Les Français sont convoqués demain pour élire leurs députés, des élections qui se dérouleront sous haute sécurité avec les 50 000 policiers et gendarmes déployés pour ce scrutin et secondés par des militaires. La particularité de ces élections, qui se tiennent à un mois de la victoire d'Emmanuel Macron à la présidence de la République, est qu'elles se déroulent dans un contexte très spécial avec la faiblesse inédite des partis politiques classiques (droite et gauche) et l'omniprésente menace terroriste. Ces élections sont également particulières du fait de l'entrée en vigueur de la loi sur le non-cumul des mandats qui interdit à un député d'exercer des fonctions exécutives comme celles de maire ou adjoint, président ou vice-président de conseil régional ou départemental. Après la victoire du leader du mouvement En Marche !, devenu par la suite La République en Marche !, la vie politique française connaît une véritable décomposition favorable au mouvement d'Emmanuel Macron, né il y a un an, dont les sondages estiment qu'il va triompher pour obtenir ainsi une majorité à l'Assemblée. La situation des partis dits classiques, qui ont gouverné tour à tour la France ces dernières décennies, est peu reluisante après le déboire électoral de la présidence et les scandales qui les ont ébranlés depuis la fin de l'année 2016. Le parti Les Républicains (LR, droite) est fracturé après la nomination d'Edouard Philippe (LR) Premier ministre de Macron, tandis que le Parti socialiste (PS, gauche) est en plein décomposition, le Front national (FN, extrême droite) de Marine Le Pen et le mouvement La France insoumise (FI, gauche) de Jean-Luc Mélenchon doivent, pour leur part, confirmer les résultats remportés lors de la présidentielle. Marine Le Pen a perdu au deuxième tour la présidentielle face à Emmanuel Macron, alors que Jean-Luc Mélenchon s'est classé 4e au premier tour derrière François Fillon (LR), rappelle-t-on. Au total, 7877 candidats vont se disputer au premier tour dans 577 circonscriptions. Le deuxième tour est prévu une semaine après, le 18 juin. Parmi les candidats, âgés en moyenne de 48 ans et demi, un peu plus de 42% sont des femmes. Afin de garantir le bon déroulement de ces élections, le dispositif de sécurisation qui avait été mis en place à l'occasion de l'élection présidentielle sera reconduit. Au total, 50 000 policiers et gendarmes, auxquels s'ajouteront les militaires de l'opération Sentinelle, seront engagés pour assurer la sécurisation de près de 67 000 bureaux de vote. Les derniers sondages placent le mouvement de Macron en pôle position qui pourrait remporter plus de 300 sièges, la majorité absolue étant à 289 sièges. Ce qui conduira à une autre recomposition du gouvernement appelé à mettre en œuvre les réformes promises par le nouveau président qui veut également se débarrasser, par un souci de moraliser la vie politique, de ministres gênants, à l'image du ministre de la Cohésion des territoires, Richard Ferrand, soupçonné d'avoir fait bénéficier sa compagne dans une opération immobilière. Mais des politiques redoutent, en cas de victoire de La République en Marche !, pourtant alliée au MoDem (centre-droite), qu'un jeune président, sans expérience, gouverne seul, notamment dans une situation de crise qui a donné naissance à une décomposition de la classe politique. On pense également que l'équilibre des pouvoirs reste l'enjeu majeur de ces élections législatives craignant, avec une majorité présidentielle pour Macron, une sorte de parti unique qui va s'installer.