Un porte-parole autoproclamé des talibans a accusé hier les Etats-Unis d'avoir tué trois détenus. Trois détenus de Guantanamo, deux Saoudiens et un Yéménite, ont été retrouvés pendus dans leur cellule et sont morts samedi matin sur la base navale américaine à Cuba. Selon la version de l'armée américaine, tôt dans la matinée, un gardien a découvert qu'un détenu «s'était pendu» dans sa cellule. C'est là l'explication donnée par le contre-amiral Harry Harris, lors d'une conférence de presse téléphonique depuis la base navale américaine. Des vérifications menées dans les autres cellules ont permis de découvrir que «deux autres détenus s'étaient pendus», a-t-il ajouté. Le contre-amiral Harry Harris a indiqué que les trois hommes étaient inconscients et ne respiraient plus. Et à l'officier US d'assimiler ces suicides à des actes de guerre. «Ils sont rusés, créatifs, résolus, a-t-il dit. Ils n'ont aucune considération pour la vie, que ce soit la nôtre ou la leur, et je crois qu'il ne s'agit pas d'un acte de désespoir, mais d'un acte de guerre asymétrique contre nous». Une déclaration qui en dit, en fait, long sur la manière dont son traités les prisonniers de Guantanamo, dont, vraisemblablement, tout comportement est identifié par les Américains comme un défi aux USA. En l'absence d'une autre version des faits, l'armée américaine appuie la thèse du suicide, soutenue dans sa «guerre» par l'autorité politique. Cela dit, une enquête est en cours pour déterminer avec précision les circonstances de leur mort, et des autopsies doivent être menées. Les noms des trois détenus n'ont pas été communiqués, mais le Département d'Etat en a informé les gouvernements saoudien et yéménite. Les détenus de la base ont pour la plupart été arrêtés en Afghanistan à l'automne 2001. Environ 760 prisonniers sont passés par Guantanamo, et sur les quelque 460 qui s'y trouvent encore, seuls 10 hommes ont été formellement inculpés et aucun n'a encore été jugé. Les appels à fermer Guantanamo se font de plus en plus pressants à travers le monde. Vendredi, le premier ministre danois, Anders Fogh Rasmussen, un proche allié, a, lui aussi, évoqué la question du statut des prisonniers. «Nous voudrions voir (Guantanamo) vide», a assuré le président américain George W.Bush, expliquant qu'il attendait une décision de la Cour suprême, prévue dans les prochaines semaines, pour savoir si les tribunaux militaires d'exception, instaurés par son gouvernement, sont légaux ou si les détenus doivent comparaître devant des tribunaux civils. «Les détenus sont internés à Guantanamo parce qu'ils sont dangereux et qu'ils continuent de représenter une menace pour les Etats-Unis et nos alliés. Ils se sont engagés à tuer des Américains», a insisté l'armée en annonçant les trois décès. Un porte-parole autoproclamé des talibans a accusé hier les Etats-Unis d'avoir tué trois détenus de la prison américaine de Guantanamo, retrouvés pendus dans leur cellule, affirmant que des combattants musulmans ne se seraient jamais suicidés. «Nous ne pouvons accepter (l'affirmation) qu'ils se sont suicidés», a déclaré un porte-parole des rebelles, Mohammad Hanif. «Aucun musulman, aucun moudjahidine ne peut se suicider. C'est interdit par la sharia, la loi islamique», a déclaré M.Hanif, qui est souvent à l'origine de revendications d'actions des talibans. «Les Etats-Unis disent que les trois hommes, trois Arabes, se sont suicidés et ce n'est pas vrai, ils ont été tués par leurs gardiens», a affirmé M. Hanif.