Venue jeudi à Ouagadougou pour «être à l'écoute des nouvelles autorités du pays et comprendre la feuille de route de la Transition», la délégation ministérielle de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), conduite au Burkina Faso par la ministre des Affaires étrangères du Ghana, Shirley Ayorkor Botchwey, aura obtenu du président de la transition burkinabè, le lieutenant-colonel, Paul-Henri Sandaogo Damiba, investi quelques jours auparavant par des Assises identiques à celles organisées précédemment au Mali, des réponses et surtout les raisons pour lesquelles le Burkina considère incontournable une transition de 3 ans. Le président Damiba a en effet plaidé en ce sens parce que le pays a besoin de gagner la lutte contre le terrorisme, d'une part, et de résoudre la crise humanitaire que traverse le Burkina, d'autre part. Or, c'est exactement les mêmes arguments que ceux avancés, pendant des mois, par les autorités de la transition au Mali, arguments qui ont laissé de marbre les dirigeants de la Cédéao lorsqu'ils ne les ont pas conduit à des commentaires déplorables. Présidente du Conseil des ministres de l'organisation, Mme Shirley Ayorkor Botchwey, ministre des Affaires étrangères du Ghana, va donc communiquer à la Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de la Cédéao, en vue de son prochain sommet, et des décisions seront prises quant à la mise en oeuvre ou non de sanctions contre le Burkina. Il faut dire que l'exemple malien, suivi après par celui de la Guinée, a quelque peu tempéré l'ardeur de certains dirigeants dès lors que les sanctions les plus contraignantes prises envers Bamako n'ont pas modifié de quelque manière que ce soit la démarche et les objectifs des autorités de transition dans ce pays. Raison pour laquelle la Cédéao s'est dit jeudi «un peu inquiète» de la durée de trois ans choisie par les dirigeants du Burkina Faso, non sans assurer que l'organisation régionale n'entend pas abandonner le pays à son sort. Signe édifiant de la lente mais réelle évolution de la Cédéao en ce domaine, après avoir suspendu le Burkina de ses instances au lendemain du coup d'Etat qui a écarté le président Kaboré, la délégation a réclamé «une feuille de route claire» sur les activités envisagées au cours des prochains 36 mois. Et, plus significatif, elle a assuré que «les problèmes qui frappent le Burkina sont aussi nos problèmes» et que, suspendu, «il est toujours un membre». Tout comme le Niger et le Mali, le Burkina est confronté à un grave défi terroriste, avec plus de 2000 morts et 1,7 million de personnes déplacées. Et si la durée de la transition constitue un sujet qui fâche, la solution n'est pas de tourner le dos aux peuples de la région parce que leur choix, tributaire des dures réalités qu'ils affrontent, n'est pas conforme aux attentes de l'organisation régionale.