L'Agence nationale de valorisation des résultats de la recherche et du développement technologique (Anvredet) connaît actuellement une redynamisation de ses activités. Le Professeur Mohamed Taïbi, ex-recteur de l'université de Skikda, a été installé depuis un mois par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique à la tête de cette agence. Il possède un long parcours de plus de 33 ans au service de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique ; il a occupé des fonctions supérieures de l'Etat. Son expérience professionnelle est riche de ses titres pédagogiques et scientifiques. Il est l'auteur de nombreuses publications nationales et internationales, ainsi que concepteur de plusieurs ouvrages scientifiques. Il nous explique dans cet entretien son intention d'aider les chercheurs et les inventeurs afin de développer ce domaine dans notre pays. Parmi les préoccupations majeures du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, la valorisation occupe une place prépondérante dans le programme de développement de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, et cela conformément au programme du président de la République. L'Expression: Certains inventeurs ignorent l'existence de votre agence, comment expliquez-vous cela? M.Taïbi: L'Anvredet est en phase d'organisation et de restructuration. C'est une institution jeune et naissante, créée en 1998 par décret et, réellement fonctionnelle à partir de 2004, sous la tutelle du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Des contraintes majeures de locaux ont empêché le recrutement du personnel indispensable au bon fonctionnement de l'agence. Ce qui explique peut-être qu'elle ne soit pas encore sollicitée par certains inventeurs. Mais, malgré cela, des travaux de valorisation des produits innovants ont été effectués. Quelles sont les missions de cette agence? Il s'agit d'identifier et de sélectionner les résultats de la recherche à valoriser, de contribuer à une meilleure efficacité dans l'exploitation des résultats de la recherche et de promouvoir des systèmes et méthodes de valorisation. L'agence se charge également de développer et promouvoir la coopération et les échanges entre le secteur de la recherche et les secteurs utilisateurs, de mettre la veille technologique et l'intelligence économique au service des entreprises, d'encourager et soutenir les idées innovantes visant à développer la technologie et d'assister les inventeurs dans les prestations relatives à la réalisation des prototypes à l'étude de marché et à la recherche de partenaires et les aider à la rédaction des brevets. Je souligne aussi que le dispositif d'accompagnement et de soutien des projets innovants passe par plusieurs phases. La première consiste en l'identification de l'idée innovante puis son évaluation technologique et enfin le partenariat et promotion de produits innovants jusqu'à la mise en place de l'entreprise. Lorsqu'un produit innovant original est recommandé par les expertises, l'Anvredet se charge immédiatement de sa protection jusqu'à sa brevetabilité. L'Anvredet prend en charge les demandes de brevets des innovateurs algériens, qu'ils soient en Algérie ou à l'étranger auprès de l'Inapi, et supporte les frais induits par les procédures de protection intellectuelle. Combien de brevets compte votre agence et combien de projets ont été expertisés? Il y a des dizaines de demandes de brevets traitées au niveau de l'Anvredet et plus de 500 projets qui ont été expertisés par des professionnels. Je confirme aussi que plusieurs innovations sont en étude en vue de leur brevetabilité. Je veux juste affirmer que tout projet de recherche porteur est pris en charge par notre agence. Depuis votre installation à la tête de cette agence qu'est-ce qui a changé? A mon arrivée, un programme de redynamisation des activités a été fait, notamment le lancement des comités spécialisés pour expertiser les produits et services et le lancement d'un programme de création de pépinières et des incubateurs en relation avec le ministère de la PME et de l'Artisanat. D'autres efforts ont été consentis sur d'autres plans. Un programme des forums «Université-PME», dans diverses thématiques d'intérêt national, dans plus de 10 universités à travers le territoire national, a été notamment entrepris. Actuellement, l'agence réalise différentes opérations de valorisation comme la valorisation des phosphates de djebel Onk Tebessa, la préparation d'une journée de sensibilisation aux problèmes de l'ensablement par la mise en place d'un réseau de quantification de vent des sables (produit innovant). Aussi, des conventions cadres ont été signées avec plusieurs institutions de la formation supérieure (université, centre universitaire, centre de recherche et autres) d'une part, et avec des institutions du secteur socioéconomique d'autre part, en vue de la promotion des innovations et la valorisation des résultats de la recherche par la création d'un réseau de compétences nationales tant en Algérie qu'à l'étranger pour favoriser le développement et le succès des innovations. Et en matière de coopération avec les autres institutions? En ce qui concerne les relations internationales de l'agence, plusieurs projets de coopération bilatérale et multilatérale ont été lancés notamment le projet Anvredet - technopole Brest-Iroise qui entre dans le cadre de la valorisation et de l'accompagnement des projets innovants, le projet Anvredet-Anvar Oseo France, le projet Marseille Innovation pour concrétiser la convention signée entre les deux institutions en vue de la formation des compétences nationales, le projet GTZ dans le domaine de l'innovation et la promotion des PME, le projet Tempus-Meda en partenariat avec l'Ansej, l'Inapi, l'université de Boumerdès en relation avec l'université libre de Bruxelles, en vue de créer une formation diplômante. Plusieurs autres projets d'envergure internationale sont en cours d'expertise et de validation, notamment le projet de mise en place des réseaux de coopération avec l'institut italien pour la promotion industrielle (IPI-Italie). Aussi, le projet de coopération algéro-québécois relatif au transfert de technologies appropriées aux projets innovants, qui est en phase d'étude et de validation. Toutes les démarches citées ci-desus, ont été entamées pour la mise en oeuvre de la stratégie nationale du développement technologique par le transfert des résultats de la recherche et leur valorisation. Quels sont les objectifs de l'Anvredet? L'Anvredet, comme je l'ai souligné, est en phase d'organisation et de restructuration. Elle a comme projection dans l'avenir l'installation des délégations régionales (centre, est, ouest, sud), l'installation des cellules de valorisation au sein des universités, des centres universitaires, des écoles et instituts de formation supérieure et la création des incubateurs dans les institutions de l'enseignement supérieur. S'agissant des clients de l'agence, il y a les établissements de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, les inventeurs et les innovants, les organisme de recherche (plus de 600 laboratoires de recherche agréés par le Mesrs et autres), les créateurs d'entreprises, les PME-PMI, les grands groupes et les institutions de financement. Enfin, l'Anvredet, souhaiterait en concertation avec sa tutelle, revoir son statut, construire son propre siège et recruter des compétences conformément à son organigramme de fonctionnement.