Les coéquipiers de Figo n'ont pas tremblé face à de naïfs Iraniens. La devise de la Fifa pour cette Coupe du monde est de profiter de ce moment pour se faire des amis. L'Iran est un pays très loin du Portugal. Il est possible que nombre de ses habitants ne savent pas où se situe ce pays du sud-est de l'Europe et réciproquement. L'Iran et le Portugal ne s'étaient jamais rencontrés auparavant dans un match de football. Il a fallu qu'il y ait la Coupe du monde de football pour qu'ils le fassent. Et dans un pays neutre pour eux, à savoir, l'Allemagne, qui abrite cette 18e édition du Mondial. Pour la circonstance, la ville de Francfort dont le stade a été choisi pour abriter cette confrontation, s'est mise à l'heure iranienne et portugaise. Pour les supporters de la seconde équipe, le déplacement ne posait pas beaucoup de problèmes. Certes, le Portugal n'est pas frontalier de l'Allemagne mais c'est un pays d'Europe et grâce à de nombreuses navettes d'Eurolines, une compagnie de transport dont les bus sillonnent les routes du vieux continent, des milliers de Lusitaniens ont pu joindre la ville des bords du Main. Cela sans compter tous ceux qui résident en Allemagne ou en France toute proche. Pour les Iraniens, le déplacement est plus compliqué car il s'agit de voyager par avion et par longs courriers. Avec de tels paramètres, on se dit que la colonie portugaise appelée à assister à ce match sera de loin la plus importante. Pourtant, c'est tout le contraire qui s'est produit car si le stade contenait une bonne proportion de spectateurs neutres, c'est tout de même l'équipe iranienne qui a été soutenue par une galerie de fans largement supérieure à celle de l'adversaire. L'explication venait du fait qu'une majorité d'Iraniens émigrés ou exilés aux quatre coins de l'Europe, ont décidé de rallier l'Allemagne pour rejoindre leurs compatriotes qui résident sur place pour faire cause commune derrière leur équipe nationale. «Nous sommes venus de France, nous a dit Djamil, un jeune accompagné d'un groupe d'amis. Cela fait longtemps que nous attendions ce moment. Soutenir notre équipe est le moins que l'on pouvait faire». Cette population de gens portés sur le football et sur la manière de supporter une équipe, a convergé vers Francfort qui, la veille du match, s'était mise à l'accent portugais et iranien. Samedi, ces supporters se sont décidés à se déplacer vers le stade de cette ville, situé en pleine banlieue, dans un magnifique massif boisé. Un stade à l'architecture moderniste, un véritable chef-d'oeuvre d'infrastructure sportive. Celle-ci n'est pas immense. Il peut contenir 55.000 spectateurs, tous assis. Ce qui n'est pas rien, C'est, en outre, un stade uniquement fait pour le football. Mais le clou de cette construction c'est son toit rétractable. Un toit que l'on ouvre et ferme selon les conditions climatiques. Samedi, le soleil rayonnait sur Francfort, on l'a alors déployé pour que les acteurs du match puissent évoluer à l'aise. Au-dessus du rond central est suspendu un dispositif à quatre écrans géants permettant au spectateur, où qu'il se trouve, de pouvoir revoir les meilleures actions du match au ralenti. C'est dans ce stade-là que le Portugal a dominé l'Iran pour engranger un deuxième succès dans ce Mondial, synonyme de qualification pour le prochain tour. Une victoire qui ne se discute pas même si les Iraniens ont opposé une farouche résistance. Ces derniers, à l'image des footballeurs africains, ont, par contre, fait preuve d'une extrême naïveté en attaque. Leur meilleur atout dans ce secteur était Ali Daei qu'on disait rétabli et prêt à jouer contre le Portugal. Il ne l'était pas suffisamment puisqu'il n'est même pas entré pour remplacer un titulaire. A partir de là, le potentiel offensif iranien s'est retrouvé énormément diminué d'autant que les joueurs alignés n'ont pas fait preuve d'une grande imagination créatrice. De l'autre côté, les Portugais ont joué leur football sans grand génie mais terriblement efficace lorsque Deco et Christiano Ronaldo excellent. Cependant, il leur faudra se montrer bien plus mordants sur le ballon lorsqu'ils auront à affronter des adversaires d'un calibre supérieur à celui des équipes qu'ils ont déjà rencontrées, à savoir l'Angola et l'Iran, deux équipes qui ne font pas partie des grandes sélections de ce Mondial. «Nous avons gagné, c'est cela l'essentiel», nous a dit José, un Portugais résidant en Allemagne, et qui s'exprime dans un bon français. Il ajoute: «L'équipe portugaise n'a pas encore montré ses possibilités. Je suis sûr qu'elle va monter en puissance». Quant aux Iraniens, il y avait chez eux du dépit. «Nous sommes là pour affronter meilleurs que nous et apprendre. L'Iran fera mal dans les prochaines années», avons-nous pu tirer d'un groupe de supporters. La défaite est amère mais l'honneur est sauf, leur équipe nationale s'est tout de même bien battue avant de céder.