Le marché de l'or noir est dans tous ses états. Pas question donc de mettre plus de pression qu'il y en a déjà. L'invasion de l'Ukraine par la Russie a propulsé le baril de Brent à 105 dollars, avant qu'il ne redescende sous la barre des 100 dollars. Il a repris sa marche en avant hier. Vers 11 h 30, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril, dont c'est le dernier jour d'utilisation comme contrat de référence, s'envolait de 4,92% à 102,75 dollars. «Les inquiétudes croissantes concernant les perturbations de l'approvisionnement en énergie de la Russie poussent les prix du pétrole et du gaz à la hausse, alors qu'une nouvelle semaine de négociation commence», relève Carsten Fritsch, du second groupe bancaire allemand Commerzbank. C'est dans ce contexte que l'Opep+, qui renferme en son sein la Russie, deuxième plus grand exportateur de pétrole brut au monde, s'apprête à tenir son sommet mensuel, demain, pour décider de l'augmentation de sa production. Un membre incontournable de l'alliance qui a contribué au redressement des cours de l'or noir et qui joue un rôle prépondérant, quant à leur stabilisation, depuis l'accord scellé entre les 13 membres de l'Opep et leurs 10 partenaires hors organisation, lors de la 171e réunion de la Conférence de l'Opep, tenue le 30 novembre 2016 à Vienne, en Autriche, ce qui a ouvert la voie à la Déclaration de coopération (DoC) historique, entre les pays membres de l'organisation et les principaux pays producteurs de pétrole non membres de l'Opep, à travailler ensemble dans l'intérêt d'une stabilité durable du marché du pétrole. Un édifice qu'il n'est nullement question de lézarder. L'Arabie saoudite, chef de file de l'Opep, a confirmé son attachement à l'accord Opep+ avec la Russie, lors d'un entretien qui a eu lieu le 27 février entre le prince héritier Mohammed ben Salmane et le président français, Emmanuel Macron, a indiqué l'agence officielle Saudi Press Agency. Le prince héritier a réaffirmé cet engagement entre les 13 membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole menés par l'Arabie saoudite et leurs 10 partenaires, guidés par la Russie, lors d'un entretien portant notamment sur la situation en Ukraine et l'impact de l'invasion par la Russie sur le marché de l'énergie, est-il spécifié. Il faut rappeler que l'Opep et ses alliés, dont la Russie avait décidé, au mois d'avril 2020, de réduire leur production de près de 10 millions de barils/jour, pour stopper le plongeon des prix, avant de procéder à une coupe de 7,7 millions de b/j à partir du 1er août de la même année, jusqu'à fin décembre 2020. Ils ont mis ensuite 350 000 barils/jour supplémentaires sur le marché, en mai et juin, 441 000 barils à partir du 1er juillet puis 400 000 barils/jour, chaque mois depuis août 2021, jusqu'en mars 2022. Un rythme qui devrait se poursuivre jusqu'en septembre 2022. Une stratégie qui s'est appuyée sur le succès de l'accord d'Alger, conclu le 28 septembre 2016, lors de la 170e réunion extraordinaire de la Conférence de l'Opep, qui s'est tenue dans la capitale algérienne. Une stratégie qui sera certainement appuyée, surtout que l'on évoque, avec insistance, le retour des barils iraniens sur le marché, une fois que les sanctions internationales qui visent Téhéran, dans le dossier du nucléaire seraient levées. Cela permettrait de «débloquer les exportations iraniennes dans les semaines à venir, ce qui ajouterait environ 800 000 barils d'approvisionnement supplémentaire par jour», souligne Ipek Ozkardeskaya, analyste de la banque Swissquote. Une nouvelle donne qui devrait pousser l'Opep+ à maintenir la stratégie d'augmentation de sa production. L'appel a été lancé. L'Opep et ses alliés devraient s'en tenir à leur accord actuel d'une augmentation de la production de 400 000 barils par jour, avaient déclaré, le 20 février, les ministres du Pétrole et de l'Energie de plusieurs pays arabes, dont les Emirats arabes unis, l'Arabie saoudite, l'Irak et le Koweït.