L'actuel chef du gouvernement va récolter les fruits des actions menées par son prédécesseur, selon les observateurs. Sévèrement critiqué y compris par M.Abdelaziz Belkhadem, l'actuel staff du gouvernement, reconduit dans son ensemble, est appelé à battre son propre record et à réaliser de meilleures performances au titre du volet économique avec pratiquement les mêmes moyens, mais en l'absence de M.Ahmed Ouyahia. La mission, difficile à première vue, est loin d'être impossible. Elle est même, selon les observateurs, sur la voie d'être achevée. Sachant que l'essentiel a été fait sous le règne du chef de l'Exécutif sortant. Le chef du gouvernement, M.Abdelaziz Belkhadem a saisi les enjeux, en classant la gestion des dossiers économiques, en tête de ses préoccupations. «Nous nous attellerons durant notre mandat à répondre aux attentes du front social et à améliorer le pouvoir d'achat des Algériens», a-t-il déclaré juste après sa désignation. Décrypté, ce message qui se veut «porteur d'espoir», traduirait une volonté de la part du n°1 du FLN de concrétiser dans les faits les positions de son parti concernant le chapitre économique. Le premier défi concerne la question des salaires, sujette à polémique depuis plusieurs mois. M.Belkhadem, contrairement à l'avis d'Ouyahia et même du président de la République, estime que les indices macroéconomiques sont favorables à une augmentation du revenu mensuel. Soutenu par le MSP et les partis de l'opposition ce dossier constituait l'un des points de divergence entre les deux hommes. Mais sur ce dossier, il est important de signaler que la décision revient à la tripartite qui va se tenir dans le courant du mois de septembre prochain. Bien avant cette date, le secrétaire général de l'Ugta avait déclaré lors de l'une de ses sorties que la question des salaires était tranchée. Le gouvernement Ouyahia a tenté de dépolitiser la question, en réactivant les négociations sur les conventions de branche qui seront signées à la prochaine rentrée sociale. Donc sur ce plan, M.Belkhadem n'aura pas à faire beaucoup d'efforts, sachant que la machine est déjà lancée. La situation est à peu près la même en ce qui concerne le pacte économique et social qui sera paraphé à la rentrée sociale. Un document de référence que les partenaires sociaux et le gouvernement s'échinent à préparer depuis plusieurs mois. Le pacte sera signé, contre toute attente par M.Abdelaziz Belkhadem, ce qui fait dire aux observateurs que «l'actuel chef du gouvernement va récolter les fruits semés et soigneusement surveillés par son prédécesseur». «Des acquis» qui seront certainement mis à l'actif du FLN, à l'occasion des prochaines échéances électorales. Cela dit, la mission la plus «importante» pour l'actuel Exécutif consiste en la mise en oeuvre du programme de soutien à la relance économique auquel le président a consacré 80 milliards de dollars. Un remaniement à l'horizon Les critiques formulées par le chef de l'Etat à certains ministres, le 9 avril ou encore lors de conseils des ministres auguraient d'un remaniement du staff gouvernemental. Or, excepté le chef du gouvernement, aucun ministre n'a été remercié. Dans la foulée, on parle d'un éventuel remaniement ministériel. Concrètement, les observateurs n'attendent pas un changement d'orientation économique, notamment au sujet des privatisations qui restent gérées par M.Abdelhamid Temmar, ministre des Participations, ou encore sur le dossier des hydrocarbures, géré par M.Chakib Khelil. De son côté, M.El Hachemi Djaâboub, ministre du Commerce aura la tâche de dégeler les négociations avec l'OMC. Ouyahia avait, lors d'une conférence de presse, évoqué les raisons du blocage des négociations, qui ont trait à des décisions prises concernant entre autres l'importation des voitures d'occasion. Les choix économiques de l'Exécutif se préciseront à l'occasion de la présentation de son programme en conseil des ministres qui se tiendra vraisemblablement dans les tout prochains jours. M.Abdelaziz Belkhadem aura à gérer un bouillonnement social, marqué par des grèves et des protestations. De quel manière va-t-il procéder? Lui qui a soutenu les contestations des syndicats recourra-t-il à la justice pour endiguer la colère des syndicalistes? L'Ugta va-t-elle préserver la trêve observée depuis deux ans avec le gouvernement? Tout porte à croire que c'est le cas. Le secrétariat national de l'Union générale des travailleurs algériens a estimé que la désignation de M.Abdelaziz Belkhadem à la tête du gouvernement est «synonyme d'espoir pour les travailleuses et les travailleurs qui aspirent à l'amélioration de leur conditions de vie et de travail». Se disant «convaincue» que la conjugaison des efforts est une garantie pour le développement économique et social et l'émancipation du pays, l'Ugta a réitéré, dans un communiqué signé par son secrétaire général, M.Abdelmadjid Sidi Saïd, «son entière disponibilité au dialogue et à la concertation, ciment de la stabilité, de la cohésion sociale et de la paix». Cette désignation témoigne, selon l'Ugta, de «la confiance placée à l'endroit de M.Belkhadem pour son patriotisme, ses compétences et son engagement au service de la nation».