Le nombre d'entreprises activant dans le domaine de la gestion et de la valorisation des déchets a triplé en trois ans. En 2019 elles n'étaient qu'à 4 080 entreprises créées dans le domaine seulement. Leur nombre s'élève, actuellement, à 14 000. C'est ce qu'a fait savoir Akila Boudraâ, cheffe de département des déchets ménagers à l'Agence nationale des déchets (AND). Ce «bond qualitatif» dans le nombre des entreprises spécialisées dans la valorisation des déchets (enregistrées au niveau du Centre national du registre du commerce) renseigne sur la ''forte demande '' que connaît l'économie circulaire de la part des jeunes investisseurs et des innovants, selon les déclarations de la responsable à l'AND. Elle intervenait lors d'une journée d'étude organisée avant-hier sur le soutien apporté par les incubateurs en faveur des start-up activant dans le domaine de la valorisation des déchets. Le domaine connaît un engouement réel et apparaît comme une approche prometteuse. Une étude réalisée l'année dernière par l'Agence nationale des déchets (AND) estime que la valeur marchande potentielle du gisement des déchets recyclables pourrait atteindre environ 151 milliards de DA par an, ce qui montre l'importance de l'économie verte et ses capacités en Algérie, précise Akila Boudraâ. La valeur marchande des matériaux valorisables au niveau national s'élevait en 2020 à 92 milliards de DA. Toutefois, la cadence du recyclage reste faible comparée aux importantes quantités de déchets produites. Akila Boudraâ a expliqué, dans ce cadre, que «l'AND a développé une banque de données des opérateurs économiques activant dans le domaine de l'économie verte au niveau national, notamment en ce qui concerne la valorisation et le recyclage des déchets». «Cette base de données couvre 39 wilayas sur 58», a poursuivi la même responsable. Cela avant d'ajouter que «80% des déchets ménagers en Algérie sont recyclables, mais la quantité récupérée actuellement ne dépasse pas 1%, ce qui appelle à encourager cette activité par davantage de facilitations et d'incitations». Poursuivant, la responsable a souligné que «le ministère de l'Environnement travaille d'arrache-pied, à travers l'AND, pour lever tous les obstacles qui entravent les entreprises activant dans ce domaine, en particulier ceux liés à la recherche d'un site pour déposer les déchets destinés au recyclage, le problème du marché parallèle, le problème du foncier et de la main-d'oeuvre, ainsi que le manque de financement et de licences d'exploitation». Si on parvient à amorcer ce pas, cela permettrait à l'Algérie d'économiser des milliards de dinars dépensés actuellement dans l'enfouissement. La cheffe de département des déchets ménagers dira dans ce sens que «si les déchets ménagers venaient à être totalement valorisés, le coût de l'enfouissement devrait baisser à 2,4 milliards de DA avec l'allongement de la durée de vie des tranchées utilisées à cette fin à 23 ans», selon la responsable. Si la situation reste inchangée, elle entraînera inévitablement une augmentation substantielle des déchets destinés à l'enfouissement. La quantité des déchets ménagers et assimilés (DMA) en Algérie, estimée à 13 millions de tonnes en 2018, devra dépasser les 20 millions de tonnes en 2035, selon une étude réalisée l'année dernière par le ministère de l'Environnement. La récupération et la valorisation des déchets ménagers seraient à même de créer des milliers de postes d'emploi. Une étude réalisée par l'AND en 2021 souligne que «les déchets ménagers issus des bouteilles des boissons gazeuses et des eaux minérales représentent 4% des déchets ménagers, soit 470.000 tonnes/an, et la valorisation de ce type de plastique pourrait créer 7.600 postes d'emploi directs/an».