Le sacrifice de l'Aïd risque d'être plutôt un calvaire! Les prix des moutons sont en train d'atteindre des records au niveau des marchés à bestiaux. Sur les chaînes de télévision privées ou les réseaux sociaux, on a pu voir des moutons être cédés à plus de 100 000 dinars! Pis encore, ces marchés à bestiaux prennent l'allure de ceux de véhicules d'occasion. On a droit aux longues négociations avec le fameux «mazal baaide» (le prix est encore trop bas, ndlr). Une situation qui n'annonce rien de bon à un mois et demi de l'Aïd El Adha. À pareille époque, les prix demeurent habituellement bas avant de connaître une grosse flambée les dix derniers jours qui précédent cette fête religieuse. Cette année, le mouton s'est vu «pousser des ailes» précocement. Est-ce juste une phase de transition? Le mouton va-t-il redescendre sur terre? La Fédération nationale des éleveurs de bétail écarte cette possibilité. Son vice-président, Brahim Amrani, explique que cette hausse était attendue au vu de la conjoncture actuelle «Cela compte tenu de la faible pluviométrie de cette année ainsi que les prix élevés des aliments de bétail», a-t-il expliqué soulignant même que le fourrage est de plus en plus rare. «Ce qui risque de pousser encore les prix vers le haut», a-t-il attesté. Brahim Amrani soutient que le prix du quintal des aliments pour bétail est passé de 3 000 dinars à 5 800 dinars. «Avec la crise ukrainienne, ils risquent d'être de plus en plus rares», poursuit-il arguant que la sécheresse qui frappe le pays n'a pas arrangé les choses. «Puisque les éleveurs sont obligés de ne compter que sur l'aliment de bétail pour nourrir leurs bêtes», assure t-il. Face à cette situation, le ministre du Commerce a trouvé une solution qui, le moins que l'on puisse dire, est originale! Il propose de reconduire le concept des marchés de la Rahma qui a échoué pendant le «Ramadhan» pour l'adapter aux... moutons. En effet, Kamel Rezig a instruit les cadres de son secteur, à différents niveaux, à l'effet d'organiser des marchés de la Rahma dédiés à la vente de bétail, en prévision de l'Aïd El Adha. «Le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, Kamel Rezig, a présidé, jeudi, une réunion de coordination en visioconférence, en présence des cadres centraux du ministère, des directeurs du commerce régionaux et de wilaya, au cours de laquelle il a donné des instructions pour l'ouverture et l'organisation de marchés de la Rahma à travers le territoire national dédiés à la vente de bétail en coordination avec les services concernés en prévision de l'Aïd El Adha», assure t-il dans un communiqué. Il a également donné instruction pour l'ouverture de marchés similaires pour la vente de fournitures scolaires à des prix concurrentiels et ce sous la supervision des walis. Aussi, le ministre a ordonné aux directeurs du commerce de renforcer le contrôle des locaux commerciaux et d'intensifier les visites sur le terrain en mobilisant tous les moyens pour mettre fin aux pratiques commerciales douteuses, préjudiciables à la santé du citoyen, conclut le communiqué. On nage donc en plein délire. On nous ressort là recette qui a montré ses limites durant le mois sacré pour la «revendre» aux citoyens comme une solution miracle pour un secteur aussi anarchique que celui du bétail. Sérieusement, le ministère pense t-il vraiment que ces marchés sont la solution au problème alors que la plupart des moutons de l'Aïd se vendent, au noir, sur le bord des routes ou dans des entrepôts clandestins? Au-delà des problèmes identifiés par la Fédération nationale des éleveurs, il y a la spéculation. Des «saisonniers» adoptent chaque année à pareille période le métier de vendeur de moutons faisant grimper les prix pour se remplir les poches!Ils n'ont pas de «Rahma» et n'ont qu'a faire des marchés de la «Rahma». L'Aïd El Adha risque donc d'être très chaud...