Bravant la conjoncture, après deux années de réunions virtuelles pour cause de pandémie de Covid-19, l'Union africaine a tenu son 35e Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement, dans un contexte particulièrement trouble et en pleine célébration de ses vingt ans d'existence. À l'examen, un agenda dense avec la déferlante des variants, la décision d'octroi du statut de membre observateur à l'entité sioniste et la recrudescence des coups d'Etat en Afrique de l'Ouest. Durant deux jours, l'organisation panafricaine a débattu de multiples dossiers sensibles, dont la gestion incombe au nouveau président en exercice, le chef d'Etat du Sénégal, Macky Sall. Parmi les sujets cruciaux, le prétendu siège d'Israël comme membre observateur, après en avoir été déchu lors de la dissolution de l'OUA, en 2002. La campagne insidieuse du Maroc en faveur de l'entité sioniste a laissé croire que l'UA s'en retrouvera divisée «comme elle ne l'a jamais été». Non seulement le sommet a suspendu, c'est- à- dire gelé, la décision inacceptable du président de la Commission, Mahamat Moussa Faki, mais il a chargé un comité composé du président sénégalais Macky Sall, en sa qualité de président en exercice de l'UA, du président de la République Abdelmadjid Tebboune, du président sud-africain Cyril Ramaphosa, du président nigérian Muhamadu Buhari, du président camerounais Paul Biya, ainsi que des présidents rwandais, Paul Kagame et de la RDCongo, Felix Tshisekedi, de «formuler une recommandation au Sommet de l'UA qui demeure saisi de la question». L'Algérie et l'Afrique du Sud ont fait pression, pendant des mois, pour que cette décision soit revue et corrigée et sa suspension vient consacrer la somme d'efforts et d'arguments développés. Dans un discours, samedi, le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh avait demandé aux dirigeants africains de retirer l'accréditation d'Israël. Il a clairement été entendu. On se souvient que l'annonce, en juillet 2021, de la décision de Moussa Faki avait déclenché la colère des deux géants du continent africain: l'Algérie et l'Afrique du Sud qui ont fait de cet enjeu un objectif majeur du 35e Sommet de l'organisation. Depuis cette date, l'Algérie n'a ménagé aucun effort diplomatique pour convaincre les pays de l'UA et le président Tebboune a multiplié les initiatives en ce sens. Pour étayer la dimension et la profondeur des relations stratégiques entre le Monde arabe et le continent africain, ainsi que pour situer avec force le poids de la question palestinienne dans les préoccupations et les objectifs de l'UA, conformément aux principes de son Acte fondateur, le chef de l'Etat a engagé un immense travail de sensibilisation et de mobilisation en direction de l'UA et de la Ligue arabe, tout en appelant les organisations palestiniennes à des retrouvailles scellées par l'union de toutes leurs forces à partir d'Alger. Ainsi, la diplomatie algérienne a-t-elle déployé tous ses instruments et développé son savoir-faire au bénéfice de la cause sacrée, soutenue en cela par l'Afrique du Sud dont le combat fut aussi méritoire. En conclusion, la manoeuvre sioniste n'a pas abouti et elle n'entraîne aucune secousse tellurique pour l'UA. Celle-ci compte pas moins de 72 pays, organisations régionales et organismes divers accrédités en qualité de membres observateurs et tous ne présentent aucune contradiction par rapport aux vertus cardinales définies par les pères fondateurs de l'organisation, à savoir la lutte contre le racisme, le colonialisme et l'apartheid dont Israël est un adepte forcené.