Contrairement à la France insoumise qui a le vent en poupe et qui se prépare à une négociation serrée avec le parti communiste et les Verts en prévision des législatives de juin prochain, la droite républicaine est au plus mal. La défaite de la candidate Valérie Pécresse s'accompagne d'un sombre bilan financier qu'il va falloir combler. C'est la troisième fois qu'un candidat des Républicains est battu dans les urnes mais jamais avec un score aussi bas qui rend l'angoisse du remboursement des frais de campagne encore plus stressante. Désignée au cours d'une primaire, Valérie Pécresse a pourtant surmonté sa peine, en remerciant ses soutiens et en appelant à voter Emmanuel Macron au second tour. La droite est, désormais, à un tournant crucial de son devenir, siphonnée par le président sortant que d'aucuns jugent machiavélique alors qu'il n'a fait que mettre le doigt là où cela fait le plus mal. Sortie inattendue, Nicolas Sarkozy qui apporte son soutien à Emmanuel Macron n'a pas hésité devant la majorité parlementaire des Hauts-de-Seine à enfoncer la candidate LR parce qu'elle n'a obtenu que 4,8% des suffrages au premier tour. Lui reprochant, une fois de plus, de ne pas l'avoir «assez sollicité dès le début», c'est-à-dire avant les primaires, et, surtout, d'avoir «demandé le soutien de Claude Chirac», la fille de Jacques Chirac, qui avait soutenu François Hollande contre Sarkozy en 2012, il a proprement crucifié celle qui ne voulait pas être son porte-voix. Pourtant, même dans l'impasse, Valérie Pécresse fait contre mauvaise fortune bon coeur et reconnaît que le parti joue effectivement sa survie, la crainte de nombreux militants étant qu'il ne subisse un sort identique à celui du Parti socialiste. Sont-ils nombreux, ces jours-ci, à se rendre sur la tombe de Mitterrand qui, dans ses pires cauchemars, n'avait jamais envisagé une telle débâcle pour le parti qu'il a porté aux nues? Vingt-cinq ans après sa disparition, la candidate Anne Hidalgo avoue dix-sept fois moins de suffrages que son propre score en 1988! Et comme un malheur n'arrive jamais seul, voilà le parti communiste, qu'il avait contribué à enfoncer dans la tourmente, revenu par-devant le PS, certes non pas pour se disputer les 20-21%, comme dans les années 80, mais des miettes. La descente aux enfers qu'on croyait terminée avec le dur échec de Benoït Hamon risque bien de devenir un désastre parachevé. Les Républicains comme le Parti socialiste sont dos au mur. Eux qui totalisaient 56% des suffrages, il y a seulement une décennie, n'en comptent plus que 7%. Aux oubliettes, les pages de gloire, la structuration de la Ve République, l'ancrage de la Gauche et de la Droite classiques. L'heure du bilan est venue et, avec elle, celle d'un examen, froid et sans concession, des conséquences. Les errances et les dérives sont partagées. D'un côté, il y a eu un Manuel Valls dont les coups de Jarnac ont causé un mal irréparable à l'édifice politique de la rue Solférino. De l'autre, il y a un Nicolas Sarkozy, voire même un BHL souffreteux, dont les ambitions et les actions ont sapé l'héritage de Jacques Chirac. Les législatives de juin 2022 sonneront-elles le glas de l'aventure?