Valeur ■ L'huile d'olive, une simple substance liquide d'origine végétale ? Cette définition peut sembler réductrice, tant elle ne traduit pas la dimension économique, culturelle et patrimoniale de cette matière grasse connue depuis la plus haute Antiquité. Pour le commun des habitants de la région, l'huile d'olive est un trésor inestimable, un symbole auquel on s'identifie encore aujourd'hui. Au-delà de ses bienfaits et de ses vertus thérapeutiques multiples, «zith ouzemour», comme on l'appelle dans la langue kabyle, raconte toute une histoire, celle d'une région qui a adopté l'olivier et en a fait une de ses deux «mamelles», aux côtés du figuier. C'est qu'il fut un temps où les familles vivaient entièrement, ou en partie, des revenus tirés de la cueillette des olives et de l'extraction de l'huile. Et dire qu'il n'y a qu'une seule récolte dans l'année ! «Mais il y avait de la baraka à l'époque», diront les anciens en guise d'explication. Malgré les vagues d'émigration qu'a connues la région et en dépit des profondes mutations socioéconomiques qui y sont survenues, l'huile d'olive locale n'a rien perdu de sa superbe. Mieux encore, elle est devenue une marque déposée. En effet, il est impensable de nos jours de parler d'huile d'olive en Algérie sans évoquer la Kabylie. «Zitqbayel», ou l'huile des Kabyles, c'est ainsi qu'on désigne l'huile d'olive dans de nombreuses régions du pays. Il faut reconnaître que ce produit du terroir a su garder son goût d'antan, grâce, notamment, au maintien des méthodes anciennes de cueillette des olives et aux huileries traditionnelles pour tout ce qui a trait à l'extraction de l'huile. En d'autres termes, l'oléiculture ne s'est pas industrialisée. Certes, les huileries industrielles ont débarqué dans la région au cours des dernières décennies. Néanmoins, cela n'a pas vraiment eu d'impact sur la qualité de l'huile, dans la mesure où la matière première, en l'occurrence les olives, n'a pas subi de changements. Elle est restée la même : saine et naturelle ! Contrairement à quelques régions méditerranéennes qui ont opté pour l'oléiculture intensive, la Kabylie a gardé son système traditionnel de culture, en dépit du fait que la production soit aléatoire selon les années. Un choix qui peut s'avérer très payant à l'avenir pour peu qu'une stratégie d'exportation soit mise en place. Il faut savoir que la demande sur les produits du terroir ne fait qu'augmenter en Europe et ailleurs. Et qui dit forte demande, dit forcément augmentation des prix. Quand on sait que l'huile d'olive est un produit noble qui a ses grands crus et donc ses fans qui sont de plus en plus nombreux, on peut imaginer les recettes que peut générer sa commercialisation à grande échelle dans les années à venir.