Il s'agit d'imposer sa souveraineté sur ses territoires. La question sahraouie a pris une nouvelle tournure. La Rasd se construit pour exercer sa souveraineté sur ses territoires libérés, en attendant ceux occupés par le royaume chérifien. Les premières constructions ont vu le jour dans la ville de Aghouinit, à quelque 1000 km au sud-ouest de Tindouf et 50 km de la première ville mauritanienne. Mohamed Abdelaziz, président de la Rasd a inauguré, à Aghouinit, les premières constructions, à savoir, entre autres, l'hôpital de la ville et la station de traitement des eaux. Il a posé, de même, la pierre angulaire pour la construction d'une école. Le geste est important à plus d'un titre, car il s'agit, a priori, d'imposer sa souveraineté sur ses territoires et d'ouvrir la grande porte ensuite à l'exercice de la politique du fait accompli, telle qu'elle est pratiquée, d'ailleurs illégalement, par le palais royal sur les territoires sahraouis du nord. Cet évènement a été accompagné par un important défilé militaire dans cette septième région, faisant entendre un autre message fort et fracassant adressé au palais royal. «C'est le geste à la fois militaire et politique», nous a commenté laconiquement le ministre des Territoires occupés, Khalil M'hamed. La République sahraouie a mobilisé, dans ladite parade, ses forces armées des trois régions militaires du Sud. L'événement fait sentir la détermination, réitérée à l'occasion par le président sahraoui, d'aller jusqu'à l'extrême bout de la lutte. Les trois régions militaires du sud ont donc fait connaître un important arsenal de guerre de l'armée sahraouie. Au-delà d'une simple interprétation de l'évènement, le geste est d'une symbolique révélatrice. D'une pierre deux coups, la parade consiste a priori en la célébration de la journée du martyr, mais, a fortiori, le geste militaire vient répondre au défilé de sa majesté, organisé il y a quelques jours dans les territoires occupés. Lors d'un discours prononcé à l'occasion, le président de la Rasd, Mohamed Abdelaziz, a eu à réitérer, une fois de plus, l'attachement inconditionnel du peuple sahraoui à son droit à l'autodétermination. Le rejet catégorique et non négociable de toute autre solution a été aussi un langage prononcé sans relâche par le secrétaire général du Front Polisario. Mohamed Abdelaziz est allé jusqu'à révéler une nouvelle stratégie de lutte tous azimuts remise sur rails. Il est question, tout d'abord, de redonner souffle à l'Intifadha dans les territoires occupés, d'imposer la politique du fait accompli à travers le redéploiement des Sahraouis dans tous leurs territoires libérés et la construction de la République. Ce n'est pas tout, la rencontre, en marge de l'évènement, des communautés sahraouies du sud a fait ressortir, après des années d'incertitude et de répression, la réorganisation et la mobilisation des réfugiés sahraouis en Mauritanie autour de la question. «Le changement du gouvernement en Mauritanie qui obéissait auparavant aux ordres du duo franco-marocain, a donné un nouveau souffle au mouvement des Sahraouis en Mauritanie. Car, ce nouveau gouvernement est beaucoup plus proche d'Alger que de la France et de Rabat.», nous révèle le représentant des communautés sahraouies en Mauritanie. «Nous faisons appel à nos compatriotes des territoires occupés de revoir à la hausse la cadence de l'Intifadha car nous sommes engagés dans une nouvelle stratégie de lutte», explique Mohamed Abdelaziz dans une déclaration à la presse. Celui-ci n'a pas exclu, dans la foulée, la possibilité de reprendre les armes «si cela s'avère nécessaire». C'est ce que nous a déclaré aussi le chef de la septième région militaire, Abdellah Lahbib. «En ce qui concerne l'armée nous n'attendons que le signal pour reprendre les armes», nous a-t-il confirmé. Mohamed Abdelaziz est allé jusqu'à dire que «la reconstruction de l'Union du Maghreb arabe dépend de l'exercice de tous les peuples de leur souveraineté notamment celle du peuple sahraoui. Donc, cette UMA souhaitée ne peut-être bâtie sans le Sahara occidental». Interrogé sur l'éventualité de débattre de la question sahraouie lors du prochain sommet de l'Union africaine, le président de la Rasd dira que le Sahara occidental est l'un des fondateurs de l'UA qui est censée défendre les droits de tous les peuples africains. «Le Maroc n'a pas cessé de nager à contre-courant de la légalité internationale et ne ménage aucun effort pour casser l'intégration régionale», affirme Mohamed Abdelaziz.