Un membre de l'ambassade de Russie tué à Baghdad et quatre autres enlevés. La situation demeurait très précaire, hier en Irak, où un membre de l'ambassade de Russie à Baghdad a été tué alors que quatre de ses collègues étaient enlevés par des inconnus. Mais l'actualité irakienne est toujours centrée autour des bavures répétées de l'armée américaine et la protection et l'indulgence dont semblent jouir les auteurs de ces bavures. De fait, depuis les bombardements de civils au début de l'occupation, et les cimes atteintes par le scandale de la prison d'Abou Ghraïeb, il ne se passe pas un jour où des dépassements, de la part des soldats américains, ne soient signalés et dénoncés, dont les derniers en date sont les massacres de civils à Haditha, à Hamandiya (ouest) et à Ishaqi (nord) villes situées dans un périmètre considéré comme dangereux par la persistance de la violence qui s'y poursuit. Deux affaires, celles de Haditha (survenue en novembre 2005) et d'Ishaqi (en mars de cette année), posent de manière frontale la question du respect des engagements de l'armée américaine envers l'Irak. Or, ces engagements ne semblent pas tenir pour les soldats américains qui outrepassent leurs prérogatives avec comme résultat, la multiplication des «incidents» qui ont coûté la vie à de nombreuses personnes dont la plus notoire a été l'agent italien, Nicola Calipari, victime de tirs de soldats américains ou celles -pas plus tard que ce mercredi- d'une femme enceinte tuée en même temps que sa belle-mère (alors que le mari de la première les conduisait à l'hôpital) par des tirs qui semblaient délibérés, selon le témoignage de ce civil irakien qui a perdu dans la même journée sa femme, sa mère et l'enfant à naître. Cela fait tout de même trop de coïncidences pour ne pas susciter l'interrogation. Ces dégâts «collatéraux», qui prennent les proportions de massacre comme à Haditha, où 24 personnes, dont des femmes et des enfants, ont été tuées et à Ishaqi, montrent un aspect révoltant du peu de respect qu'ont les militaires américains pour la vie des Irakiens, victimes innocentes de bavures que ne peuvent plus expliquer des erreurs ou l'inexpérience des soldats. Selon les témoignages le «massacre» de Haditha a été perpétré par les compagnons d'un marine mort dans l'explosion d'une bombe artisanale. Faits qui doivent être déterminés par les enquêtes (criminelle et administrative) menées par les services du Pentagone. Même le président américain, George W.Bush, s'est dit «troublé» par les éléments rendus publics par la presse américaine. Des officiers des marines avaient eu connaissance des évènements, selon les déclarations, sous anonymat, d'un officier des marines, au New York Time, selon lesquelles «les officiers concernés n'ont cependant pas jugé utile d'enquêter plus avant». Pour ce qui est d'Ishaqi, une enquête militaire intérieure aurait disculpé l'armée, rapportaient vendredi des médias américains. Toutefois aucune confirmation n'a pu être obtenue auprès du Pentagone concernant cette affaire. Ainsi, les soldats compromis dans la bavure présumée d'Ishaqi auraient été blanchis par leur hiérarchie, en dépit de la mort de civils. Coupables ou innocents, les soldats américains opérant en Irak semblent bénéficier d'une certaine impunité comme en témoignent les parodies de procès dans l'affaire d'Abou Ghraïeb. Le dernier en date est celui du sergent américain, Santos Cardona, 32 ans, maître-chien, reconnu coupable d'avoir menacé en 2003 et 2004 avec un chien non muselé des détenus de la célèbre prison des environs de Baghdad. Celui-ci, absout, vendredi, par un jury militaire américain, n'ira pas cependant en prison, quoique il a été rétrogradé, alors qu'il risquait au moins trois ans et demi d'incarcération pour les délits qui lui étaient reprochés. Cette sentence a fait réagir Amnesty International (AI) qui s'est déclarée «très inquiète que les punitions prononcées dans cette affaire ne reflètent pas la gravité des accusations». L'organisation de défense des droits de l'homme est «perturbée par le fait que des officiers supérieurs ont obtenu l'immunité pour témoigner plutôt que de rendre des comptes pour des crimes commis sous leur supervision», a déclaré Larry Cox, le directeur exécutif d'Amnesty aux Etats-Unis. Par ailleurs, au plan sécuritaire, un membre de l'ambassade russe a été tué hier et quatre autres de ses collègues ont été enlevés, dans les environs de l'ambassade de Russie dans la capitale irakienne, a-t-on indiqué de source sécuritaire à Baghdad. Information confirmée dans la journée d'hier par un communiqué du ministère russe des Affaires étrangères selon lequel «le 3 juin à 13h45 (heure de Moscou, 11h45 GMT), des inconnus ont attaqué une automobile de l'ambassade de Russie à Baghdad où se trouvaient, dans l'exercice de leurs fonctions, des collaborateurs de l'ambassade. Une personne a été tuée et quatre ont été enlevées» sans que soient données des précisions sur les noms et qualité des personnes tuées et enlevées. Toutefois, un porte-parole du ministère russe a, par contre, indiqué à la chaîne russe NTV que les victimes étaient des diplomates: «Selon les informations qui nous sont parvenues de Baghdad, quatre diplomates russes de l'ambassade de Russie à Baghdad ont été enlevés dans l'exercice de leurs fonctions et un autre a été tué par des inconnus, aujourd'hui à 13h25», (heure de Moscou, 11h25 GMT).