Malgré le quadrillage de la capitale et les mesures de sécurité prises, la violence reste maîtresse des lieux en Irak. Vingt et un morts et plusieurs blessés tel est le bilan des différents attentats perpétrés hier en Irak dont le plus meurtrier, onze morts, a été commis par un kamikaze contre une mosquée chiite en plein coeur de Baghdad au moment où un imam sunnite était abattu à Bassorah. Cette recrudescence de la violence intervient alors que le gouvernement a pris des mesures draconiennes pour sécuriser la capitale en y déployant quelque 50.000 policiers selon des sources proches du ministère irakien de l'Intérieur. Onze personnes, venues pour la prière du vendredi, ont trouvé la mort alors que 25 autres ont été blessées dans l'attentat suicide d'hier. La mosquée Bouratha, visée hier, a déjà été la cible d'une attaque similaire en avril dernier avec le lourd bilan de 90 morts et 175 blessés. Il y a comme un prolongement de la guerre des mosquées engagée après la destruction du mausolée chiite de Samarra en février dernier. Cet attentat sanglant dans la capitale irakienne est aussi le premier, intervenu depuis l'élimination, la semaine dernière, d'Abou Moussab Al-Zarqaoui, le chef du réseau Al Qaîda en Irak. L'attentat contre la mosquée s'est produit en milieu de matinée au moment où les fidèles ont commencé à se rassembler pour la prière du vendredi. La journée d'hier a également été marquée par d'autres attaques terroristes à travers le pays qui se sont soldées par la mort d'au moins dix personnes selon les bilans disponibles hier en début d'après midi. Outre les attentats, se poursuivaient les enlèvements par des forces toujours pas identifiées, alors que l'on continue à faire des découvertes macabres de cadavres, souvent torturés ou égorgés, dans les périphéries des grandes villes, notamment à Baghdad. Ce nouvel attentat anti-chiite intervient au moment où le gouvernement a commencé à mettre en place, depuis mercredi -avec l'aide de l'armée américaine- un plan visant à sécuriser la capitale avec le déploiement de pas moins de cinquante mille policiers et forces para-militaires irakiennes et de soldats américains ; la capitale irakienne était quasiment quadrillée hier dans l'optique d'éviter justement l'éventualité d'un nouvel attentat. Dans le but de prévenir des attentats contre les moquées le jour de la prière hebdomadaire -ce qui a été souvent le cas ces derniers mois avec la guerre des mosquées que se livrent sunnites et chiites- les autorités irakiennes avaient interdit, hier, la circulation dans la capitale de 11h locales (7h00 GMT) jusqu'à 15h00 (11h00 GMT) sans succès, si l'on en juge par le nouvel attentat qui a endeuillé les familles irakiennes. Dans ce contexte, un imam sunnite a été abattu hier à Bassorah, en même temps que son garde du corps, par des inconnus peu avant la prière du vendredi. La grande métropole du Sud, longtemps épargnée par la violence, est à son tour entrée depuis quelques semaines dans le cycle infernal des attaques ciblées. La situation en Irak n'évoluant pas vers le mieux, le Conseil de sécurité de l'ONU en a tiré la conclusion que l'heure de l'allègement des forces étrangères n'est pas encore venue, autorisant formellement la prolongation du mandat de la Force multinationale (FMN) sous commandement américain en Irak. Dans un communiqué, le Conseil de sécurité a indiqué «continuer d'attendre le jour» où les forces irakiennes «pourront assumer la pleine responsabilité du maintien de la sécurité et de la stabilité en Irak, permettant ainsi l'achèvement du mandat de la FMN». Si la présence de la FMN en Irak reste donc d'actualité, il est fort probable que le Premier ministre nippon, Junichiro Koizumi annonce en revanche, en ce début de semaine, le retrait d'Irak du contingent japonais stationné à Samawa au sud du pays selon les médias parus hier à Tokyo. Toujours en relation avec la présence de forces étrangères en Irak, le Sénat américain s'est prononcé hier, à une forte majorité, contre une proposition de retrait des troupes américaines d'Irak, confortant les positions déjà défendues par l'administration Bush. Toutefois, avec le franchissement de la barre des 2500 soldats -ou assimilés- morts en Irak, le bilan humain de la guerre commence à chiffrer pour Washington de même que le coût financier qui ne cesse de grimper après la rallonge de 66 milliards de dollars accordée par le Congrès. Ainsi, un porte-parole de la Maison-Blanche, Tony Snow, indiquait hier que la barre «symbolique des 2500 soldats» américains tués est un «triste point de repère», même si le président Bush estime qu'ils ne sont pas morts «pour rien». «Le président aimerait que cette guerre soit terminée. Tout le monde aimerait que cette guerre soit terminée» a toutefois souligné M.Snow.