Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a évoqué, avant-hier, à l'Assemblée nationale française les brouilles algéro-françaises. «Des efforts» ont été «engagés» afin de «rétablir les conditions d'une relation apaisée avec l'Algérie», a déclaré le ministre devant les députés français. Cela suppose qu'une initiative française est actuellement en cours auprès des autorités algériennes pour débloquer la situation. Le ministre n'en dira pas plus. mais au vu de son ton conciliant, la volonté de trouver une issue à la crise paraît sérieuse. Le Drian qui s'exprimait pour la seconde fois sur le sujet et intervenant après les «regrets» exprimés par le président français, n'a pas manqué d'affirmer son «plus profond respect pour la nation algérienne et pour la souveraineté de l'Algérie». Le ministre qui répondait à une question de la députée Fadila Khattabi, présidente du groupe d'amitié France-Algérie à l'Assemblée nationale française, avait des accents de sincérité. «Nous regrettons un certain nombre de malentendus récents», a indiqué le ministre. À l'entendre, ces malentendus ont créé une situation de tension qui «ne correspond pas à l'importance que nous attachons aux relations entre nos deux pays». Le Drian a plaidé en faveur «des liens ancrés dans l'histoire, y compris des histoires personnelles», entre l'Algérie et la France. Une volonté on ne peut plus claire de «déterrer» les atomes crochus qui existeraient entre les deux sociétés. Le ministre français semble être sûr du caractère irrémédiable du partenariat algéro-français qui, à ses yeux, «est indispensable pour la stabilité de l'espace méditerranéen». Cette conviction profonde de Le Drian que «l'intérêt des deux pays (est) de travailler ensemble dans tous les secteurs», y compris dans celui de la mémoire, malgré les sorties hasardeuses de Macron. C'est d'ailleurs dans cette optique que le ministre français estime inévitables, certaines difficultés «dans une relation aussi marquée par les blessures de l'histoire». Il aurait fallu panser ces blessures au lieu de les rouvrir pour des considérations bassement électoralistes. Mais à bien entendre Le Drian, il n'est jamais trop tard pour réparer des torts, arguant que la France et l'Algérie ont «toujours trouvé des solutions aux problèmes». Sauf que lorsque les problèmes s'accumulent et sont toujours causés par la même partie, il y a un moment où les solutions de replâtrage n'ont plus cours. Mais Le Drian s'entête à voir une possibilité à sortir de l'actuelle crise, convaincu que sa «vision de la relation franco-algérienne (...) est partagée par des responsables algériens». La posture que prend le ministre français des Affaires étrangères est-elle réellement partagée à Alger? En tout cas, il affirme avoir déjà eu «l'occasion de travailler de manière approfondie sur de nombreuses questions d'intérêt commun» avec des responsables algériens, «avec lesquels nous avons toujours trouvé des solutions aux problèmes lorsqu'ils sont survenus», souligne-t-il. Son estimation de la gravité de la situation n'est certainement pas celle de son homologue algérien, mais il affiche une réelle disponibilité de tout mettre à plat dans les relations entre les deux pays. Les problèmes, «il faut en parler, il faut les partager et il faut travailler ensemble pour les dépasser», soutient-il dans sa réponse à Fadila Khattabi. Optimiste, malgré la situation, il dira: «Nous y sommes toujours parvenus et c'est la voie que nous entendons privilégier pour l'avenir.» Pour Le Drian, il n'y a pas d'équivoque. «Nous voulons travailler avec sérieux dans le respect mutuel et dans le respect réciproque de la souveraineté de chaque pays.» Et d'ajouter: «C'est sur cette base que nous entendons poursuivre notre action.» Comment faut-il interpréter cette dernière déclaration?