Le procès pour corruption de l'ancien ministre de l'Energie? Chakib Khelil, s'est ouvert, hier, devant le pôle pénal financier et économique du tribunal de Sidi M'hamed. L'affaire porte sur le marché de réalisation du complexe du gaz naturel liquéfié d'Arzew à Oran «GNL 3», attribué par Sonatrach en 2005 à la société italienne, Saipem Contracting Algérie, et sa filiale, Snamprogetti, une société d'ingénierie. L'ex-P-DG de Sonatrach, Mohamed Meziane, qui purge une peine de prison dans le cadre d'une autre affaire, a été auditionné par vidéoconférence. Interrogé par le président de l'audience, Mohamed Meziane nie toutes les charges retenues contre lui, à savoir «passation de marchés, contraire à la législation et le règlement en vigueur», «dilapidation des deniers publics» et «abus de fonction». «J'ai toujours essayé de protéger les deniers publics, tout au long de mes 43 ans de loyaux services, dans le secteur de l'énergie. Chakib était à la fois, ministre de l'Energie, président du groupe Sonatrach et président de l'assemblée générale de Soinatrach». Selon Meziane, «toutes les décisions sont prises suite aux instructions du ministre». «Chakib Khelil intervient dans tous les accords signés avec les sociétés étrangères, mais aussi lors de l'ouverture des plis d'offres commerciales», indique-t-il. On ne connaissait pas la société Petrofac, elle a été ramenée par Chakib Khelil», a déclaré pour sa part, Feghouli Abdelhafidh, ancien vice-président, directeur général de Sonatrach. Il a rappelé que l'italien Saipem, filiale de Snamprogetti et le japonais Chiyoda, avaient remporté un contrat de 4,5 milliards de dollars (277 milliards de dinars) pour la construction d'une usine de gaz naturel liquéfié (GNL) en Algérie; un contrat qui avait été attribué au britannique Petrofac et à son partenaire indonésien Ikpt, le 13 juillet 2008. Ainsi en est-il, le contrat de réalisation a été attribué à Petrofac, avant qu'il ne soit annulé, du fait que cette société n'avait pas présenté de garanties suffisantes, dans un délai de 10 jours fixé par Sonatrach, quant à la possibilité de porter la capacité de production annuelle de 4 millions à 4,3 millions de tonnes de GNL. Cependant, il a été attribué au 2e dans le classement des soumissionnaires qui n'est autre que le groupement Saipem-Chiyoda, qui se serait engagé à produire plus de 4,5 millions de tonnes par an. Les responsables de Petrofact ont contesté leur exclusion du marché et demandé audition au responsable de Sonatrac par le biais d'intervention de la Présidence. Interrogé par le juge sur ce revirement, Feghouli directeur de la filiale aval de Sonatrach, a répondu que Petrofact n'a pas fait une offre financière sur la base d'une capacité de production de 4 millions de tonnes. D'ailleurs, ajoute-t-il, «l'Inspection des finances(IGF) n'a trouvé aucune offre dans ce sens. Petrofact n'est pas éligible à faire une offre, sauf si elle ramène des garanties, suite aux réserves émises par la commission technique». Il a relevé «l'irrespect total des procédures et l'absence de contrat paraphé par Petrofact». S'agissant des pertes chiffrées à plus de 16 milliards enregistrées dans le cadre de ce contrat, Feghouli a précisé que l' IGF a confondu entre la production et la capacité de production de cette usine, dont le montant de réalisation est de l'ordre de 2745 milliards de dinars. « Je ne sais pas pourquoi je suis en prison depuis 31 mois», a-t-il déploré, estimant qu' « il est jeté en prison pour qu'il soit utilisé comme bouc émissaire et un alibi. À propos du choix de l'appel d'offre restreint au lieu d'un appel d'offre international, Feghouli a justifié cette option par le fait que «la société spécialisée en la matière se comptait sur les doigts d'une seule mains». À la question si Chakib Khelil intervenait dans la signature des transactions, il répond par l'affirmative. Feghouli a tenté de porter le chapeau à son P-DG, indiquant que «ce dernier instruit ses subalternes d'envoyer des correspondances au ministre à la moindre difficulté rencontrée. «Il faut écrire au ministre», insistait-il souvent, quand il était sollicité, d'après Feghouli. Le procès s'est poursuivi par l'audition des membres de la commission d'ouverture des offres commerciales, présidée par un proche de Meziane et les représentants des sociétés étrangères. Le représentant de Saipem a été interrogé, notamment sur les surfacturations des équipements acheminés depuis l'Italie. Ce dernier a indiqué que les factures pro-forma ont été établies par Sonatrach en sa qualité de maître d'ouvrage. À noter que le Trésor public et le Groupe Sonatrach se sont constitués parties civiles.