La guerre en Ukraine continue de fixer le cap des cours de l'or noir. Le conflit armé russo-ukrainien, qui a redoublé d'intensité, les pousse à la hausse. Le prix du Brent pour livraison en mai, référence du pétrole algérien, évoluait au-dessus des 110 dollars, hier, en cours d'échanges. Il valait 112, 53dollars vers 14h40 soit 4,60 dollars que la séance précédente. Le baril de WTI pour livraison en avril progressait de son côté de 4,22 dollars à 107,31 dollars. Ces deux références du pétrole ont réalisé un bond remarquable par rapport à la semaine dernière où ils s'étaient enfoncés sous la barre psychologique des 100 dollars. «La chute des prix de la semaine dernière semble avoir fait long feu et avoir été une correction agressive et paniquée» après la brusque montée des cours au début de l'invasion russe de l'Ukraine, explique Jeffrey Halley, analyste d'Oanda. Une nouvelle donne risque de les propulser encore plus haut. Les exportations de pétrole russe qui sont déjà sous embargo américain et britannique sont dans le viseur de l'Union européenne. Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne vont discuter ce lundi (hier, Ndlr) de sanctions supplémentaires à l'encontre de la Russie, y compris contre le secteur pétrolier russe, a déclaré le haut représentant de l'UE pour les Affaires extérieures, Josep Borrell. «Les ministres vont discuter de ça», a-t-il répondu lorsqu'il fût interrogé sur d'éventuelles mesures contre les exportations pétrolières russes, par le Conseil des Affaires étrangères réuni, hier, à Bruxelles. Le consensus semble dominer au sein de l'UE pour que le train des sanctions européennes, lancées contre la Fédération de Russie depuis son invasion de l'Ukraine le 24 février, s'étendent au secteur de l'énergie. «Au vu de l'étendue des destructions en Ukraine en ce moment, il est très difficile de plaider pour (des sanctions) qui ne s'étendraient pas encore au secteur de l'énergie, en particulier le pétrole et le charbon», a déclaré le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney, avant le début de la réunion. «Il est inévitable de commencer à parler du secteur de l'énergie, en particulier du pétrole, principale source de recettes pour la Russie», a renchéri le chef de la diplomatie lituanienne Gabrielius Landsbergis. Pour les pays baltes, un embargo sur le pétrole russe constitue la prochaine étape logique pour tenter de contraindre la Russie d'arrêter son offensive en Ukraine, rapporte l'Agence Reuters qui cite des diplomates soulignant cependant que l'Allemagne mettait en garde contre une décision trop hâtive, du fait des prix de l'énergie déjà très élevés en Europe. Pour ce qui est de la France, qui assure la présidence du Conseil de l'UE, il faut rappeler qu'Emmanuel Macron avait déclaré lors du sommet européen qui s'est tenu à la mi-mars à Versailles que les «27» n'hésiteraient pas à prendre des sanctions massives supplémentaires si la guerre se prolongeait et s'intensifiait en Ukraine. «Rien n'est interdit, rien n'est tabou», avait indiqué le locataire de l'Elysée. C'est incontestablement le cas. «Un crime de guerre majeur est en train d'être commis à Marioupol», a indiqué le haut représentant de l'UE pour les Affaires extérieures, Josep Borrell aux journalistes avant le début de la réunion. L'UE passera-t-elle à l'acte. Décidera-t-elle de boycotter le pétrole, le gaz et le charbon russes? «Un tel embargo aurait une influence très sérieuse sur le marché mondial du pétrole, une influence néfaste sur le marché énergétique en Europe. Mais les Américains n'y perdront rien, c'est évident, ils se sentiront bien mieux que les Européens», a averti Dmitri Peskov, le porte-parole de la présidence russe. Il faut rappeler que la Russie, c'est 40 à 50% des importations européennes de gaz nat urel 20 à 25% des importations de pétrole et environ 40% des importations européennes de combustibles solides (le charbon principalement). L'Europe pourra-t-elle s'en passer?