Le CE/OLP a approuvé l'idée d'organiser une consultation nationale. Présidé par Mahmoud Abbas, le Comité exécutif de l'OLP (CE/OLP) s'est réuni hier à Ramallah à la demande du président de l'Autorité palestinienne avec pour ordre du jour l'organisation d'un référendum sur les suggestions des cadres palestiniens détenus en Israël. Le CE/OLP a ratifié hier la proposition du président Abbas a indiqué Yasser Abed Rabbo, membre du Comité exécutif, selon lequel «Le comité exécutif a approuvé la décision du président Abbas d'organiser un référendum », dont la date sera prochainement annoncée par M.Abbas. «Le président Abbas annoncera d'ici la fin de la semaine le lancement des préparatifs en vue du référendum et sa date. Cela donnera un délai supplémentaire au Hamas pour changer sa position» a précisé M.Abed Rabbo comme il l'avait indiqué peu avant le début de la réunion lorsqu'il déclara qu'«un nouveau délai pourrait être décidé lors de notre réunion aujourd'hui». Un autre membre du CE/OLP, Ali Ishaqi, a confirmé les propos de Yasser Abed Rabbo, en déclarant à la presse que «le comité exécutif a mandaté le président Abbas pour organiser un référendum». Cet aboutissement, l'organisation d'une consultation nationale sur l'initiative des cadres palestiniens prisonniers, consacre l'échec du dialogue national, entamé le 25 mai dernier entre le Fatah et le mouvement islamiste Hamas, dont l'objectif était d'amener le gouvernement islamiste a adhérer à la démarche préconisée par les cadres palestiniens détenus pour sortir de la crise actuelle marquée d'une part par les violences interpalestiniennes qui ont pris des proportions alarmantes, d'autre part, par la crise financière aiguë consécutive au boycott du gouvernement du Hamas par les Etats-Unis et l'Union européenne, principaux fournisseurs de l'aide directe à l'Autorité palestinienne. Restant sur ses positions, le Hamas ne semble pas prêt à faire les concessions attendues susceptibles de faire sortir le dialogue de l'impasse. Ainsi, le porte-parole du Hamas, Samy Abou Zouhri, a estimé hier que le référendum n'est qu'une «manoeuvre» destinée à contourner «la légitimité» du gouvernement Hamas, issu des législatives. Le point d'achoppement dans le dialogue interpalestinien reste la suggestion faite par les cadres palestiniens emprisonnés en Israël qui visent à établir de nouvelles normes de lutte pour l'aboutissement des droits palestiniens à la création de leur Etat indépendant, dont celle de maintenir la résistance à l'intérieur des territoires palestiniens (Ghaza, Cisjordanie, Al-Qods-Est) occupés en 1967 et reconnus comme tels par l'ONU et la communauté internationale. Les cadres signataires du document en débat sont représentatifs d'un large éventail du champ politique palestinien et seront vraisemblablement les responsables du futur Etat palestinien. En effet, il s'agit de Marwan Barghouti, héros de l'Intifadha et chef du Fatah en Cisjordanie, Abdelkhaleq Al-Natché, un haut responsable du Hamas, Abdelrahim Mallouh, numéro deux du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), Bassam Al-Saadi, dirigeant du Jihad islamique et Moustapha Badarneh du Front démocratique de libération de la Palestine (FDLP) qui ont mis au point le texte sur lequel planchaient les responsables du Fatah et du Hamas. De fait, le Fatah, la société civile palestinienne et les Indépendants adhèrent pleinement aux suggestions émises par les cadres palestiniens détenus à l'exception, notable, du Hamas et du Jihad islamique, qui restent réticents malgré le fait que des responsables de ces deux partis, prisonniers en Israël, soient cosignataires du document. Ce dernier fait le point de la situation, mettant d'emblée en avant le principe que la résistance doit se restreindre aux territoires occupés par Israël en juin 1967 (il y avait exactement trente-neuf ans hier -6 juin 1967-6 juin 2006-). Le texte en question suggère l'accélération de la mise en oeuvre des accords convenus lors du dialogue interpalestinien du Caire en mars 2005 qui concerne la modernisation et la réactivation de l'OLP par, notamment, l'adhésion à l'organisation pan-palestinienne du Hamas et du Jihad islamique, ces deux mouvements n'étant pas membres de l'OLP. Le document réitère par ailleurs le droit du peuple palestinien à résister -par tous les moyens- à l'occupation étrangère, conformément aux résolutions pertinentes de l'ONU sur le droit des peuples à l'autodétermination, et cela parallèlement aux négociations et à l'action diplomatique. Oeuvrer, d'autre part, au renforcement et à la protection de l'Autorité palestinienne socle et base du futur Etat palestinien. Le document en cause préconise également la mise sur pied d'un gouvernement d'union nationale entre le Hamas et le Fatah, les deux principales forces politiques des territoires palestiniens occupés. Enfin, -et ce point est important dans l'état actuel de la situation- les cadres palestiniens détenus suggèrent que les négociations avec Israël relèvent et restent du ressort de l'Organisation de libération de la Palestine, (OLP, qui mena des négociations avec l'Etat hébreu en 1993 lesquelles ont abouti aux accords d'Oslo et à la reconnaissance mutuelle entre l'OLP et Israël) sous réserve que tout «accord crucial» soit approuvé par le Conseil national palestinien (CNP, le Parlement de l'OLP) ou soumis à référendum. Le document des cadres palestiniens détenus a le mérite de clarifier la donne et définit clairement le cadre de résistance des Palestiniens afin de ne plus donner prise aux positions parfois ambiguës de la «communauté internationale».