositif national de compensation au profit des ménages nécessiteux, fera l'objet d'une étude qui sera élaborée par des experts, des cadres de l'Etat et des représentants des deux chambres du Parlement». «Malgré notre accord de principe sur cette mesure, il semble que le gouvernement n'est pas prêt à concrétiser cette suppression, car cela nécessite des pré-requis à mettre en place, au préalable pour cibler réellement ceux qui ont besoin d'aides», a soutenu Lakhdar Diba Chahba, issu du groupe de indépendants. Pour Hamza Khider du mouvement El Bina, «l'article 187 de la LF 2022 est tout simplement «inapplicable». De son côté, Abdenour Bousbiha, député du Front El Moustakbel, a appelé à la nécessité de revoir cette mesure «sensible» et «compliquée» comme texte législatif, notamment en ce qui concerne la liste des produits concernés par la révision des prix, les catégories des ménages ciblés et les critères d'éligibilité à ces subventions, ainsi que les modalités de versement. «Avant de lever les subventions, il faut d'abord élaborer plusieurs mesures pour répondre aux multiples interrogations, à savoir par où commencer? À partir de quel seuil? Quelles catégories y seront éligibles et pour quels critères?», s'est demandé un autre député. Ainsi, la révision du système des subventions s'avère être «très complexe», indique-t-on. «Si l'on applique les dispositions de cet article, sans passer par un certain nombre de mesures préalables, nous courons le risque d'une explosion sociale», a mis en garde le député Mohamed Anouar Boucherit. Le député Messaoud Karma, du FLN, a abondé dans le même sens, faisant état de «la difficulté à mener une opération aussi compliquée que sensible de la refonte du système des subventions». Outre le manque de statistiques fiables, on a soulevé «le problème de l'inflation» qui sera alimentée par la libération des prix. «La politique des salaires doit systématiquement suivre l'inflation pour préserver le pouvoir d'achat des citoyens», a-t-on soutenu, déplorant que «la hausse des prix de nombreux produits de base n'ait pas été accompagnée d'une revalorisation des salaires». Les députés citent également l'instabilité dans la réglementation de change, entraînant la flambée de la majorité des produits importés et même ceux fabriqués en Algérie. En somme, la plupart des députés ont souligné la nécessité de réunir toutes les conditions techniques et administratives nécessaires à la mise en oeuvre de cette mesure. D'autres ont relevé l'absence «d'études d'impact» pour cerner les effets négatifs susceptibles de provoquer des déséquilibres graves dans la société. À «l'impréparation» du gouvernement, s'ajoute la faiblesse constatée du système national des statistiques. Un député du mouvement El Bina a rappelé, dans ce sens, que «l'Office national des statistique, (ONS), n'a pas actualisé les données de recensement de la population, depuis 2008». D'autres intervenants, à l'image du député du MSP, Mohamed Saïd Anser, ont demandé de lever le voile sur le montant de l'allocation chômage, prévue dans le PLF et qui sera accordée aux primo-demandeurs d'emploi, âgés entre 19 et 40 ans. Ils demandent aussi de dévoiler «la valeur du point indiciaire». Par ailleurs, plusieurs intervenants ont appelé à la suppression de l'impôt sur l'activité agricole, prévu dans l'article 14 de la LF 2022. Le député du Mouvement El Bina, Zoheir Farès, a indiqué, dans ce contexte, que l'institution, au titre du nouveau PLF, d'un impôt sur les revenus agricoles, «n'intervient pas au bon moment», et ce au regard de la forte hausse des prix de certains produits agricoles en Algérie. Le député Hichem Bouchemane (indépendant) a plaidé l'exonération d'impôts de l'activité agricole et la suppression de l'assujettissement des produits agricoles aux taxes, afin de préserver le pouvoir d'achat des citoyens.