XWDe «violents combats» étaient signalés, hier, au onzième jour de l'intervention, le président Vladimir Poutine avertissant l'Ukraine du risque de perdre son «statut d'Etat» et comparant les sanctions internationales qui frappent la Russie à une «déclaration de guerre». Les forces armées ukrainiennes «mènent de violents combats» contre les forces russes pour le contrôle des villes de Mykolaïev, dans le sud, et de Tcherniguiv, dans le nord, a indiqué l'état-major ukrainien dans un communiqué sur Facebook. «Les principaux efforts se concentrent sur la ville de Marioupol», port stratégique du sud-est du pays, a ajouté l'état-major. Dans cette ville, la situation est «très difficile», a affirmé son maire, Vadim Boïtchenko, faisant état d'un «blocus humanitaire». «Cela fait cinq jours que nous vivons sans électricité, nous n'avons pas de chauffage ni de réseau mobile», s'est-il plaint dans une interview diffusée sur YouTube. «La ville de Marioupol n'existe plus», a-t-il lancé. La chute de Marioupol, qui compte environ 450 000 habitants, va constituer un tournant. Elle permet la jonction entre les troupes en provenance de la Crimée annexée qui ont déjà pris les autres ports clés de Berdiansk et de Kherson, et celles du Donbass, puis à ces forces consolidées de remonter vers le centre et le nord de l'Ukraine. Les soldats russes se rapprochent également de Kiev, malgré une certaine résistance, notamment à Tcherniguiv, à 150 km au nord de la capitale. Les soldats russes se rapprochent également de Kiev. D'intenses combats ont lieu dans la périphérie de la capitale, selon l'administration régionale ukrainienne, notamment autour de la route menant vers Jytomyr (150 km à l'ouest de Kiev), ainsi qu'à Tcherniguiv (à 150 km au nord de la capitale). Le ministère russe de la Défense a lui annoncé avoir «éliminé» près d'une centaine d'avions, 778 chars et véhicules blindés, et détruit l'aéroport de Starokonstantinov, à mi-chemin entre Kiev et Lviv (ouest). La cohue s'est emparée des gares dans les villes menacées par la progression des forces russes, femmes et enfants cherchant à partir à l'abri. Selon l'ONU, 1,37 million de personnes se sont déjà réfugiées à l'étranger depuis l'intervention russe en Ukraine le 24 février, et on compte plus d'un million de déplacés à l'intérieur du pays. Cet exode suscite une forte mobilisation, notamment dans les Etats voisins comme la Moldavie, où le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken se trouvait, hier, après la Pologne. Vladimir Poutine a averti que l'Ukraine pourrait perdre son «statut d'Etat» si elle continuait à refuser de céder aux exigences russes. Moscou réclame notamment un statut «neutre et non nucléaire» pour l'Ukraine et sa démilitarisation, ce que Kiev, qui cherche à adhérer à l'Union européenne et à l'Otan, juge inacceptable. Les autorités ukrainiennes «doivent comprendre que si elles continuent de faire ce qu'elles font, elles mettent en question l'avenir du statut d'Etat ukrainien. Et si cela se passe, elles en seront entièrement responsables», a déclaré Poutine au cours d'une rencontre samedi avec des employées des compagnies aériennes russes à l'occasion de la prochaine Journée de la femme, une des fêtes les plus célébrées dans le pays. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé, hier, sur Twitter s'être entretenu une nouvelle fois au téléphone avec son homologue américain Joe Biden pour discuter de «questions de sécurité», du «soutien financier pour l'Ukraine» et de «la poursuite des sanctions contre la Russie». Au cours de cet entretien, Biden a mis l'accent sur les sanctions prises par Washington et ses alliés «pour faire porter à la Russie le coût de son agression contre l'Ukraine», selon la Maison-Blanche. Le président américain a également félicité les entreprises, de plus en plus nombreuses, qui ont décidé de cesser de travailler en Russie. Dernières en dates: les géants américains des cartes bancaires Visa et Mastercard, qui ont annoncé samedi la suspension de leurs opérations en Russie. Les cartes Visa et Mastercard émises par les banques russes ne fonctionneront plus à l'étranger, et les cartes étrangères ne seront plus valables en Russie. Le système de paiements PayPal a lui aussi suspendu ses services en Russie, selon une lettre de son président Dan Schulman rendue publique par le gouvernement ukrainien. De leur côté, les banques russes ont prévenu leur clientèle que les cartes restent valides à l'intérieur de la Russie «jusqu'à expiration». Aeroflot a pour sa part annoncé la suspension de ses vols internationaux à partir du 8 mars. Le maître du Kremlin a cependant mis en garde l'Occident contre la tentation d'imposer une zone d'exclusion aérienne au-dessus de l'Ukraine, une mesure que Kiev réclame avec insistance mais à laquelle l'Otan se refuse pour ne pas se retrouver entraînée dans un affrontement direct avec la Russie. L'instauration d'une zone d'exclusion serait considérée par Moscou «comme une participation au conflit armé de tout pays» dont le territoire serait utilisé pour «créer une menace envers nos militaires», a prévenu Poutine. Selon les autorités ukrainiennes, une troisième session de négociations avec les Russes se déroulera, aujourd'hui, mais les chances de parvenir à des progrès paraissent infimes.