L'Organisation de libération de la Palestine a appelé hier le Hamas à modifier son programme de gouvernement. Lors d'une séance consacrée à l'étude du programme de gouvernement du Hamas, l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) a appelé hier le mouvement islamiste à revoir son programme gouvernemental qui est en opposition avec la Charte de l'organisation pan-palestinienne, qui regroupe l'ensemble des mouvements de résistance palestiniens, à l'exception notable du Hamas et des mouvements islamistes palestiniens. De fait, semblant décidé à engager un bras de fer avec l'OLP, le Hamas estime n'avoir pas de comptes à lui rendre, que sa légitimité, obtenue par les urnes, est supérieure à celle que peut lui octroyer l'organisme de gestion de la résistance palestinienne. Cette observation aurait été pertinente dans un Etat indépendant normal, ce qui n'est pas le cas dans les territoires palestiniens, alors que l'existence même de l'Autorité palestinienne est induite par l'accord d'Oslo de 1993 signé entre l'OLP et Israël. Le Hamas, qui ne reconnaît pas les accords conclus jusqu'ici entre les Palestiniens (OLP et Autorité palestinienne) et Israël remet en fait en cause l'ensemble du processus, certes très lent et compliqué, qui a géré depuis le début des années 1990 les rapports entre Israël et les Palestiniens. De fait, ne pas reconnaître cette évolution des choses dans les territoires palestiniens entache l'existence même d'un gouvernement du Hamas, un tel gouvernement ne devant son existence que dans le cadre du processus mis en branle ces dernières années. Or, la démarche présente du Hamas, qui semble vouloir faire table rase de ce qui l'a précédé, est perçue comme une tentative du mouvement islamiste de se substituer à l'OLP. Ce qui a fait dire hier à un membre du CE/OLP que «le Hamas n´est pas une alternative à l´OLP». Dans une déclaration aux agences de presse, un membre du Comité exécutif de l'OLP (CE/OLP), Tayssir Khaled, a indiqué hier que «le Comité exécutif appelle le gouvernement du Hamas à modifier son programme politique». Cette demande est motivée par le fait que dans son programme de gouvernement, rendu public en début de semaine, le Hamas, fait l'impasse sur l'OLP, déniant de fait à l'OLP son statut d'«unique représentant légitime» du peuple palestinien, arguant que sa légitimité, le Hamas la tient de sa victoire aux législatives du 25 janvier. Cette offensive du Hamas contre l'OLP risque de changer la donne palestinienne et fausser le processus en cours au Proche-Orient. Ce que laisse entendre, indirectement, Tayssir Khaled qui indique que le président Abbas, dans le même temps président du CE/OLP et de l'Autorité palestinienne, «(...) va adresser une lettre au gouvernement du Hamas expliquant sa position vis-à-vis de son programme qui est inacceptable. Le gouvernement du Hamas doit le revoir et présenter un nouveau programme tenant compte des intérêts du peuple palestinien». Un autre membre du CE/OLP, Zakaria Al-Agha, affirme de son côté: «Le programme du Hamas ne mentionne pas que l´OLP est l´unique représentant légitime du peuple palestinien et le président Abbas va lui demander d´amender son programme pour le conformer à la politique de l´OLP», le même de souligner que «le Hamas n´est pas une alternative à l´OLP». Renchérissant sur ses collègues du CE/OLP, Ahmed Qoreï, Premier ministre sortant, plus direct indique que le programme du gouvernement Hamas «est inacceptable car il ne reconnaît pas (la suprématie de) l´OLP (...) Il ne saurait y avoir un gouvernement qui ne reconnaît pas l´OLP», insiste-t-il, annonçant de fait un probable bras de fer avec le mouvement islamiste. Ce que confirme Ahmed Al-Azzam, chef du groupe parlementaire du Fatah, qui met en garde contre «une crise entre le gouvernement et la présidence de l´Autorité palestinienne» si le Hamas refuse d´amender son programme. De fait un tel aboutissement, une crise de légitimité entre l'OLP et le Hamas, n'est pas à écarter si le mouvement islamiste demeure accroché à des positions à contre-courant de l'évolution de la situation dans la région. Ainsi, le chef du bureau politique du Hamas, Khaled Mechaal a réitéré hier à Manama (Bahreïn) lors d'une conférence de presse que «se trompe celui qui croit que les négociations et l´acceptation des conditions posées (dans le processus de paix au Proche-Orient) nous conduiront à nos droits» en référence aux engagements pris tant par l'OLP que par l'Autorité palestinienne, émanation de l'organisation pan-palestinienne, qui vont au-delà de la seule reconnaissance d'Israël (exigée par l'Occident, qui conditionne ainsi son soutien financier à l'Autorité palestinienne). Cela promet des jours difficiles pour le champ politique palestinien.