La production de Deglat Nour, un label prisé du Sud algérien, risque d'être ravagée par la maladie du bayoud. C'est ce qu'ont relevé les intervenants à la conférence régionale tenue hier à Alger sur les biotechnologies pour la protection des palmiers contre cette maladie. Les experts du domaine ont saisi l'occasion pour tirer la sonnette d'alarme sur le danger qui guette aujourd'hui ce produit spécifique à l'Algérie. Après avoir affecté plusieurs oasis dans au moins 32 communes, notamment dans les régions de Béchar, Adrar, In Salah ou encore le M'zab, le chercheur Abderrahmane Benkhalifa indique que des champignons du bayoud ont été récemment découverts dans les oasis de Zelfana (Ouargla). Le pire est de constater que la maladie menace les palmiers de Deglat Nour, assez sensibles, dans d'autres oasis de Ouargla ainsi que celles de Biskra et d'El Oued. Cet fléau qui affecte le potentiel palmier risque effectivement de causer des pertes énormes en termes d'emploi et de revenu, pour le pays et surtout pour la population du Sud. Même si aucun chiffre n'a été avancé par les intervenants, les pertes seront certainement considérables. La culture de la datte qui occupe une superficie de 160.000 hectares actuellement contre moins de 100.000 en 2001 rapporte quelque 40 milliards de dinars, selon le représentant du ministère de l'Agriculture et du Développement rural. Il est vrai que ce chiffre paraît insignifiant, mais la production des dattes en particulier celle de Deglat Nour représente une part importante dans la commercialisation des produits agricoles à l'étranger. Devant cet état de fait, le département de l'agriculture doit intervenir en urgence et prendre des mesures pour protéger la production. D'autant plus, qu'il s'agit d'un produit qui est très bien commercialisé à l'étranger. Selon M.Abderrahmane Benkhalifa, le traitement chimique demeure la solution la plus urgente et rapide pour faire face à la propagation de cette maladie avant qu'elle n'atteigne les palmiers de Deglat noor, et ce, malgré ses effets secondaires négatifs. En outre, l'intervenant a mis l'accent sur la nécessité d'encourager le «croisement dirigé» entre les différentes espèces pour développer des palmiers plus résistants à ce fléau. Il a rappelé également l'existence d'une douzaine d'espèces de dattiers disposant de molécules résistantes et pouvant être croisées avec d'autres plus sensibles telles que celle de Deglat Nour. Cette méthode biologique de traitement fait l'objet, rappelons-le, depuis 1997, d'actions de coopération entre les pays du Maghreb et l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea). Selon le représentant de l'Aiea à Alger, M.Mokdad Maksodi, le projet en question vise notamment à développer des marques moléculaires associées à la résistance du bayoud chez le palmier dattier en Algérie, au Maroc et en Tunisie. Les espèces sélectionnées ont été transférées, depuis une année, en champ affecté ou contaminé pour évaluer leur résistance. L'expérience se déroule à Ghardaïa, en tant que zone pilote, et doit durer environ cinq ans, d'après les spécialistes.