Pour les loisirs d'été, à Bordj Bou Arréridj, comme dans les 34 communes, il faut aller ailleurs chercher de la fraîcheur et se détendre. En été, il n'y a pas mieux que la fuite, comme le conseille ce vieux proverbe bien de chez nous: El harba t'sellek. La fuite est salvatrice de Bordj Bou Arréridj en juin, juillet et août, de la chaleur, des moustiques, de la poussière et de l'ennui, sinon vous faites la chaîne pour deux heures de baignade dans l'unique piscine semi-olympique de la wilaya qui compte 618.000 habitants dont 53% ont moins de 20 ans. Pour les loisirs d'été, à Bordj Bou Arréridj comme dans les 34 communes, il faut aller ailleurs chercher de la fraîcheur et se détendre. Les destinations, depuis une éternité, pour les Bordjiens sont en premier lieu Béjaïa, Boumerdès, Alger, Annaba et Oran pour les chanceux. L'emploi du temps du Bordjien, en été, est simple: chercher de l'ombre pour s'allonger sur les trottoirs, de jour comme de nuit, guetter l'arrivée des émigrés, des parents résidant dans les autres villes et se gaver de couscous lors des mariages. Entre 500 et 1000, sinon plus, sont célébrés chaque année à la même période. Et puis, ces klaxons qui jouent toutes les musiques, même hindoue, claironnées par toutes les marques de véhicules, de jour comme de nuit, que seuls les aboiements des chiens errants remplacent au petit matin. Alors pour une détente, un congé, un passe-temps agréable el harba t'sellek. Même les Bordjiens «exilés» à Alger, Béjaïa, Oran, Annaba, Constantine ne viennent que l'espace que dure un couscous pour un mariage ou une circoncision, bien sûr fêtés avec une zorna, genre kabyle, sétifien, raï. Et quelques coups de fusils tirés en l'air pour rappeler aux voisins que la fête se déroule bien au douar. Il ne faut pas se leurrer, Bordj Bou Arréridj est un douar, alors qu'aux années soixante, il y avait bien trois piscines, l'une à Bordj Bou Arréridj, l'autre à Medjana et la plus prisée à El Hammadia. Les nostalgiques se rappellent comme ami El Hallali, qu'El Hammadia, une petite commune pré-urbaine drainait des familles avec couffins, citronnade, fruits etc. A cette époque, même la table et les chaises étaient mis à la disposition des baigneurs. Le soir, après El Hammadia, les familles se dirigeaient vers El Achir pour ses brochettes dont la réputation a gagné même Paris. Cette époque est bien révolue. Alors si un visiteur se pointe en été aujourd'hui, il trouvera que tous les trottoirs ombragés sont déja pris. Pour les jardins publics, il vaut mieux ne pas y compter, ils sont devenus les demeures des malades mentaux et des sniffeurs de Patex. Pour l'été «officiel», la simplicité est criante: organiser des galas avec les chanteurs raï du coin. Quelques associations audacieuses, tout de même, organisent des colonies de vacances pour les grands et les petits avec, comme destination, bien sûr Béjaïa, et encore, il faut s'y prendre à temps, sinon la concurrence est rude avec les habitants de M'sila, Sétif, Constantine, toutes les villes du sud-est. Une seule satisfaction pour cette grande wilaya, dit-on, le barrage de Aïn Zada que partagent les pêcheurs de Bordj Bou Arréridj, Sétif, Batna, M'sila, Biskra et Bou Saâda (eh oui, Bou Saâda est la ville la plus appréciée par les Bordjiens après Béjaïa). Alors que dire des femmes, des filles. Elles ne peuvent pas sortir la nuit pour occuper les trottoirs, ni pêcher et encore moins se baigner dans l'unique piscine «agréée», sinon elles risquent de se faire lyncher, même les oueds se sont taris pour elles et leurs familles. Elles roulent le couscous, des tonnes de couscous et attendent la fraîcheur de septembre. Alors si vous êtes de passage via Bordj Bou Arréridj, vous pouvez goûter le couscous, d'ailleurs de toutes les sauces d'Algérie. Sinon, el harba t'sellek.