Largement sexagénaires, les chefs militaires actuels seront vite remplacés par la nouvelle génération d'officiers «technocrates» et non politisés. Les officiers généraux Hacène Tafer, commandant des forces terrestres, Abdelghani Malti, commandant de l'Académie militaire interarmes (Amia) de Cherchell, Malek Nessib, commandant des forces navales et le général-major Mohamed Baâziz, commandant des forces de défense aérienne du territoire, principaux lieutenants du chef d'état-major, Ahmed Gaïd Salah, ont eu fort à faire, jeudi, avec les diverses sorties des promotions 2006 dans les principales casernes militaires du pays. Précédant d'une semaine les traditionnelles sorties de promotions et les festivités militaires du début de juillet de chaque année, les promos 2006 ont concerné l'infanterie, les Forces navales et les Forces aériennes. C'est le général-major, Hassan Tafer, commandant des forces terrestres, qui a présidé à l'Ecole d'application de l'infanterie (EAI) de Sidi Yahia, à Cherchell, la cérémonie de sortie de sept promotions d'élèves officiers. Le général Malti Abdelghani, commandant de l'Académie militaire interarmes (Amia) de Cherchell, qui avait remplacé, il y a un peu plus d'une année, le général Abdelhamid Addou à la tête de la prestigieuse académie, ainsi que de nombreux officiers supérieurs, ont assisté à cette cérémonie, au cours de laquelle le général- major Tafer a passé en revue les carrés des stagiaires de cette école et a procédé à la remise des diplômes et des grades aux majors des sept promotions sortantes. Ces promotions sont celles de la 26e des officiers de perfectionnement, la 11e des officiers d'application, les 6e et 7e du «BMP1 et 2» de l'état-major, la 9e et la 17e du «BMP1 et BMP2», et enfin la 11e du «CMP2». Le général-major Tafer a clôturé cette cérémonie par l'inauguration de l'exposition «portes ouvertes sur l'EAI» qui a offert aux visiteurs et invités présents une panoplie de matériels et d'engins militaires utilisés par les forces de l'infanterie dont certains sont de haute technologie, le tout fait dans le sillage d'une stratégie de rapprocher la Grande Muette des citoyens. De son côté, le général Malek Nessib, commandant des Forces navales, a présidé à l'Ecole supérieure navale de Tamenfoust, une cérémonie de sortie de cinq promotions. Il s'agit de la 14e promotion des officiers du cours d'état- major (CEM), de la 14e promotion des officiers du cours de perfectionnement (CPO), de la 20e promotion des officiers de la formation fondamentale (FF) et de deux promotions du cours de perfectionnement des sous officiers (BMP1 et 2). Le commandant de l'Ecole, le colonel Mahfoud Benmedah, dira dans son discours l'importance de cet établissement «en tant que pôle scientifique et culturel au sein de l'ANP, et qui se propulse vers le professionnalisme» et fera l'éloge de cette école qui a opté «pour le développement et la modernisation de tous les moyens et équipements pédagogiques afin de rallier le monde des nouvelles technologies et du développement dans le domaine naval». Il a précisé que la formation dispensée a permis aux élèves de «bénéficier de connaissances scientifiques et techniques leur permettant de s'intégrer dans le modernisme et le professionnalisme». Enfin, le commandant des forces de défense aérienne du territoire, le général-major Mohamed Baâziz, a présidé, à l'Ecole supérieure de la défense aérienne du territoire (Esdat) de Reghaïa, la cérémonie de sortie de la 28e promotion d'officiers d'active dans différentes spécialités, et de remise des diplômes aux étudiants de la troisième et quatrième années. La promotion sortante baptisée du nom de Bounaâma Djillali dit «Si Mohamed Bounaâma», est composée d'officiers d'état-major, d'officiers de maîtrise et d'officiers d'active, dont deux étudiants de Palestine et de la République du Congo qui figurent parmi les diplômés. Des diplômes ont été remis aux étudiants de la troisième et quatrième années de l'aviation civile et de navigation aérienne, notamment. Après l'inspection des promotions par le général-major Mohamed Baâziz, le commandant de l'école, le colonel Mohamed Nadjib Benslama, a insisté dans son allocution sur «l'importance de promouvoir la formation au profit des étudiants de l'école, conformément aux développements scientifiques dans le monde afin d'acquérir les compétences et d'atteindre le professionnalisme». Le commandant de l'école a évoqué les efforts déployés pour dispenser aux étudiants une formation scientifique et militaire moderne, notamment, en matière de défense aérienne, appelant les officiers sortants à «la rigueur, à la vigilance et à accorder un intérêt croissant aux développements technologiques dans le domaine». Donc, autant à Cherchell, à Réghaïa qu'à Tamenfoust, la professionnalisation de l'armée, l'acquisition des technologies et les nouvelles exigences militaires ont été l'axe central du discours des chefs de l'armée. Le pari de Bouteflika a été de pousser l'ANP vers des missions qui ne lui laissent pas le temps ni la vocation de parler politique. Le retrait subit de l'armée de la vie politique, et qui se complètera d'ici à l'horizon 2010, si le cap reste maintenu sur les mêmes objectifs, l'a contraint à poursuivre, avec toute la mobilisation et la rapidité possibles, son évolution vers la professionnalisation et la spécialisation. D'autant plus que le président de la République semble l'avoir définitivement amarrée aux Forces militaires comme l'Otan et les Etats-Unis. Un agenda des plus condensés, des exercices militaires à longueur d'année, les contacts incessants et les manoeuvres opérés avec les armées étrangères (« Active Endeavour», Opération Flintlock,etc.) ne lui laissent, en fait, aucun moment pour penser à autre chose. Le programme concocté avec les forces militaires étrangères, et entrant dans un cadre d'échange bilatéral ou multilatéral, fait que ce sont les jeunes générations issues de l'ANP, qui vont mener à terme le processus engagé au sein de l'armée en vue de sa refonte et de sa professionnalisation définitive. Largement sexagénaires, les chefs militaires actuels seront vite remplacés par la nouvelle génération d'officiers «technocrates» et non politisés. La génération ALN est aujourd'hui doublement handicapée: d'un côté, les engagements de l'Algérie vis-à-vis des partenaires étrangers sollicitent plus les nouveaux officiers technocrates et qui pourront intervenir tout au long du processus à venir. D'un autre côté, les nouvelles règles de conduite au sein de l'institution militaire ont défini les limites d'âge pour chaque grade, de sorte que les officiers «retraitables» seront très nombreux ce 5 juillet.