Invasion? Invasion annoncée? Début d'invasion? Les décisions du président russe Vladimir Poutine, qui a ordonné l'envoi de «forces de maintien de paix» dans les régions séparatistes de l'est de l'Ukraine, compliquent la réponse de Washington. Pendant des semaines, Joe Biden a répété à l'envi que la Russie se verrait imposer des sanctions «comme elle n'en a jamais vu», dès qu'un soldat russe mettrait un pied en Ukraine. Lundi, Poutine a reconnu l'indépendance des entités sécessionnistes de Lougansk et de Donetsk, et autorisé l'envoi de «forces de maintien de la paix» dans ces zones, mais il s'est bien gardé de dire quand les forces russes franchiraient la frontière ukrainienne. «Je n'ai pas dit que nos soldats vont y aller là, maintenant (...) Cela dépendra, comme on dit, de la situation sur le terrain», a-t-il déclaré mardi. Un message ambigu qui a compliqué la réponse des Etats-Unis, car la présence de soldats russe en Ukraine n'a pas été confirmée, et parce que l'administration américaine craint qu'imposer des sanctions maximales trop tôt priverait Vladimir Poutine d'une raison de reculer. D'où l'impression que Washington a eu besoin d'une douzaine d'heures pour affiner sa réponse. La première réaction de Washington, lundi, a ainsi été prudente, avec des sanctions ciblées sur les deux régions sécessionnistes. Un haut responsable américain a semblé semer le doute sur la fermeté des Etats-Unis en laissant entendre qu'une arrivée de soldats russes dans le Donbass, «ce ne serait pas nouveau», car selon lui ils y sont -incognito- depuis huit ans. Ce n'est que mardi que Joe Biden a qualifié de «début d'invasion» l'ordre par Poutine de déployer des troupes russes dans deux zones séparatistes d'Ukraine, dévoilant une série de sanctions financières plus sévères en guise de riposte. Pourtant, personne dans l'administration américaine n'a confirmé d'éléments concrets tels que l'éventuelle entrée de chars sur le territoire ukrainien. «Nous ne pouvons pas confirmer» l'arrivée de soldats russes dans le Donbass, a déclaré mardi le porte-parole du Pentagone, John Kirby. «Qu'ils soient en uniforme ou non, ils y sont depuis 2014», a insisté la porte-parole de la Maison- Blanche, Jen Psaki, au cours d'un point de presse, esquivant les questions sur ce qui a changé sur le terrain depuis lundi. Pour éviter de donner une image de faiblesse, l'administration s'est donc efforcée d'expliquer que son approche en matière de sanctions, négociée étroitement avec des pays européens soucieux de préserver leur économie, serait en fait graduée. Les Etats-Unis condamnent la «dernière invasion» russe de l'Ukraine, mais veulent garder la voie diplomatique ouverte pour «éviter que le conflit n'aille plus loin», a expliqué le ministre de la Défense, Lloyd Austin.