L'indignation internationale provoquée par le tir de la Corée du Nord d'un missile balistique intercontinental (ICBM) s'est heurtée jeudi, devant le Conseil de sécurité de l'ONU, au refus de la Chine et de la Russie de renforcer les sanctions contre Pyongyang. L'ambassadrice américaine auprès des Nations unies, Linda Thomas-Greenfield, a dénoncé les «provocations de plus en plus dangereuses» de la Corée du Nord et annoncé que les Etats-Unis présenteraient une résolution en vue «de renforcer le régime de sanctions» adopté lors d'un précédent tir nord-coréen d'ICBM en 2017. Mais Pékin et Moscou ont exclu tout durcissement. L'ambassadeur chinois Zhang Jun a même plaidé au contraire pour un «allègement des sanctions au moment opportun», tandis que la diplomate russe Anna Evstigneeva a dit redouter qu'un renforcement des sanctions «ne menace les citoyens nord-coréens avec des problèmes socio-économiques et humanitaires inacceptables». À la suite de la réunion, un groupe de 15 nations, dont trois membres permanents du Conseil de sécurité, la Grande-Bretagne, la France et les Etats-Unis, mais sans la Chine et la Russie, a publié une déclaration commune exhortant les Etats membres de l'ONU, en particulier les membres du Conseil, à faire davantage. «La RPDC démontre sa détermination à poursuivre son programme d'armement tout en intensifiant son comportement provocateur - et pourtant le Conseil est resté silencieux», indique la déclaration, signée notamment par le Brésil, l'Irlande et la Norvège, membres non permanents du Conseil de sécurité, ainsi que l'Allemagne, le Japon et la Corée du Sud. Le missile tiré jeudi, a volé plus haut et plus loin que tous les précédents ICBM testés par le pays doté de l'arme nucléaire. Baptisé Hwasong-17, il est capable de frapper n'importe quelle partie du territoire américain, et a atterri dans la zone maritime économique exclusive du Japon. Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a personnellement ordonné et supervisé l'essai, assurant selon l'agence de presse d'Etat KCNA que ce missile ferait prendre conscience au «monde entier (...) de la puissance de nos forces armées stratégiques». La Corée du Nord est «prête pour une confrontation de longue durée avec les impérialistes américains», a-t-il ajouté. Le tir a été condamné vendredi par le G7 qui a dénoncé une «violation flagrante» des obligations de la Corée du Nord vis-à-vis des Nations unies. Le Hwasong-17, dévoilé pour la première fois en octobre 2020 et surnommé «missile monstre» par les analystes, n'avait jamais été testé avec succès auparavant, et le lancement a entraîné de nouvelles sanctions américaines. Il s'agit «d'une rupture du moratoire sur les lancements de missiles balistiques intercontinentaux auquel le président Kim Jong Un» s'était engagé en 2017, a déploré le président de la Corée du Sud, Moon Jae-in. L'armée sud-coréenne a indiqué avoir riposté en tirant «des missiles depuis le sol, la mer et les airs» vers le large de ses côtes. Pyongyang a effectué trois lancements d'ICBM en 2017. L'engin alors testé, le Hwasong-15, était capable d'atteindre les Etats-Unis.