Le temps est venu pour l'Afrique de briser les chaînes et de se prendre en charge. Tel est le message lancé par le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, Ramtane Lamamra. À l'issue de son entretien avec son homologue de l'Afrique du Sud, Naledi Pandor, le chef de la diplomatie a mis l'accent sur la nécessité de consentir davantage d'efforts pour libérer l'Afrique du néocolonialisme. Pour ce faire, Ramtane Lamamra a appelé les responsables du continent à trouver «des solutions africaines aux problèmes africains au service des peuples de la région» de manière à «éviter toute éventuelle solution qui serait en défaveur des intérêts des peuples de la région». D'autant que le néocolonialisme est l'instauration de mécanismes de dépendance sans occupation militaire. En effet, sur le plan économique, le néocolonianisme se manifeste par le double processus d'un encouragement à l'endettement suivi d'une exigence sous condition pour pouvoir continuer à bénéficier des crédits, à l'instar des fameux «Plans d'ajustements structurels» du FMI et de la Banque mondiale mis en place dans le cadre de l'aide au développement. Aussi, est-il temps pour l'Afrique de se ressourcer dans le nationalisme et le protectionnisme auquel le monde est actuellement confronté. Après la décolonisation intervenue il y a plus d'une cinquantaine d'années, les Africains doivent opérer une deuxième décolonisation. «Je ne crois pas que la défense de l'Afrique sera assurée par l'extérieur. Il faut que l'Afrique prenne en charge sa sécurité », affirmait le président sénégalais Macky Sall. Tandis que le président rwandais Paul Kagamé soulignait que «si nous autorisons les autres à porter le fardeau et à déterminer nos défis à notre place, et à en prendre la responsabilité à notre place, nous ne pouvons nous en prendre qu'à nous-mêmes» parce que la paix entraîne le développement économique et vice versa. Réaffirmant la position constante de l'Algérie soutenant les causes justes des peuples, le chef de la diplomatie a réitéré le soutien de l'Algérie aux frères libyens pour instaurer la stabilité et contribuer à la tenue des élections du 24 décembre, ajoutant que parmi les engagements internationaux figurent le soutien au processus de dialogue et l'appui au Comité militaire conjoint (5+5) pour apporter des solutions pratiques en vue de mettre en oeuvre le principe de retrait des forces étrangères, des mercenaires et des combattants étrangers de la Libye. Dans ce contexte, l'Algérie s'est engagée à faire en sorte que les conditions qui contribueront au succès des élections soient réunies. Abordant les relations algéo-sud -africaines, Ramtane Lamamra a mis en exergue «la convergence de vues sur toutes les questions liant les deux pays sur la démocratisation des relations internationales et du Conseil du sécurité et l'unité des deux pays dans la défense des causes justes, notamment celles de la Palestine et du Sahara occidental». Un avis partagé par Mme Naledi Pandor, qui a affirmé que l'Algérie et l'Afrique du Sud connaissaient «bien» le sens de la liberté. Un principe devant être consacré pour tous les peuples africains(...), y compris le peuple du Sahara occidental, a-t-elle souligné. «L'Algérie et l'Afrique du Sud peuvent jouer des rôles importants sur le continent africain vu leur lutte contre l'occupation et leur histoire commune. Ils connaissent très bien le sens de la liberté (...) dont nous jouissons aujourd'hui et que nous devons transmettre à tous les peuples africains», a-t-elle déclaré après avoir été reçue par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune. «Nous souhaitons la liberté et l'autodétermination aux peuples palestinien et sahraoui, et devons oeuvrer au sein de l'Union africaine à leur concrétisation en faveur de tous les peuples africains», a-t-elle soutenu, tout en insistant sur le refus et le rejet de la destruction et la dévastation prévalant en Libye en raison des convoitises étrangères qui en ont fait un foyer de conflit. «Le temps est venu pour les pays africains de compter sur eux-mêmes, de lutter et de résister pour eux-mêmes», insiste la cheffe de la diplomatie sud-africaine