Il crie contre la montée des islamo-conservateurs. La révision de la Constitution n'est pas du tout du goût du mouvement de l'Union pour la démocratie et la République (UDR). Lors de la 5e session ordinaire de son conseil national, tenu jeudi au siège de l'Ugta, le secrétaire général, Amara Benyounès s'est exprimé, à son tour, sur ce sujet qui occupe le devant de la scène politique nationale. Contrairement à d'autres courants politiques qui soutiennent l'initiative de Belkhadem, l'UDR pense que «la révision de la Constitution n'est pas une urgence de l'heure». Même si la Constitution actuelle est lacunaire, précise t-il, ce n'est guère le moment propice pour passer à son amendement. «J'ai personnellement boycotté la Constitution de 1996, mais je suis contre sa révision puisqu' elle ne pose pas de problème», a déclaré Benyounès d'un air convaincu. Pour lui, il y a d'autres préoccupations d'ordre économique et social plus importantes qu'il faut régler d'abord avant de plonger dans une aventure constitutionnelle qui risque de noyer le pays dans un tourbillon infernal de consultations électorales. L'ex-ministre des Travaux publics ne croit plus à cette histoire de prérogatives avancée par le chef du gouvernement pour justifier l'utilité d'amender la loi fondamentale. Selon Benyounès, le problème ne se pose pas dans les lois, poursuit-il, mais plutôt dans le respect des lois. Sur ce point, justement, Benyounès n'a pas omis de rappeler, à cet effet, que le courant qui appelle à la révision de la Constitution a violé deux fois la Constitution en une semaine, et ce, en empêchant Ouyahia de présenter son bilan à l'APN, et le refus de Belkhadem de présenter son programme politique devant la même institution. Benyounès s'est beaucoup attardé sur cet événement en affirmant en toute franchise: «Nous ne sommes pas contents de l'arrivée d'un islamo-conservateur à la tête du gouvernement». Ce dernier affirme que, même s'il n'a aucun problème sur le plan relationnel avec la personne du chef du gouvernement, sur le plan politique, il considère sa désignation comme une menace pour le camp démocrate. «Il ne faut pas que la défaite militaire soit une victoire pour les islamistes», prévient-il encore une fois. Dans ce contexte, il dira que l'Alliance présidentielle entre les trois membres n'existe plus aujourd'hui et qu'une autre alliance se dessine entre le MSP et le FLN. Tout en évoquant la programmation de la langue française en troisième année, il dira «il y a un véritable complot pour saboter la réforme éducative par les islamo-conservateurs». Le porte-parole conteste la proposition de Belkhadem portant sur l'approfondissement de la réconciliation nationale. Il rappelle qu'il reste deux mois seulement avant l'expiration du délai fixé pour les redditions. Enfin, et sur le sujet phare de la Constitution, le parti de l'UDR préfère, pour le moment, observer le silence et attendre que le chef de l'Etat se prononce personnellement sur ce sujet. «Nous avons toujours soutenu le président de la République dans ses démarches», a rappelé le porte-parole avant de conclure.