Tandis que le maréchal Khalifa Haftar a disparu des radars, depuis l'annonce du report de la présidentielle libyenne, fin décembre 2021, c'est, désormais, la Chambre des représentants (Parlement) qui monopolise l'attention. Hier, les députés ont repris, à Tobrouk, leurs travaux, avec une séance consacrée, sous la présidence de Saleh Aguila et en présence de ses deux assesseurs, Faouzi al-Neiri et Ahmed Houma, à l'examen de la question de dissolution du gouvernement d'union nationale, dès lors que la Chambre avait posé, voici un mois environ, la question de confiance. Mardi dernier, ils avaient élaboré un listing des conditions préalables à toute candidature au poste de Premier ministre et chef du prochain gouvernement. Lesquelles conditions devront être, par ailleurs, approuvées par la Chambre lors d'une séance extraordinaire. Parmi les diverses conditions, il y a lieu de citer les principales, à savoir l'exigence de la nationalité libyenne unique, celle de l'épouse du candidat dont l'âge ne saurait être inférieur à 35 ans, l'engagement par écrit de ne pas se présenter aux prochaines élections et l'obligation d'être parrainé par au moins 25 membres du Parlement. Quelque temps auparavant, Abdelhamid Dbeibah et son équipe avaient protesté avec véhémence contre cette option. Quant à l'exigence à laquelle doivent souscrire les futurs candidats en s'engageant à ne pas postuler aux prochaines élections, il suffit de se rappeler que la même sentence avait été adoptée par le Forum du dialogue politique inter-libyen, en décembre 2020, lequel avait tracé une feuille de route qui fixait la tenue d'élections générales avant fin 2021. Ce qui n'a nullement empêché plusieurs figures de la scène libyenne, dont le maréchal Khalifa Haftar, le président de la Chambre des représentants Saleh Aguila et le Premier ministre Abdelhamid Dbeibah d'être en tête de la liste des quelque 100 prétendants à la magistrature suprême. D'ailleurs, Dbeibah a eu une réunion, pas plus tard qu'hier, avec son adjoint Hussein al-Gatrani, pour un examen de la situation politique d'ensemble et l'analyse des derniers développements. De son côté, la conseillère spéciale du secrétaire général des Nations unies pour la Libye, Stephanie Williams, a rencontré, quant à elle, hier, les représentants de la société civile (ONG) à Tripoli, notamment ceux du Conseil de réconciliation de la ville, de la coalition du 17 février et des notables et sages des municipalités de Souk-al-Jumàa, Janzour et Tripoli-Centre avec lesquels elle a échangé des «points de vue sur le processus politique» et «l'appel à des élections législatives pour restaurer la légitimité démocratique des institutions libyennes». Williams argue du fait que, selon elle, «la volonté» de près de trois millions d'électeurs libyens inscrits sur la liste électorale en prévision de la présidentielle du 24 décembre dernier ne «devrait pas continuer à être ignorée et qu'une voie claire devrait être tracée sans délai pour des élections nationales libres, équitables et crédibles». Elle a reçu, à cet effet, le soutien ferme à son plan et à ses efforts des ambassadeurs de 6 pays (Etats-Unis, France, Allemagne, Italie, Russie, Turquie et Royaume-Uni) mais cela suffira-t-il pour faire bouger les lignes dans un pays profondément enlisé dans une crise tantôt ouverte et tantôt larvée?