L'université de Tizi Ouzou a, semble-t-il, désormais tourné le dos à la colère. L'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou montre, pour une fois, un visage serein et sa section du Cnes qui, dans le temps, était l'une des premières à monter au créneau et à porter les revendications, donne cette impression qu'elle a mis un bémol. Beaucoup applaudissent et certains s'étonnent ce qui en somme est normal. On a essayé de rencontrer aussi bien les uns et les autres et des membres de la section du Cnes mais le temps étant aux examens de synthèse, les rencontres sont pour le moins difficiles. De fait, mis à part le département de langue et de culture amazighesqui connaît des perturbations depuis le 8 mai pour des raisons pédagogiques, les étudiants étant arrivés à réclamer le départdesresponsablesdecedépartement, l'université travaille sérieusement. Rencontré, un enseignant, M.Tayeb Mohand Larbi, explique que «l'information faisant étatd'un possible épilogue à la crise entre enseignants et tutelle», une décision apparemment paraphée par le chef du gouvernement et ayant trait aux gros problèmes de salaire, de départ à la retraite et surtout de l'accès au logement, est un immense coup de «propagande». Selon ce syndicaliste qui insiste pour dire qu'il parle en son nom personnel: «Finalement je ne partage pas la décision de la section locale du Cnes qui, sans aller jusqu'à respecter le mot d'ordre de grève car Tizi Ouzou, a un immense retard eu égard aux divers mouvements qu'elle a connus, mais l'on aurait pu trouver un autre moyen pour signifier notre colère et ainsi ne pas donner l'impression de baisser les bras.» M.Tayeb se tait un moment puis reprend: «Vous savez, la tutelle a trouvé un bon moyen pour casser toute velléité de combat. Il y a ces fameuses vacations qui viennent chambouler tout. Un enseignant, qui grâce à ces vacations, arrive à se faire le double de son salaire est certainement peu pressé d'entamer une grève d'autant plus que les grèves signifient les vacations qui partent en fumée.» M.Khouas, l'ex-responsable national du Cnes et actuellement membre du conseil national contacté, dira: «Une réunion du bureau national se penche sur ces propositions de près et on verra bien après étude ce qu'il y aura lieu de faire, actuellement on a affaire à une dissidence et on essaie de régler sereinement tous ces problèmes. Finalement on a décidé de prendre acte des propositions et ensuite l'on avisera après application sur le terrain. Ce ne sera qu'à partir d'aujourd'hui (hier soir Ndlr) que l'on sera fixé. Personnellement j'en appelle à la sagesse de tous et je crois qu'il faut prendre acte des mesures annoncées et voir venir.» Le coordinateur local du Cnes n'a pu être joint malgré plusieurs tentatives. Un fait est sûr c'est que l'université de Tizi Ouzou a, semble-t-il, désormais tourné le dos à la colère et adopté une sorte de wait and see privilégiant les voies de la sagesse. Même si comme des enseignants le disent haut et fort «cela ne signifie pas que l'université est rangée». Des problèmes certes existent encore et en nombre, mais entre deux maux: rattraper le retard même si pédagogiquement cela se paie, comme explique un enseignant ou alors accentuer ce retard, le choix semble avoir été vite fait.