La fièvre s'empare à nouveau du marché pétrolier. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai, référence du pétrole algérien, a franchi la barre des 120 dollars. Il valait 120, 30 dollars hier à 14h20 soit 4,82 dollars de plus que la séance de la veille. Les exportations russes qui sont dans le viseur des pays de l'Union européenne fixent le cap de l'or noir. Rejoindront-ils le camp des Américains et des Britanniques qui les ont déjà mis en quarantaine? L'option se dessine. Les pronostics vont bon train. Un mois après le début du conflit ukrainien, «le pétrole russe continue de couler à flots. Les niveaux de production et d'exportation restent soutenus. Mais cela pourrait bientôt changer», affirme Stephen Brennock, analyste chez PVM Energy. L'actualité s'accèlére. Un sommet extraordinaire de l'Otan consacré au conflit armé russo-ukrainien se tiendra demain à Bruxelles dans le sillage d'un sommet du G7 et de l'Union européenne. Des rencontres de premier plan qui seront rehaussées par la participation du président des Etats Unis. Le président américain Joe Biden participera à la prochaine réunion des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE à Bruxelles le 24 mars, ainsi qu'à un sommet extraordinaire de l'Otan le même jour consacré à l'invasion de l'Ukraine par la Russie, a-t-on annoncé hier à Bruxelles et Washington. Il sera question de nouvelles sanctions à adopter contre la Russie. Il faut rappeler que les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne ont discuté le 21 mars à Bruxelles de sanctions supplémentaires à l'encontre de la Russie, y compris contre le secteur pétrolier russe. Le consensus ne semblait pas dominer au sein de l'UE pour que le train des sanctions européennes, lancées contre la Fédération de Russie depuis son invasion de l'Ukraine le 24 février, s'étendent au secteur de l'énergie. «Au vu de l'étendue des destructions en Ukraine en ce moment, il est très difficile de plaider pour (des sanctions) qui ne s'étendraient pas encore au secteur de l'énergie, en particulier le pétrole et le charbon», a déclaré le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney. «Il est inévitable de commencer à parler du secteur de l'énergie, en particulier du pétrole, principale source de recettes pour la Russie», avait renchéri le chef de la diplomatie lituanienne Gabrielius Landsbergis. L'Allemagne mettait, cependant en garde contre une décision trop hâtive, du fait des prix de l'énergie déjà très élevés en Europe. «Rien n'est interdit, rien n'est tabou», avait déclaré le président français Emmanuel Macron lors du sommet européen qui s'est tenu à la mi-mars à Versailles. De quel côté penchera la balance? Il semblerait que la voix du locataire de la Maison- Blanche sera déterminante. On retient déjà son souffle. Les opérateurs attendent de savoir quelles actions vont arriver à l'issue du déplacement en Europe du président américain Joseph Robinette Biden, indique Edward Moya, analyste d'Oanda. Côté américain, on n'a pas encore vendu la mèche, mais c'est tout comme. À l'occasion de ce déplacement, les Occidentaux vont annoncer jeudi (aujourd'hui, Ndlr) «de nouvelles sanctions contre la Russie et renforcer les mesures existantes», a déclaré hier le conseiller américain à la Sécurité nationale. Que dira Joe Biden? Le chef de l'Etat américain va, par ailleurs, «annoncer une action commune pour renforcer la sécurité énergétique de l'Europe et réduire sa dépendance envers le gaz russe», a révélé Jake Sullivan. L'esquisse d'un embargo du pétrole russe que le président américain veut rendre opérationnel. Ralliera-t-il à sa cause les voix encore hésitantes? Que disent les experts? «Nous pensons que les sanctions officielles contre la Russie se rapprochent et que les politiciens de différents pays commencent à envisager des plans de rationnement de l'énergie», affirme Bjarne Schieldrop, analyste chez Seb. Si c'est le cas, l'or noir devrait enregistrer, un record historique...