Le revirement de la position espagnole envers le Sahara occidental a suscité une vive réaction de la part de la classe politique nationale. Cette réaction exprime les positions de principe de l'Etat algérien et de sa diplomatie dont le soutien clair et net des mouvements de libération et la décolonisation, en général, constitue une constante irréversible. La situation est gravissime, de par les conséquences directes et indirectes que ce revirement produirait à court et à moyen terme par rapport aux relations bilatérales entre l'Algérie et l'Espagne. D'ailleurs, c'est cette préoccupation qui a été reproduite par la classe algérienne dans sa majorité. Le parti du Front de Libération nationale (FLN), n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour qualifier la position surprenante du gouvernement espagnol qu'«elle suscite, non seulement, l'étonnement, compte tenu de la position précédente de l'Espagne, engagée à rester neutre et favorable à une solution politique juste sous l'égide de l'ONU, mais va complètement à l'encontre de la légalité internationale». Le FLN fait une lecture où il pose des questions quant à cette volte-face inédite en accusant le gouvernement espagnol d'avoir fait un deal avec le régime marocain du Makhzen. Pour le FLN, il est question de l'«existence d'un accord de troc entre l'Espagne et le régime marocain du Makhzen. Cette position qui constitue aussi une trahison historique car étant loin d'être sérieuse, réaliste et crédible, est source de nouvelles tensions et ne participe pas à mettre fin au conflit entre le Front Polisario, l'unique représentant légitime du peuple sahraoui, et le Royaume du Maroc», affirme-t-il. Le vieux parti a fait appel au gouvernement espagnol de revoir sa position, une position qui s'inscrit selon lui, en porte-à-faux des résolutions de la légalité internationale, à savoir d'asseoir une solution juste et durable à même de «garantir au peuple sahraoui d'exercer son droit inaliénable à l'autodétermination». Même son de cloche du côté du Rassemblement national démocratique (RND). Il a dénoncé cette attitude inattendue du gouvernement espagnol en soulignant que «la nouvelle position du gouvernement espagnol qui adopte de manière provocante la proposition marocaine relative au soi-disant ''plan d'autonomie'' au lieu du référendum d'autodétermination, en opposition explicite aux résolutions onusiennes et à la volonté du peuple sahraoui et des peuples libres de décoloniser la dernière colonie d'Afrique». Le RND s'est joint à la position de principe de l'Algérie en soutenant la dernière décision de l'Etat en rappelant son ambassadeur en Espagne. Quant au mouvement El-Bina, il s'est dit «étonné par le contenu du message du chef du gouvernement espagnol adressé au régime marocain du Makhzen. L'adoption par l'Espagne d'une nouvelle position concernant la question du Sahara occidental suscite un grand étonnement, sachant qu'elle a toujours fait preuve de neutralité en plaidant pour une solution politique juste sous les auspices de l'ONU», a-t-il expliqué. Même le Conseil de la nation n'a pas raté cette occasion pour dénoncer ce revirement inattendu du gouvernement espagnol. À ce propos, le Sénat a indiqué que «l'Espagne doit assumer sa responsabilité historique, politique et morale en vue d'effacer l'impact désastreux de sa décision sur le peuple sahraoui et sur toute la région depuis maintenant plus de quatre décennies et demie», a-t-il souligné. L'attitude espagnole aura des conséquences qui ne seront pas d'ordre diplomatique, mais cela risque de prendre une tournure de rupture pure et simple des relations stratégiques au plan énergétique en général avec l'Etat algérien. Cette situation est à même de provoquer une évolution désastreuse dans la Méditerranée et dans la région de l'Afrique du Nord où le régime marocain du Makhzen joue la carte de la vassalité au plus offrant y compris avec l'entité sioniste pour jouer les trouble-fêtes au niveau régional. Le front interne s'impose avec acuité dans le cadre d'une démarche patriotique qui vise à défendre la souveraineté nationale et la mobilisation des forces vives de la nation pour parer à toutes les menaces qui guettent l'Etat et sa Sécurité nationale. Boughali met en garde Le président de l'Assemblée populaire nationale (APN), Brahim Boughali a appelé, hier à Alger, les parlementaires en Espagne à «exprimer leur rejet de ces concessions inacceptables et de ce changement de position qui ne servira pas les intérêts du Royaume espagnol». Exprimant son étonnement quant au revirement de position de l'Espagne, le même responsable a souligné que les droits sahraouis ne peuvent faire l'objet de surenchère ni d'abdication devant de vils chantages» tout en mettant en garde contre le «risque de plonger la région tout entière dans une spirale de tension».