L´entraîneur des Aigles de Carthage estime que son équipe archidominée a bien joué. La Tunisie est aux portes de l'élimination de la Coupe du monde. Sa défaite consommée lundi soir à Stuttgart face à l´Espagne la place dans une situation des plus délicates. Il ne lui reste plus qu´un seul match à disputer contre l'Ukraine vendredi prochain et seule une victoire, ce jour-la lui ouvrirait l'accès aux huitièmes de finale. Il faut dire que les Tunisiens l'ont bien cherché. La stratégie adoptée face à la formation espagnole c'était la méthode «ou ça passe, ou ça casse». Eh bien ça s'est tout simplement cassée parce qu'à force de subir le jeu et la domination de l'adversaire on met sa tête sur le billot en espérant que le couperet ne tombe pas. Dans un stade Gottlieb Daimler de Stuttgart archicomble les choses ne pouvaient se passer autrement pour un onze tunisien qui a peut-être ouvert le score mais qui a été trop dominé par une sélection espagnole qui, pour l'instant, est la plus efficace du tournoi sur le plan offensif (7 buts inscrits) derrière l'Argen-tine (8 buts). Les «Aigles de Carthage» ont tout de même réussi à se maintenir en vol durant 71 minutes, c'est-à-dire jusqu'au moment où Raul est venu les placer face à la dure réalité qui fait que des professionnels sont, dans la majorité des cas, supérieurs à des amateurs. Et l'on ne pouvait situer le jeu tunisien qu'au niveau de l'amateurisme face à une sélection ibérique très en verve par les temps qui courent. Un fait résume à lui seul le scénario que l'on a eu sous les yeux lundi soir. Le meilleur joueur tunisien a été le gardien Ali Boumnidjel qui a peut-être pris trois buts (dont un sur penalty qu'il a bien failli arrêter) mais on peut, au bas mot, affirme qu'il en a sauvé plus du double. C'est dire que non seulement les Tunisiens ont été battus mais, en plus, ils ont évité de prendre une sévère leçon. Ce que ne semble pas partager comme avis Roger Lemerre, leur entraîneur, lequel en conférence de presse d'après match, estime que son équipe «a rendu une copie propre». Et d'ajouter: «à travers les 90 minutes qu'elle vient de jouer contre l'Espagne, cette équipe a les moyens d'aller loin. Le jeu qu'elle a développé en première mi-temps nous donne de l'espoir pour la suite même s'il s'agit de rencontrer l'Ukraine qui, elle aussi, vise la qualification». Prié de donner une explication à l'effondrement de son équipe en seconde mi-temps, Lemerre réfute cette appréciation. «Parler d'effondrement est faux, a-t-il répondu. La situation s'est renversée sur deux actions individuelles des Espagnols. Nous ne nous sommes jamais laissés déborder collectivement. C'est cela le football. Il y a des situations dans un match qui font qu'un score est renversé». A l'écouter on se demande s'il a vu le même match que la majorité des spectateurs. En tout cas nous n'avons pas trouvé un seul supporter tunisien en ville après le match qui ait défendu Lemerre. Il en est de même de nos confrères tunisiens qui, déjà avant le match, nous faisaient état de la «mauvaise stratégie de Lemerre». Ce dernier a une circonstance atténuante puisque s'il a placé le seul Jaziri en attaque c'est parce que Santos est blessé. Un Santos qu'il risque de ne pas récupérer pour le match contre l'Ukraine. «Si ce match devait avoir lieu ce soir, il ne pourrait pas le jouer», a-t-il dit à son sujet. Lemerre cherchera ensuite une échappatoire du genre: «nous disputons une Coupe du monde, le must des compétitions de football. C'est le très haut niveau. C'est pour moi le stade de l'excellence et cela requiert de l'effort, de la persévérance de la solidarité et du travail». Le Français a, en tout cas, trouvé du soutien chez son collègue espagnol Luis Aragones. «Aujourd'hui nous avons affronté une grande équipe de Tunisie façonnée par un grand technicien, Roger Lemerre. C'est à cause de lui que mon équipe n'a pas trouvé ses repères durant de longs moments». On a senti dans les propos de l'Espagnol comme une sorte de bouée de sauvetage pour les Aigles de Carthage alors que ces derniers ont bien failli, sans le talent de Boumnidjel, encaisser une défaite historique. «La Tunisie a réussi à nous mener au score et je vous avoue que cela a rendu mes joueurs nerveux, Cependant, à la mi-temps nous avons apporté des correctifs au dispositif mis en place avec la rentrée de Raul et celle de Fabregas, Surtout celle de Fabregas car c'est lui qui a contribué avec Xabi Alonso (élu meilleur joueur du match NDLR) à renverser la situation au milieu du terrain. Je pense que les trois buts que nous avons inscrits par la suite nous ne les avons pas volés». Prié de se prononcer sur l'adversaire qu'il souhaite rencontrer en 8e de finale, Aragones dira: «ce sera la Suisse, la Corée du Sud ou la France. Les trois ont leurs particularités et les trois sont de gros morceaux. Je n'ai vraiment aucune préférence».