Au moment où la France connaît ses pires moments de tension, en termes de peur et de stigmatisation, notamment avec la campagne d'Eric Zemmour qui bat son plein, en vue de participer à la prochaine élection présidentielle, une exposition vient renverser la donne sur le plan culturel et politique à Paris. Ayant eu lieu au Musée des Arts et Métiers, cette dernière met en vedette les artistes des «musiques de l'exil aux cultures urbaines». Ouverte le 14 décembre 2021, elle est visible jusqu'au 8 mai 2022. Riche et diversifié, cet événement qui comprend une exposition ponctuelle, comprend aussi dans son menu, de la musique, du cinéma, des rencontres-débats et des lectures. Comme l'indique le site Web du musée, «Le Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) présente Douce France. Des musiques de l'exil aux cultures urbaines, une exposition dédiée au métissage culturel, autour de la personnalité de Rachid Taha, artiste engagé de renommée internationale qui a donné ses lettres de noblesse au rock arabe. Les enjeux de l'interculturalité À travers la trajectoire singulière du chanteur et musicien, l'exposition revisite l'émergence artistique de la génération dite «beur», symbole de l'intégration métissée et joyeuse d'une jeunesse issue de l'immigration. Pionnier et figure tutélaire par ses engagements dans la lutte contre le racisme et les discriminations, mais aussi par la richesse de ses expériences musicales, Rachid Taha a ouvert la voie à toute une galaxie d'artistes qui incarnent, aujourd'hui, le talent et la créativité française.» Peut-on lire. À propos du parcours de l'exposition, celle-ci, nous apprend-on aussi «met en exergue les grandes séquences de la carrière de l'artiste à la lumière de l'histoire de l'immigration maghrébine en France et des enjeux de l'inter culturalité.» Et de souligner: «L'aventure démarre dans les années 60 où l'on écoutait les chansons de l'exil dans des cabarets orientaux ou des estaminets immigrés. Les années 70 marquent un tournant, dans le sillage des mobilisations pour l'égalité, avec l'arrivée d'une génération d'artistes engagés qui sortent de l'invisibilité et accèdent à l'espace médiatique. Dans les années 80, la jeunesse «Beur is beautiful» se trouve à l'avant-garde culturelle, tandis que les années 90 voient l'émergence de la culture des «banlieues» et l'avènement d'une France «Black Blanc Beur». «À partir des années 2000, alors que les enfants de l'immigration sont désormais pleinement impliqués dans la vie de la nation, l'heure est à la promotion d'une France multiculturelle.» À noter qu'autour de Rachid Taha, de nombreux artistes vont graviter, selon les époques et leur pendant politique en France, à l'instar de Dahmane El Harrachi, Warda al-Jazairia, ou Noura... L'expo en question donnera à voir des vidéos, photos, affiches, objets, enregistrements audio, archives publiques et privées. «Le parcours se termine par un «''karaoké du bled''» où les visiteurs sont invités à chanter en français, en arable ou en kabyle, les succès de notre patrimoine musical», conclut le texte de présentation de cette expo qui a comme commissaire, à la fois, Naïma Yahi qui est historienne, chercheuse associée à l'Urmis - Université Côte d'Azur et directrice adjointe de l'«association villes des Musiques du Monde», mais aussi Myriam Chopin enseignante-chercheuse en histoire à l'université de Haute-Alsace. Merzak Allouache, Sofia Djama etc Côté musique, Samira Brahmia aura le privilège de se produire le 4 février, dans une église. Avec ses chansons qui mêlent influences pop rock, châabi, traditions celtiques ou instruments du Grand Sud algérien, Samira Brahmia fera à coup sûr monter la température dans cet havre de dieu. Une occasion pour célébrer aussi le vivre- ensemble et la paix entre les peuples. Samira Brahmia se produira en quartet (guitare folk, mandole, contrebasse, percussions). Elle sera accompagnée, en effet, de Karim Ziad à la rythmique, Youssef Boukella à la basse, Meddhy Ziouche aux claviers, Khliff Miziallaoua aux cordes et Philippe Moja au son. Côté cinéma, le ciné-club Douce France proposera la projection de 6 documentaires et films de fiction et ce, autour de la thématique de la musique, de l'Algérie et du Monde arabe. On notera, notamment la projection du documentaire La France de Rachid Taha qui se fera en présence de son réalisateur, Farid Haroud, mais aussi les longs métrages fiction, Les terrasses et Les bienheureux, qui seront projetés en présence de leurs réalisateurs respectifs, à savoir Merzak Allouache et Sofia Djama. Pour compléter le tableau, et en marge de l'événement Douce France, l'actualité contemporaine fera l'objet de débat, de janvier à avril. Cela aura lieu avec le concours «Collectif Mohamed» et ce, en partenariat avec le Musée national de l'histoire de l'immigration et deux journées d'étude en partenariat avec l'Institut du Monde arabe. Cela se traduira, en effet, par deux projections-débats des films suivants: Ils ont tué Kader (1980, 30 min), sur le rôle des médias en banlieue, après la mort d'un jeune de Vitry, tué par un gardien d'immeuble, et enfin Zone Immigrée (1980, 30 min), une enquête dans la ville pour interroger l'agression d'un jeune par un chauffeur de bus. Le «Collectif Mohamed» va à la rencontre des gens pour se demander quelles sont les causes et les effets de certaines formes de violence. Aussi, de par cette manifestation Douce France, c'est le présent de la France qui est donné à voir de façon brute ou artistique. Un événement qui ne manquera pas de s'interroger quant à l'avenir de cette société en ébullition, où quand l'art devient utile et pousse à la réflexion. À voir donc pour ceux qui se trouvent à Paris!