Un des volets du Conseil des ministres du 02 janvier 2022 a été consacré particulièrement à la lutte contre la corruption. L'objectif est d'éviter que de telles pratiques ne se renouvellent, devant prévenir avant de punir, la coercition bloquant toutes les initiatives créatrices, surtout des agents relevant du secteur d'Etat et amplifiant le poids de la bureaucratie et la sphère informelle. Combattre le crime organisé et la corruption constitue une des préoccupations majeures des Etats à la fois pour des questions de moralité et de développement C'est à ce titre que le commandement de la Gendarmerie nationale algérienne organisera une importante, rencontre en présence des institutions stratégiques de nombreux experts, sur le crime organisé sous ses différentes facettes et comment l'Algérie entend lutter contre ce fléau qui menace la Sécurité nationale, les 23/24 février 2021 à Alger, dont il m'a été fait l'honneur d'ouvrir cette importante rencontre. Devant différencier l'acte de gestion des pratiques normales de la corruption, afin d'éviter la démobilisation des managers, les services de sécurité et les différents organismes de contrôle devant vérifier l'origine de ces montants de transferts illicites de devises saisissent régulièrement d'importantes sommes de sorties de devises aux frontières, l'objectif stratégique est d'établir la connexion entre ceux qui opèrent dans le commerce extérieur soit légalement ou à travers les surfacturations et les montants provenant essentiellement d'agents possédant des sommes en dinars au niveau local légalement ou illégalement, non connectés aux réseaux internationaux. Il s'agit de différencier les surfacturations en dinars (pour des projets ne nécessitant pas ou peu de devises), des surfacturations en devises, existant deux sphères d'agents, ceux reliés uniquement au marché interne (dinars) et ceux opérant dans le commerce extérieur (devises), ce processus se faisant en complicité avec les étrangers, bien que certains agents économiques opèrent sur ces deux sphères. Cohésion sociale De plus, selon la majorité des experts juristes, il est difficile, sinon pratiquement impossible de récupérer des capitaux placés dans des paradis fiscaux, en actions ou obligations anonymes. Par ailleurs, ce ne sont pas seulement les entreprises publiques qui gèrent mal, accaparant une partie importante du financement public, mais également l'administration et les services collectifs. À ce titre, il convient, de se poser la question sur l'efficacité des transferts sociaux, souvent mal gérés et mal ciblés, ne s'adressant pas toujours aux plus démunis et en raison de la faiblesse du système d'information, le système algérien tant salarial que celui de la protection sociale est diffus, ne cernant pas clairement les liens entre les perspectives futures de l'économie algérienne et les mécanismes de redistribution devant assurer la cohésion sociale. Cela explique que selon plusieurs rapports internationaux l'Algérie dépense deux fois plus pour avoir deux fois moins de résultats que certains pays de la région Mena.(voir nos interviews du 05/01/2021 dans les quotidiens gouvernementaux El Massa et Horizondz) Cependant, le fléau de la corruption dépasse le cadre national, devant le relier également aux réseaux internationaux, il existe des liens dialectiques entre certains agents externes et internes, notamment dans les différents trafics et le crime économique organisé. Une importante enquête sur plus de 150 pays vient d'être réalisée par d'éminents experts internationaux (juristes, économistes, politologues, et experts militaires) parrainée par l'ONU en octobre 2021 mettant en relief que le montant du crime organisé varierait entre 2 et 5% du PIB mondial estimé à 84 680 milliards en 2020 et selon la Banque mondiale et devrait dépasser les 100.000 milliards de dollars en 2022, ce qui donne en 2020 entre 1700 et 4230 milliards de dollars contre une estimation pour2009 d'environ 600 milliards de dollars, les crises économiques amplifiant le trafic. issu du commerce illégal sous toute ses formes.: drogue, armes, traite, déchets toxiques, métaux. Niveaux de criminalité Se basant sur 12 indicateurs de résilience: leadership politique et gouvernance., transparence et responsabilité du gouvernement, coopération internationale, - politiques et législations nationales, - système judiciaire et détention, .- forces de l'ordre, intégrité territoriale, .- lutte contre le blanchiment d'argent, capacité de réglementation économique, soutien aux victimes et aux témoins, prévention et acteurs non étatiques, l'étude arrive à six conclusions: 1 ère conclusion, plus des trois quarts de la population mondiale vivent dans des pays où le taux de criminalité est élevé, ou dans des pays où le niveau de résilience face au crime organisé est faible; 2e conclusion, de tous les continents, c'est l'Asie qui enregistre les niveaux de criminalité les plus élevés; 3e conclusion, la traite des personnes est le marché criminel le plus répandu au monde; 4e conclusion, les démocraties présentent des niveaux de résilience face à la criminalité plus élevés; 5è conclusion, les acteurs étatiques constituent les principaux facilitateurs de ces pratiques occultes et obstacles à la résilience face au crime organisé(dont octroi opaque de l'octroi de marchés publics). 6e conclusion, de nombreux pays en conflit et Etats fragiles sont très vulnérables face au crime. Ces pratiques sont liées à l'importance de la sphère informelle. Pour l'Algérie, cette dernière représente plus de 50% de la superficie économique hors hydrocarbures et selon le président de la République canalisant entre 6.000 et 10.000 milliards de dinars, produit du poids de la bureaucratie et des distorsions des taux de change, devant différencier pour les calculs soit la référence au PIB, à l'emploi ou à la masse monétaire en circulation, devant préciser qu'il existe plusieurs méthodes de calcul donnant des quantifications différentes entre 10/20% (professeur Abderrahmane Mebtoul Institut français des relations internationales Paris décembre 2013, Les enjeux géostratégiques de la sphère informelle au Maghreb).Ainsi les malversations florissaient au niveau du trafic aux frontières dont je recense sept facteurs. Premièrement, nous avons le trafic de marchandises. Pour l'Algérie,il existe des trafics de différentes marchandises subventionnées comme le lait et la farine, achetés en devises fortes, le trafic de carburant représenterait un manque à gagner de plusieurs centaines de millions de dollars pour le Trésor public, c'est énorme. Cela est lié globalement à la politique des subventions généralisées sans ciblage et à la distorsion des taux de change par rapport aux pays voisins. Il y a bien entendu le trafic d'armes. Le marché «noir» des armes et de leurs munitions, issu nécessairement du marché «blanc» puisque, rappelons-le, chaque arme est fabriquée dans une usine légale, une thématique qui permet de comprendre les volontés de puissance des divers acteurs géopolitiques à travers le monde. Narcotrafiquants Tandis que le trafic de drogues est réprimé internationalement, le trafic d'armes est réglé par les Etats qui en font leurs bénéfices. La vente d'armes s'effectue régulièrement entre plusieurs partenaires privés et publics. Nous avons notammen,,le trafic de drogue. La montée en puissance du trafic de drogue au niveau de la région sahélienne a des implications sur toute l'Afrique du Nord où nous pouvons identifier les acteurs avec des implications géostratégiques où les narcotrafiquants créent de nouveaux marchés nationaux et régionaux pour acheminer leurs produits. Afin de sécuriser le transit de leurs marchandises, ces narcotrafiquants recourent à la protection que peuvent apporter, par leur parfaite connaissance du terrain, les groupes terroristes et les différentes dissidences, concourant ainsi à leur financement. Nous avons également la traite des êtres humains. C'est une activité criminelle internationale dans laquelle des hommes, des femmes et des enfants sont soumis à l'exploitation sexuelle ou à l'exploitation par le travail. Nous avons le trafic de migrants qui est une activité bien organisée dans laquelle des personnes sont déplacées dans le monde en utilisant des réseaux criminels, des groupes et des itinéraires. Nous avons le trafic de ressources naturelles qui inclut la contrebande de matières premières telles que diamants et métaux rares (provenant souvent de zones de conflit) et la vente de médicaments frauduleux potentiellement mortelle pour les consommateurs. Nous avons aussi la cybercriminalité. Les multiples paradis fiscaux, des sociétés de clearing (aussi Offshore) permettent de cacher l'origine de l'argent. (Tous ces axes ont été longuement développés dans mon intervention «L'Algérie face aux trafics et au terrorisme au niveau de la région sahélienne»- Ministère de la Défense nationale -Institut de documentation, d'évaluation et de prospective, trafic des frontières et la sécurité au Sahel 27 mars 2018-). Budjets éxécutés La lutte contre la corruption n'est pas une question de lois ou de commissions. Ce sont les pratiques d'une culture dépassée, l'expérience en Algérie montrant clairement que les pratiques sociales quotidiennement contredisent le juridisme. La mauvaise exécution des projets et les surcoûts sont dus essentiellement à la mauvaise programmation, les longs retards dans l'exécution des projets, où on constate régulièrement, l'existence d'un décalage entre la planification budgétaire et les priorités sectorielles ; des écarts considérables entre les budgets d'investissement approuvés et les budgets exécutés; des longs retards pendant l'exécution des projets et la lourdeur des procédures lourdes qui empêchent la clôture rapide de la période de fin d'exercice et de graves carences institutionnelles. Ainsi, de nombreuses décisions de projet ne sont pas fondées sur des analyses socio-économiques. Ni les ministères d'exécution ni le ministère des Finances n'ont suffisamment de capacités techniques pour superviser la qualité de ces études, se bornant au contrôle financier effectué par le ministère des Finances, le suivi technique (ou physique) exercé par les entités d'exécution étant inconnu ou au mieux insuffisant. Les résultats des projets et programmes ne font pas l'objet d'un suivi régulier, n'existant souvent aucune évaluation a posteriori permettant de comparer ce qui était prévu avec ce qui a été réalisé et encore moins de comparer le coût-avantage ou l'efficacité avec la situation réelle. Cela a de graves conséquences en termes de ressources gaspillées. Ainsi, le système des investissements publics comporte plusieurs lacunes. En résumé, l'Algérie sera ce que les Algériennes et les Algériens voudront qu'elle soit. Le combat contre la corruption combiné avec l'amélioration du climat des affaires, bureaucratie, réforme du système financier dans sa globalité, éviter l'instabilité juridique et monétaire, sont les conditions essentielles d' une véritable relance économique. Au sein d'un monde turbulent et instable préfigurant d'importants bouleversements géostratégiques, le futur défi de l'Algérie, elle a les potentialités de sortie de crise, et elles sont énormes, est d'avoir une nouvelle gouvernance, des réformes structurelles, conciliant efficacité économique, une très profonde justice sociale, une nouvelle architecture institutionnelle reposant sur une réelle décentralisation et le retour à la confiance, sans laquelle aucun développement n'est possible, devant combattre la mentalité rentière et réhabiliter le travail et l'intelligence.