A l'origine de cette décision, le retard énorme accusé dans le remboursement des créances de la Badr par l'Etat. Des centaines de projets d'investissement agricole initiés dans le cadre du Programme national de développement agricole (Pnda) sont bloqués au niveau national depuis six mois, nous confie une source proche de la Banque agricole et du développement rural (Badr). En effet, cette institution financière a suspendu l'opération d'octroi de crédit à l'investissement en janvier 2006. A l'origine de cette décision, le retard énorme accusé dans le remboursement des créances de la Badr par l'Etat, avance notre source. Explications: le financement de ces projets agricoles est triangulaire. Il se fait par trois sources, s'il s'agit de projets d'envergure, à savoir la banque, l'Etat qui fixe des taux de financement à 10% maximum ainsi que l'agriculteur. Mais, généralement le financement se fait par les deux premières parties, ajoute la même source. Une année après la réalisation du projet, les services de l'agriculture font un constat sur le terrain pour constater les résultats concrets du projet. Une opération à l'issue de laquelle une «attestation de service fait» est délivrée. Sur la base de cette même attestation, la Badr se fait rembourser par l'Etat, représenté bien évidemment par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural. «Cependant, certains services de l'agriculture traînent et mettent du temps pour effectuer cette opération. Ce retard monstre fait que la banque n'arrive pas à recouvrer les créances auprès de l'Etat. Raison pour laquelle le financement est suspendu pour le moment au niveau de la Badr», indique notre source qui avoue que la banque n'a plus les moyens pour continuer à activer dans cette situation. Toutefois, elle avance que la suspension de cette opération sera forcément levée à la prochaine rentrée sociale. Il faut rappeler que la situation interne de la Badr a été caractérisée par une contestation du syndicat d'entreprise des cadres travailleurs qui avait accusé justement l'ancien P-DG de «bloquer les crédits». Le plan de relance de l'investissement dans le secteur de l'agriculture est ainsi contrarié par des «obstacles bureaucratiques» pour la prise en charge des projets. Cette situation de tension fait plonger, aujourd'hui, cette institution financière dans une situation très «difficile» au moment où l'on parle du renforcement de la stabilité et de la rentabilité des banques, principal objectif de la réforme. Parmi les démarches engagées également dans ce processus, le recentrage des banques sur leur métier de base, une décision prise, l'année dernière, par le ministère des Finances. La Badr s'est vu confier le financement du secteur agricole, agroalimentaire, de la pêche et de l'aquaculture. Elle a ainsi cessé toute opération qui ne relève pas de son secteur et s'est attelée à identifier les clients pouvant rester dans ses portefeuilles. Une démarche visant exclusivement le développement et la promotion de l'investissement du monde agricole et para-agricole. Néanmoins, le «blocage» d'un nombre important de projets agricoles à l'échelle nationale va à contre-courant des objectifs tracés. Il s'avère qu'en fin de compte, la décision du gouvernement, censée booster le développement dans ce secteur, n'était pas «raisonnable». La spécialisation de la Badr a réduit considérablement ses clients et «lui a fait perdre plus de 80% de ses activités». Rien ne va plus donc au sein de cette institution qui a pourtant réalisé des chiffres extrêmement positifs ces cinq dernières années. Preuve en est que durant cette période, 3,5 milliards de dollars, soit 256 milliards de dinars ont été consentis par la Badr, générant par le financement de 75.000 projets pas moins de 290.000 emplois. 40% des projets de l'Ansej ont été financés par cette banque. Il faut dire que cette situation n'a pas laissé les pouvoirs publics sans réaction. Le ministre des Finances, Mourad Medelci, avait instruit le P-DG de la Badr, M.Djebbar nouvellement installé à la tête de cette institution, d'établir une étude détaillée sur le bilan de la banque depuis la mise en oeuvre de la nouvelle réglementation, et évaluer par là même l'impact de la décision de sa spécialisation dans le secteur agricole. Certaines sources parlent même de l'éventuelle levée de cette décision.