En prévision du vote qu'elle compte organiser demain, à Tobrouk, pour désigner le futur Premier ministre à la tête d'un nouveau gouvernement intérimaire en remplacement de Abdelhamid Dbeibah, la Chambre des représentants (le Parlement libyen) a auditionné, lundi, deux candidats retenus pour le poste. La séance consacrée à cette audition a eu lieu en présence de 116 députés, et c'est au terme des débats que le président du Parlement Saleh Aguila a annoncé avoir retenu, après un appel à candidatures, deux prétendants sur un total de sept. Il s'agit de l'ex-ministre de l'Intérieur dans le gouvernement de Fayez al-Serraj, Fathi Bachagha, 59 ans, puissant notable de Misrata et proche des milices de cette ville, et Khaled Al Bibass, 51 ans, ancien haut fonctionnaire dans le même ministère. Les deux avaient été déjà candidats lors du scrutin intervenu en décembre 2021, au terme duquel Bachagha avait accusé, plus ou moins ouvertement, Dbeibah de lui avoir «volé» le poste en actionnant l'achat des voix. Face aux députés réunis à Tobrouk, Fathi Bachagha a exposé les grandes lignes de son programme, assurant privilégier l'unification des institutions, les garanties de sécurité, l'amélioration des services publics, etc. Il s'est, surtout, et cela constitue une première si tel devait être effectivement le cas, engagé à ne pas se présenter aux prochaines élections. De son côté, Khaled al-Bibass a assuré sa détermination à lutter contre les divisions pour y mettre fin et à maîtriser l'inflation. Il était prévu, dans un premier temps, que la Chambre des représentants s'exprime, hier, pour valider l'une ou l'autre des deux candidatures retenues mais un renvoi de la séance qui aura lieu en fin de compte, jeudi, a été décidé en dernier ressort, sans doute pour prendre le temps de bien étudier les programmes des postulants au poste de nouveau Premier ministre intérimaire. La séance de lundi n'a pas seulement consisté à délimiter les deux candidatures, elle a également permis aux députés d'adopter une «nouvelle feuille de route» pour la tenue des élections dont il est dit, selon le document entériné par le vote, qu'elles auront lieu au plus tard d'ici 14 mois et à la condition que soit effectué, au préalable, l'amendement de la Constitution libyenne provisoire. De quoi avoir largement le temps de voir venir les évènements, tout en demeurant à la manoeuvre tandis que le peuple libyen piaffe d'impatience pour pouvoir choisir librement ses futurs dirigeants. Il semble, en effet, que le principal souci manifesté aussi bien par les députés siégeant à Tobrouk que leurs homologues du Haut Conseil d'Etat à Tripoli consiste à poursuivre les palabres et les rendez-vous manqués, malgré les «fortes» pressions de la communauté internationale qui s'est exprimée en faveur d'une tenue des élections en juin prochain, lors des multiples rencontres que la représentante spéciale du SG de l'ONU, Stephanie Williams, a eues, ces dernières semaines.