Un baril d'huile d'olive est presque six fois plus cher qu'un baril de pétrole! L'or noir est à presque 120 dollars alors qu'un contenant identique rempli d'huile d'olive extra-vierge est à plus de 630 dollars à l'international! Ce n'est certes pas comparable mais c'est pour dire là le trésor que nous avons caché dans nos belles montagnes. L'exploitation de cette richesse est tout à fait dans nos cordes, puisque le 1er exportateurs mondial n'est autre que notre voisin de l'Est, la Tunisie. Un pays beaucoup plus petit que nous, en termes de superficie et de moyens, mais qui a réussi ce bel exploit. Où se situe donc le problème? Pourquoi n'arrive-t-on pas à faire du «zith ouzemmour» une référence mondiale? Une étude sérieuse vient d'être faite dans ce sens, afin de fournir quelques pistes sur la question. En effet, le programme d'appui au secteur de l'agriculture en Algérie (Pasa), en collaboration avec le ministère de l'Agriculture et du Développement rural a mené une «enquête scientifique», afin de déterminer les défaillances d'un secteur pourtant prometteur. Elle a été présentée, hier, à l'hôtel Golden Tulip, à Alger, en présence d'experts et d'acteurs de l'oléiculture. Première surprise, contrairement à ce que l'on croit, notre huile d'olive n'est pas la meilleure au monde. Elle l'est peut -être pour nous, mais pas pour les consommateurs internationaux. « L'huile d'olive de Kabylie correspond aux goûts des consommateurs régionaux et nationaux mais pas aux normes établies à l'international», est-il indiqué dans ce rapport de plusieurs pages. Est-ce un problème de qualité des olives? Non, rétorquent les concepteurs de l'étude. Il est plus question de soucis d'exploitation et de production qui se font encore de façon rudimentaire. «La grande majorité des oléifacteurs questionnés utilisent leur propre production d'olives», est-il souligné. « La trituration traditionnelle est ancrée dans les traditions locales et dans les savoir-faire technique et socio- culturel», ajoute la même source. Ce ne sont toutefois pas les seuls«freins» qui empêchent de voir notre huile être proposés dans les grands magasins des Champs-Elysées ou autres capitales du monde. L'informel domine ce secteur où le litre de ce précieux liquide est pourtant de plus en plus cher. « La commercialisation se fait principalement au niveau local, directement auprès des huileries. La quasi - totalité de l'huile d'olive proposée sur le marché emprunte le circuit informel, sans recours à un circuit de distribution structuré», est-il expliqué, ce qui rend difficile, voire impossible, le travail de tout «mandataire» qui voudrait se lancer dans l'exportation de masse de cet «or vert». Surtout que, comme le rappellent les auteurs, la rentabilité de ce produit a aiguisé l'appétit de certains commerçants qui n'hésitent pas à la contrefaire, en la mélangeant à d'autres huiles végétales. À l'exemple de celles qui sont proposées le plus souvent dans les gargotes. Ils mettent en avant l'absence d'une législation pour définir et normaliser la qualité de l'huile, afin qu'elle puisse...porter ce nom. Le problème du marketing avec son b à ba, à savoir un emballage digne de ce nom, est également soulevé. «La majorité de l'huile d'olive (85%) vendue sur le marché est conditionnée dans des emballages issus de la récupération, des bouteilles de soda ou d'huile de table, ce qui ne permet pas de pouvoir la proposer à l'international», insistent-ils. « Cela est dû au manque d'accès à ce type de contenant de qualité et à bas prix, particulièrement dans les régions isolées où est produite cette huile», soutiennent-il, non sans rappeler que la quantité produite actuellement dans le pays reste insuffisante pour proposer un vrai marché de l'exportation, outre le professionnalisme dans la production. Pourtant, 500 000 hectares de terres agricoles sont réservés aux oliviers. Néanmoins, la conjugaison de tous ces «petits» problèmes font que ce trésor demeure anarchique. Cette étude, faite sur la base de 130 moulins et 30 producteurs du circuit court de la Kabylie (Béjaïa-Tizi-Ouzou et Bouira) propose d'explorer quelques pistes pour aller vers une oléiculture. «Les conclusions de cette étude sont capitales pour la stratégie nationale concernant l'oléiculture, en permettent de mieux cerner les leviers de changement pour les professionnels, en amont comme en aval de la filière, et d'esploiter des pistes concrètes d'activité sur les problèmes de commercialisation, de marketing et d'exportation», résume Olivier Rives, coordinateur du Pasa pole Soummam, qui porte bien son nom...