Ils n´hésitent pas à couvrir des milliers de kilomètres pour soutenir leurs équipes. Ils sont ceux sans qui un match de football ne serait pas un match. Tout juste un petit spectacle même si vous mettiez en scène de grosses pointures internationales. Ils sont ceux qui n'hésitent pas à mettre la main à la poche pour se déplacer et suivre leur équipe favorite. Ils sont ceux que l´on retrouve partout dans une ville la veille ou le jour du match dans les rues sans rien connaître de celle ci. Ils sont ceux qui dans les tribunes font preuve d'une imagination sans limite pour soutenir de la voix et du geste leurs joueurs. Ils sont ceux, enfin, qui vouent un véritable culte pour certains joueurs et seraient capables de défoncer des murs pour obtenir de leur part la moindre petite signature en guise d´autographe. Ils, ce sont les supporters, ces êtres qui ne viennent pas d'un monde irréel mais qui ne se gênent pas pour franchir le pas vers les attitudes les plus burlesques pour marquer leur préférence. Cette coupe du monde est celle des joueurs, les véritables acteurs sans lesquels la compétition n'aurait pas lieu. Mais elle est aussi celle de ces milliers de fans grâce auxquels elle devient un phénomène de société mais aussi une occasion pour la transformer en fête. Ils nous est arrivé de suivre de nombreuses compétitions sportives mais ce que réserve une coupe du monde de football en matière d'ambiance n'a absolument rien à voir avec le reste. Il faut dire qu'il y a là 32 nationalités et chacune d'elles use de plusieurs artifices pour tenter de se mettre en valeur. Depuis notre arrivée en Allemagne mercredi dernier, nous avons pu suivre, pour le moment, deux matches en direct-live, c'est-à-dire dans le stade. Il s'agit de Pays Bas-Côte d'Ivoire du vendredi 16 juin à Stuttgart et du Portugal-Iran du 17 juin à Francfort. Ce sont donc, 4 colonies de supporters que nous avons croisées sur notre chemin et que nous avons pu voir à l'oeuvre. Il est incontestable que celle des Hollandais a été et de loin la plus imposante par le nombre. Cela a une explication du fait que l'Allemagne et le pays des tulipes et des moulins à vent sont frontaliers. Des Bataves peuvent, ainsi, se permettre de quitter leur maison le matin, venir assister au match et retourner le soir chez eux. A ce titre, le stade Gotlieb Daimler de Stuttgart s'est paré de la couleur orange samedi après-midi, celle de la sélection néerlandaise. Ce jour-là on n'a vu que du orange jusqu'à certains hurluberlus qui se sont teints, la peau de tout le corps de cette couleur. D'autres ont usé de perruques mais aux couleurs du drapeau hollandais: le bleu, le blanc et le rouge. Cette déferlante batave a pris le dessus sur une délégation ivoirienne des plus réduites, à peine un millier de supporters qui ont fait ce qu'ils ont pu pour soutenir leurs «Eléphants». Chez eux, la sobriété était de mise: seul le maillot national et le drapeau faisaient office d'instruments de soutien au sport de la voix. Ces Ivoiriens ont tout de même reçu l'appui de fans allemands tout heureux d'aider une équipe contre un potentiel adversaire à leur Manschaft. Cependant, leurs cris et ovations ont été noyés dans la marée «oranje» où on n'avait pas hésité à sortir la grosse artillerie pour soutenir son équipe. Banderoles, écharpes, drapeaux, serpentins, confettis et autres mégaphones ont été de la partie au grand bénéfice d'une sélection hollandaise sortie victorieuse de son duel contre les Ivoiriens. On notera que pas un fumigène n'a été introduit dans l'enceinte du stade, les contrôles aux différentes entrées étant des plus stricts et des plus rigoureux. Cette démesure hollandaise nous ne l'avons pas retrouvé le lendemain, jour du match Portugal-Iran à Francfort. Un match où le plus grand nombre de supporters n'est pas venu du camp que l'on attendait. Ce sont, en effet, les Iraniens qui ont dépassé sur ce point les Lusitaniens qui n'ont occupé qu'une partie de la tribune est du stade. Ces Iraniens-là étaient pour la plupart des résidents en Allemagne ou dans un pays d'Europe. Ce sont ces derniers qui ont fait le plus preuve d'imagination pour marquer leur préférence notamment avec une chevelure iroquoise (une perruque bien sûr) aux couleurs du pays: le vert, le blanc et le rouge. Les filles, certainement elles aussi résidentes en Europe ne se sont pas privées, quant à elles, pour se grimer le visage et mettre leurs sourcils, cils et même les lèvres au teint iranien à fond tricolore comme pour la chevelure citée plus haut. Par contre on a pu remarquer le ton plus mesuré de plusieurs délégations venant d'Iran avec des femmes portant le foulard sur la tête mais n'hésitant pas à chanter et à déployer le drapeau de leur pays. Tous ces Iraniens n'étaient peut- être pas du même bord sur le plan de l'idéologie politique mais s'agissant de leur équipe nationale, ils ont fait cause commune pour la soutenir. Pour ce qui est des Portugais, la consistance était moins criante même si les Lusitaniens ont mis le paquet sur de nombreux gadgets ou le grenat, la couleur du maillot national, prédominait. De toutes ces images, il y en a deux qui nous ont frappé plus que toutes les au-tres. La première nous a montré quatre supporters, deux Iraniens et deux Portugais, prendre des photos ensemble après le match pour immortaliser le souvenir. La seconde est cet Allemand accompagné de son fils, toujours dans le stade de Francfort. Son visage était peint aux couleurs allemandes, il était vêtud'un maillot portugais et tenait à la main un drapeau iranien. Il n'y a que le sport, le football en particulier pour unir les peuples.