Les potentialités du pays peuvent élever le chiffre d'affaires du secteur à 150 milliards de dollars. La démarche entreprise dans le cadre du Plan national de développement agricole a ses limites «naturelles». Le seul objectif atteint concerne la création de postes d'emploi. La surproduction annoncée peut également régresser à cause de l'absence d'une politique commerciale dans ce domaine. C'est le constat établi hier par le directeur général de l'Agence algérienne de promotion des exportations (Algex) M.Mohamed Benini qui a intervenu lors de la table ronde sur les exportations agricoles au forum d'El Moudjahid. Pour lui, le développement des exportations est très limité en l'absence d'une politique à moyen et long terme. Il a appuyé ses propos par des chiffres qui, selon lui, reflètent la situation du secteur. Nous importons pour 3 milliards de dollars de nourriture, plus quelque 500 millions de dollars d'inputs agricoles, entre semences, plants et équipements agricoles. D'ici à 2010, et compte tenu de la hausse des prix mondiaux et de la croissance démographique, il faudra trouver de 5 à 6 milliards de dollars pour payer nos importations de nourriture. L'agriculture n'est pas davantage une source d'emplois en mesure de réduire la forte pression sur le marché du travail. La population, comptée comme agricole, a doublé depuis les années 1960 et le nombre d'exploitations agricoles est passé de 630.000 en 1960 à 1.023.000 au recensement de 2001. La superficie exploitée par actif est ainsi tombée de 6 ha à 3 ha et la superficie moyenne par exploitation de 11,9 ha à 8,26 ha. Pour M.Bénini, notre économie a évolué, le potentiel à l'export avoisine les 3 milliards de dollars mais l'absence d'une approche claire et d'un environnement propice à l'acte d'exporter entravent encore la promotion des exportations. «Notre pays possède des potentialités dans ce domaine qu'il faut bien exploiter», a-t-il insisté en relevant la possibilité d'atteindre un chiffre d'affaires de 150 milliards de dollars dans le secteur agricole au lieu de 8,5 milliards de dollars actuellement. Pour sa part, le président de la future association des exportateurs de produits agricoles, M.Semghani, a parlé de l'absence d'organisation au sein de la profession et d'une coordination entre les ministères du Commerce et de l'Agriculture. Pour effacer ces lacunes, les participants à la table ronde ont proposé une approche qui associe tous les secteurs et acteurs concernés dans une démarche nouvelle, novatrice et fortement coordonnée. Il faut en somme un renforcement du cadre institutionnel, une amélioration continue de l'environnement général des entreprises exportatrices et une meilleure gestion des aides et des avantages consentis aux exportateurs. Contredisant les deux intervenants, le président de la Chambre nationale de l'agriculture M.Ould Ali Hocine a longuement défendu les exploits du Pnda. «Tout le monde s'accorde à dire qu'il y a eu de très bons résultats dans le secteur agricole». Il cite comme exemple la production de la pomme de terre qui a enregistré un xcédent de 500.000 tonnes. Il a reconnu toutefois que le problème d'écoulement des produits agricoles risque de remettre en cause les acquis du secteur.