Premiers électeurs à se rendre aux urnes pour les élections législatives 2022, les Français de l'étranger, près d'un million et demi inscrits sur les listes électorales, ont majoritairement porté leur choix sur le parti du président réélu, Emmanuel Macron, arrivé en tête dimanche soir au premier tour du scrutin. Exception qui confirme la règle, l'ancien Premier ministre du président François Hollande, Manuel Valls, a été pour sa part éliminé par l'alliance de gauche qui s'est qualifiée sur presque la totalité des circonscriptions (10 sur 11). À travers le verdict de ce rendez-vous électoral décisif pour la suite du quinquennat, c'est la composante même de la future Assemblée nationale, chambre basse du Parlement, qui est en jeu. 577 députés doivent y être portés par un électorat dont la grande incertitude a trait au taux d'abstention qui risque, là encore, d'atteindre un nouveau record. Les 12 et 19 juin prochains, les Français dans leur ensemble seront appelés à trancher. Le président Macron a bon espoir de voir confirmer les prévisions des derniers sondages qui donnent son camp gagnant mais une surprise du dernier quart d'heure n'est nullement à écarter, pour peu qu'une frange des abstentionnistes ne se décide à aller aux urnes, au tout dernier moment. Autre incertitude tout aussi pesante, le poids réel des Gilets jaunes qui ont averti à plusieurs reprises que leur choix sera de sanctionner une politique «antisociale» tout au long du mandat écoulé. Le fait est que la victoire de Macron, le 24 avril dernier, a résonné davantage comme un paravent contre la montée en puissance de la candidate de l'extrême droite, Marine Le Pen, que comme un réel plébiscite du candidat libéral lui-même. De cela, il a été pleinement conscient et il a promis «une autre politique» durant ce second mandat, avec la prise en charge des attentes sociales du pays, notamment la douloureuse question du pouvoir d'achat que la crise en Ukraine a encore aggravée. Manuel Valls n'a pas attendu les résultats officiels pour déclarer sur Twitter que «si la dissidence et la division ont semé la confusion, je ne peux pas ignorer mon score et le fait que ma candidature n'a pas convaincu». Barré par le député sortant et candidat dissident de la France insoumise, arrivé deuxième derrière le candidat de la nouvelle Union de la gauche, récolte les fruits d'une trajectoire politique biaisée et sujette à de multiples zigzags. «Il m'appartient lucidement d'en tirer les conséquences. La vie est suffisamment belle pour tourner tranquillement les pages», a joyeusement constaté celui dont la énième candidature a semé le trouble général, au sortir «sain et sauf» de ce rendez-vous aussi cuisant que le fut celui de la mairie de Barcelone. L'amertume étant masquée, il a ainsi appelé, en bon «socialiste», à «faire barrage», au second tour, au candidat de l'alliance de gauche, la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), arrivé en tête dans la 5e circonscription des Français de l'étranger, incluant l'Espagne, le Portugal, Monaco et Andorre avec environ 120 000 électeurs inscrits. Macron et sa formation centriste «relookée» doit tenir compte, justement, de l'élan de cette alliance de la gauche sous la bannière de Jean-Luc Mélenchon qui ambitionne de faire de ces législatives un «troisième tour de la présidentielle» et d'arracher, avec les écologistes, les communistes, les socialistes et sa propre formation, une cohabitation de haute voltige.