L'ancien Premier ministre et ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, a estimé dans un entretien accordé à la chaîne France 2, que l'Algérie est tout à fait crédible pour camper le rôle de médiateur entre les belligérants de la guerre en Ukraine. «Il y a des pays comme l'Algérie qui ont des capacités pour faire passer le message», à la Russie sur la nécessité de trouver un terrain d'entente, a dit l'ancien ministre français. L'évocation de l'Algérie par un aussi illustre diplomate ne peut être fortuite. Dominique de Villepin qui connaît parfaitement la géopolitique mondiale sait apprécier le poids des pays dans le concert des nations. En cela, l'Algérie n'a plus à démontrer des capacités diplomatiques hors normes. Sa médiation au tout début du XXe siècle entre l'Ethiopie et l'Erythrée a permis de faire taire les armes durablement. Plus proche de nous, son rôle central dans les coulisses des négociations sur le nucléaire iranien a été salué par les 5 pays du Conseil de sécurité et l'Allemagne, ainsi que l'Iran. L'actuel secrétaire d'Etat américain aux Affaires étrangères, Antony Blinken, doit lui-même se souvenir du rôle majeur joué par l'Algérie dans l'affaire des otages US en Iran. La carte de visite de la diplomatie algérienne est connue de tous les diplomates de la planète. Cela n'a certainement pas échappé à l'ancien diplomate français qui pose la problématique du conflit russo-ukrainien en termes de géopolitique. Dominique de Villepin ne diverge pas avec les analyses qui ont court sur tous les plateaux de télévision, mais apporte une touche de profondeur pour en arriver à la conclusion que la médiation de l'Algérie est la meilleure option. «Dans le calcul de Vladimir Poutine, il y a clairement le choix de s'opposer à l'Occident», note-t-il, arguant un passé récent où l'Otan a trop tiré sur la corde. En s'opposant à l'Occident, Vladimir Poutine a un «seul allié dans cette stratégie, c'est bien la Chine», poursuit l'ancien ministre français, non sans faire remarquer que «la Chine n'a pas intérêt à suivre Poutine et elle n'a pas intérêt non plus à le laisser tomber». L'équation ainsi posé met le monde face à un cul de sac. À moins qu'intervienne un pays véritablement non aligné qui n'a aucune allégeance, ni envers le couple Russie-Chine ni pour l'Otan-Occident. Un pays respecté de tous et qui a fait ses preuves dans la résolution de situations conflictuelles internationales. Pour Dominique de Villepin, l'Algérie remplit tous ces critères. L'homme qui a tenu tête aux Etats- Unis et a positionné son pays contre l'invasion américaine de l'Irak apporte une contribution concrète en faveur d'une sortie de la crise qui oppose l'Otan à la Russie. Et pour cause, Dominique de Villepin n'est pas dupe. Il sait que les négociateurs dans pareille situation doivent aller au fond du problème. Et ce n'est pas la Biélorussie ou la Turquie, l'une fidèle soutien de la Russie et l'autre membre de l'Otan, qui peuvent parvenir à une solution pérenne. Ce qui se fait à Ankara et à la frontière ukraino-biélorusse traite l'aspect immédiat. Le problème de fond mérite un autre traitement autrement plus sérieux. L'évocation de l'Algérie n'est pas fortuite encore une fois, du fait que tous les acteurs qui tournent présentement autour de la guerre en Ukraine n'ont absolument rien à reprocher à l'Algérie, bien au contraire.