Photo : S. Zoheïr Par Billal Larbi En cette année 2010, parler du sport en Algérie conduit indubitablement à parler des compétitions internationales auxquelles notre pays prendra part. Evoquer les activités sportives de notre pays durant ce laps de temps sans y faire allusion serait inconcevable. Il s'agit bien évidemment de la Coupe d'Afrique des nations et de la Coupe du monde, lesquelles verront la participation de notre équipe nationale de football. La ferveur et la liesse qu'a suscitées la qualification de cette dernière à ces compétitions est unique dans les annales du pays. Toute la société a été galvanisée suite notamment à la victoire algérienne face à l'Egypte pour le compte des éliminatoires de la Coupe du monde qui doit se dérouler en Afrique du sud l'été prochain. Jamais une compétition sportive n'aura déchaîné autant de passions. Au-delà de l'aspect purement sportif à la faveur duquel notre pays a retrouvé sa place (footballistiquement parlant) dans le gotha des nations (pour la première fois de son histoire, l'Algérie a été classée à la 28e position au niveau mondial par la FIFA), cette qualification a réconcilié tout un peuple avec son équipe et avec son sport favori. On le savait depuis belle lurette : chez nous, le football est un phénomène social. C'est un véritable culte qui ne laisse personne indifférent. Il faut dire que les circonstances exceptionnelles qui ont entouré l'empoignade algéro-égyptienne du Caire (les images montrant Halliche, Lemmouchia et Saïfi blessés ont choqué plus d'un, exacerbant la colère des uns et des autres) ont redoublé l'ardeur des fans du «club Algérie», particulièrement les jeunes, à telle enseigne que le match d'appui était perçu comme une véritable guerre. Les supporters algériens, comme tout un chacun a eu la latitude de le constater, dans le but de se rendre à Khartoum voir le match de plus près, n'hésitaient pas à vendre les objets les plus précieux dont ils disposaient. La suite, on la connaît : l'EN a pu de manière fort brillante se qualifier à la compétition la plus prestigieuse du monde après une absence qui aura tout de même duré 24 longues années, soit depuis le Mondial mexicain de 1986! En attendant la Coupe du monde, place à la Coupe d'Afrique des nations, laquelle débutera dans une semaine. Ces dernières années, cette compétition a acquis une grande aura. De grands joueurs évoluant dans les championnats européens les plus huppés y prennent part. Comme à l'accoutumée, les Coupes d'Afrique qui précèdent le déroulement de la Coupe du monde revêtent un intérêt particulier. Elles constituent le point de mire de nombreux techniciens de par le monde. Pour notre équipe nationale, qui n'a pas pris part, rappelons-le, aux deux dernières éditions (Egypte en 2006 et Ghana en 2008), et près de deux mois après les événements d'Egypte, le recul nécessaire semble avoir été pris par les joueurs : tout le monde a mis l'événements aux oubliettes. Pour certains, ces évènements n'ont fait que ressouder davantage les liens entre joueurs. Au sujet de cette compétition, et pour l'homme de la rue, les déclarations de Rabah Saadane, selon lesquelles l'équipe algérienne de football a atteint et même dépassé ses objectifs (en se qualifiant à la Coupe d'Afrique et à la Coupe du monde, ndlr), ne veulent presque rien dire et qu'elles n'ont été annoncées que dans un contexte précis. Pour eux, si Raouraoua a promis 250 000 euros aux joueurs au cas où ces derniers remportaient la coupe d'Afrique n'a été fait que dans le but de les galvaniser davantage. La promesse du patron de la FAF est révélatrice de la volonté du pouvoir à fructifier les récentes victoires de l'equipe nationale et d'inclure ces dernières dans le chapitre renvoyant à l'Algérie qui gagne. Il est en effet aisé d'imaginer les répercussions (sportives et politiques) d'une victoire finale de l'Algérie en Coupe d'Afrique des nations. C'est sans doute pour cette raison que le pouvoir politique a mis le paquet, renvoyant à la baisse le prix du billet d'avion Alger-Luanda, lequel, par le miracle de la subvention, est passé de 135 000 à 60 000 D.A. En tout cas, et quelle que soit l'issue finale de cette Coupe d'Afrique, il ne fera pas de doute que cette compétition sera l'occasion pour l'entraîneur national d'affiner la sélection qu'il entend aligner au Mondial, où il évoluera dans le groupe C avec les Etats-Unis, l'Angleterre et la Slovénie. Certains observateurs estiment que cette équipe nationale a des faiblesses dans le jeu collectif. C'est une équipe courageuse qui joue avec le cœur. Il y a des joueurs de qualité mais il y a une grande marge de progression dans la tenue du ballon. Certains joueurs sont peut-être encore un peu naïfs sur certains points : ils manquent d'expérience. Et comme la transition semble toute faite, l'équipe nationale, en vue de la meilleure préparation possible du prochain mondial, jouera un certain nombre de matchs amicaux. Le premier d'entre eux aura lieu au mois de mars prochain face à la Serbie. L'équipe serbe a été choisie pour ses caractéristiques similaires à l'équipe de Slovénie et sera un premier test pour les coéquipiers de Karim Ziani. Difficile, c'est le moins que l'on puisse dire pour ce groupe, d'autant que l'Algérie y croisera le fer avec l'Angleterre de Steven Gerrard, Lampard, Thierry, David Beckham, Cole, Ferdinand et autre Walcott. Contrairement à la presse anglaise (l'une des plus virulentes au monde), Capello, l'entraîneur de l'équipe anglaise, estime que l'Algérie est une équipe redoutable qu'il ne faut surtout pas sous estimer. Là aussi, le spectacle et la passion sont garantis. Il reste à savoir comment fructifier cette dynamique provoquée par les succès de l'EN dans la relance du sport national et du football en particulier. Pour ce dernier, et à l'heure où tout le monde parle de sa professionnalisation, il est plus qu'urgent de joindre les paroles aux actes afin que ce terme ne reste pas un vain mot.