Le procès de l'ancienne ministre de l'Industrie, de janvier 2019 à mars 2020, Djamila Tamazirt, s'est ouvert jeudi, au tribunal de Sidi M'hamed, par les auditions des accusés dans l'affaire des minoteries de Corso. L'accusée est poursuivie pour des chefs d'inculpation liés à «la dilapidation de deniers publics», «abus de fonction» et «octroi d'indus privilèges». Elle est poursuivie également pour fausse déclaration de patrimoine. Lors de l'enquête préliminaire, elle a omis de déclarer 7 sur 12 de ses comptes bancaires. Cette affaire remonte à l'époque se situant entre 2009 et 2015 où l'ex-ministre occupait le poste de la directrice générale (DG) du complexe agroalimentaire de Corso, dans la wilaya de Boumerdès. Lors de son audition, Tamazirt a nié toutes les charges retenues contre elle. Interrogée sur les circonstances de la conclusion d'un contrat de partenariat entre le groupe Amor Benamor et la minoterie de Corso (Erriad Alger), elle a répondu que «la décision de conclure ce partenariat était intervenue en application d'une correspondance du Premier ministre de l'époque, Abdelmalek Sellal». À propos des procédures liées à l'expertise sur l'équipement, le choix des acquéreurs et la définition de sa valeur financière, elle a soutenu qu'«elle ne s'était jamais ingérée dans les travaux des commissions de préparation de l'expertise, chargées de l'évaluation financière, l'état des équipements de l'unité de Corso et la définition de sa valeur financière». Quant aux raisons de leur démantèlement, elle a récusé le fait de «s'être ingérée dans la décision de démantèlement des équipements, la vente s'étant effectuée pour le compte des établissements publics». «Leur vente a été effectuée au profit des filiales du complexe relevant de l'établissement public des minoteries sur tout le territoire national», a-t-elle relevé. L'accusée a expliqué que «l'équipement vétuste du complexe, datant des années 80 du siècle dernier, ne répondait plus aux nouvelles normes de la chaîne de production de pâtes». Par ailleurs, le juge a entendu le responsable de la commission de vente aux enchères de l'équipement de l'unité de pâtes de Corso. Le prévenu a indiqué que «la vente des équipements s'était effectuée sous forme de lots, un lot destiné aux minoteries de Sétif et de Constantine, en exécution des instructions qu'il avait reçues de Tamazirt, suite à quoi les procédures avaient été effectuées conformément à la loi». Il a précisé, en outre, qu'«il n'a pas assisté à la vente de tous les lots, pour avoir pris sa retraite». Le parquet a requis contre Djamila Tamazirt une peine de 10 ans de prison ferme, assortie d'une amende de 3 millions de dinars. Une peine de 5 ans de prison ferme et une amende de 3 million de dinars a été requise à l'encontre de son époux, Hafidh Akhenache. La même peine a été requise contre Nacer Belmekki, époux de la soeur de l'ancienne ministre, avec émission d'un mandat d'arrêt international contre lui. Le parquet a également requis une peine de 4 ans de prison ferme, assortie d'une amende d'un million de dinars contre les autres accusés poursuivis pour mauvaise gestion et abus de fonctions. Le parquet a requis la confiscation de tous les avoirs mobiliers et de tous les fonds des comptes bancaires saisis sur ordre du juge d'instruction. Pour rappel, Djamila Tamazirt a été placée en détention provisoire depuis décembre 2020, dans le cadre d'une autre affaire de corruption liée au «détournement de deniers publics» et «octroi d'indus avantages au groupe industriel Amenhyd appartenant aux frères Chelghoum», à l'époque de sa gestion du groupe Agrodiv.