Désespoir n Trois détenus de Guantanamo, deux Saoudiens et un Yéménite, ont été retrouvés, hier matin, pendus dans leur cellule. Ils sont les premiers cas de suicide de prisonniers signalés par l'armée depuis l'ouverture du camp en 2002. Tôt dans la matinée, un gardien a découvert qu'un détenu «s'était pendu» dans sa cellule, a expliqué, lors d'une conférence de presse téléphonique, le commandant de la base navale américaine, le contre-amiral Harry Harris. Des vérifications menées dans les autres cellules ont permis de découvrir que «deux autres détenus s'étaient pendus», a-t-il ajouté. Les trois hommes, deux Saoudiens et un Yéménite, étaient inconscients. Ils ne respiraient plus, et tous les efforts entrepris pour les ranimer ont été vains. Il s'agit des trois premiers décès de détenus, malgré les «nombreuses tentatives de suicides» qui ont eu lieu sur la base américaine, a précisé le général John Graddock, responsable du Commandement Sud, basé à Miami et dont dépend Guantanamo. Le président George W. Bush, informé de l'événement par sa secrétaire d'Etat, a exprimé sa «profonde inquiétude», et insisté pour que les corps soient traités avec décence et en conformité avec la culture des trois détenus, a expliqué le porte-parole de la Maison-Blanche. Une enquête est en cours pour déterminer avec précision les circonstances de leur mort, et des autopsies doivent être pratiquées. Les noms des trois détenus n'ont pas été communiqués, mais le Département d'Etat en a informé les gouvernements saoudien et yéménite. Les détenus de la base ont, pour la plupart, été arrêtées en Afghanistan à l'automne 2001. Environ 760 prisonniers sont passés par Guantanamo, et sur les quelque 460 qui s'y trouvent encore, seuls 10 hommes ont été formellement inculpés et aucun n'a encore été jugé. Début mars, l'armée avait rendu publique une lettre qu'un détenu originaire du Bahreïn, Jumah al-Dossari, avait remise en octobre à l'un de ses avocats, avant de tenter de se suicider. «Souvenez-vous qu'il y a des centaines de détenus à Guantanamo, Cuba, qui sont dans la même situation de souffrance et d'infortune. Ils ont été capturés, torturés et détenus sans infraction ni raison (...). Quand cette tragédie va-t-elle cesser ?», écrivait M. Dossari.