Ce tableau de Picasso détaille la guerre civile d'Espagne. Le Festival national du théâtre professionnel, dont l'ouverture a été faite jeudi dernier, poursuit son petit bonhomme de chemin. Deux pièces théâtrales sont représentées quotidiennement, dont une en compétition et l'autre hors. Ainsi, pour la journée d'avant-hier, les amateurs du quatrième art ont eu le plaisir de découvrir deux pièces. La première, Guernica, présentée à la salle El Mougar par la troupe Masrah Ettadj de Bordj Bou Arréridj, tandis que la seconde, Ayla Hamla a été jouée au TNA par la troupe du théâtre régional de Béjaïa. Venons-en. Guernica, mise en scène par Rabie Qichi d'après les poèmes de Azzedine Mihoubi, revient sur la guerre d'Espagne. Dans cette pièce, comme a fait Picasso dans son tableau Guernica, on fait un bond en arrière pour survoler l'horreur de la guerre qui a secoué l'Espagne. Pour comprendre la pièce, il est bon, croit-on, de comprendre la symbolique que contient ce chef d'oeuvre antifranquiste de Pablo Picasso. La toile, peinte en noir et blanc, représente des figures et corps humains déformés. Néanmoins, la partie qui a de tout temps captivé les critiques d'art, est celle sur laquelle figure le cheval blessé. Placé au centre même du tableau, cette figure symbolise, selon son auteur, la liberté mourante. Symbole de la liberté et de la lutte contre l'horreur de la guerre, Guernica, à travers les personnages dotés d'une expression dramatique impressionnante, est d'une brutalité inouïe. Doté d'une charge émotionnelle exceptionnelle, Guernica est, somme toute, le résumé de la guerre civile d'Espagne. S'agissant de la pièce maintenant, on retrouve les mêmes symboles que ceux qu'on retrouve dans la toile de Picasso. Les comédiens, habillés en noir et dissimulant leurs visages derrière un masque, ont à leur tour retracé l'idée du peintre espagnol. Et ce qui a rehaussé la représentation, c'est l'introduction du hip hop, musique de révolte et de rébellion par excellence. La chorégraphie et l'expression corporelle ont prévalu ainsi dans la pièce. Néanmoins, en guise d'explication, de temps à autre, les comédiens déclament quelques poèmes en arabe classique. Dans les deux formes d'expression dramatique, il est question de la violence, de la guerre, de la torture, du despotisme, de l'autoritarisme et du totalitarisme. Et ce sont ces éléments-là qui ont provoqué la colère de Picasso et poussé à peindre frénétiquement son oeuvre majestueuse. Par ailleurs, loin de ces univers mystérieux de la toile, le théâtre régional de Béjaïa a complètement changé de cap. Ayla Hamla, pièce mise en scène par Omar Guendouz relate l'histoire de la famille de M'barek «bitoune». Maçon de son état, M'barek mène une vie paisible avec sa petite famille. Cela dure jusqu'au jour où l'administration municipale lui signifie de quitter le taudis qu'il occupe. Commence alors pour M'barek et sa famille la longue nuit de vagabondage. Ayla Hamla se penche sur le laxisme et la bureaucratie régissant l'administration algérienne. Le sujet en lui-même est intéressant, mais son importance a été diminuée par la légèreté des jeux des comédiens. La mise a été plus ou moins sauvée par Omar Guendouz. Néanmoins, à plusieurs reprises, lui aussi tombe dans un certain laisser-aller qui fait perdre à la pièce jusqu'à son essence. Malheureusement, ceci est le cas de la plupart des pièces en compétition. Et c'est à juste raison que certains critiques ont émis le voeu de ne pas décerner les prix si les pièces présentées en compétition sont médiocres.